Pour éviter les répercussions de la crise libyenne: L’Algérie envisage une nouvelle approche sécuritaire

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Conscient de la gravité de la situation sur nos frontières avec les pays voisins, notamment la crise en Libye, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune ne cesse de multiplier les efforts pour que ce pays retrouve sa stabilité et sa quiétude et épargner ainsi les frontières de notre pays les conséquences qui pourraient être désastreuses.

C’est dans ces sens que le chef de l’Etat a présidé, hier, une réunion du Haut conseil de sécurité, la seconde du genre depuis son investiture, ce qui dénote tout l’intérêt accordé à ce volet, mais aussi l’approche sécuritaire que l’Algérie envisage d’entreprendre dans la sécurisation de ses frontières à la lumière des répercussions que pourraient engendrer les conflits et les crises dans les pays voisins. A ce propos, le Haut conseil de sécurité a décidé d’une batterie de mesures à prendre pour la protection de nos frontières et notre territoire national et la redynamisation du rôle de l’Algérie au plan international, particulièrement en ce qui concerne ces deux dossiers, et de manière générale dans le Sahel, la région saharienne et l’Afrique. Cette approche a été déjà développée par le Président Tebboune lors de sa participation à la Conférence de Berlin sur la Libye où il a réitéré son appel à la communauté internationale d’assumer sa responsabilité en matière de respect de la paix et de la sécurité dans ce pays, affirmant que l’Algérie refuse toute atteinte à son intégrité nationale et à la souveraineté de ses institutions. Après avoir souligné que la région avait besoin d’une stabilité fondée sur la sécurité commune, il a réitéré l’attachement de l’Algérie au maintien de la région loin des ingérences étrangères, assurant que la sécurité de la Libye est le prolongement de «notre propre sécurité et le meilleur moyen de préserver notre sécurité régionale reste la coopération et l’entraide avec nos voisins pour faire face au terrorisme et à l’extrémisme».

A cet égard, le président de la République avait rappelé les efforts que l’Algérie n’a eu de cesse de déployer pour inciter les parties libyennes à adhérer au processus de dialogue, parrainé par les Nations unies et accompagné par l’Union africaine en vue de former un gouvernement d’entente nationale apte à gérer la transition et la réédification des institutions de l’Etat libyen pour relever les défis qui se posent au peuple libyen. L’Algérie a participé activement à divers niveaux à tous les efforts en faveur d’une solution politique à la crise libyenne, a-t-il encore soutenu, citant, dans ce cadre, son initiative, en mai 2014, pour la création du mécanisme des pays voisins de la Libye, qui a tenu sa première réunion à Alger, ainsi que les différentes cycles de dialogue qu’elle a abritées depuis mars 2015 entre les dirigeants des partis politiques libyens dans le cadre des processus de dialogue, supervisés par l’ONU. Mettant en avant la position équidistante de l’Algérie dans le conflit, il a évoqué ses efforts pour le rapprochement des vues et l’établissement de passerelles de communication avec tous les acteurs en plus de ses appels incessants à faire prévaloir la sagesse et à favoriser le processus pacifique pour le règlement de la crise, option qui demeure la seule à même de garantir l’unité du peuple libyen et le respect de sa souveraineté, loin de toute ingérence étrangère, a-t-il affirmé.

Pour ainsi dire, Tebboune veut redynamiser le rôle de la diplomatie algérienne parallèlement aux efforts que les forces de l’ANP sont en train de déployer pour sécuriser nos frontières. Ceci d’autant que l’Algérie est devenue un exemple à suivre dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et en matière de maîtrise totale de la sécurisation de ses frontières contre tous les dangers et toutes menaces d’où qu’elles viennent et ce, conformément à la stratégie globale et intégrée adoptée. Récemment, le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, avait indiqué, au sujet de la crise en Libye, que l’action militaire ne pourra guère aboutir à la résolution de cet conflit, soulignant que «seule une solution politique négociée et acceptée par l’ensemble des protagonistes est à même de rétablir la paix dans ce pays». Il a ajouté qu’il appartenait dès lors aux Libyens d’engager dans les meilleurs délais, un processus inclusif de réconciliation nationale, comme cadre indispensable devant mettre un terme à la division et aboutir à l’objectif ultime de l’organisation d’élections transparentes sous l’égide de l’Union africaine et de l’ONU. Boukadoum avait soutenu que la tenue de ces élections, dont les résultats devraient être respectés par toutes les parties prenantes, «contribuerait à l’instauration d’un climat de confiance et à la mise en place d’institutions gouvernementales démocratiques pérennes, dont une armée nationale unifiée et seule responsable d’assurer la sécurité du pays». Il avait, par la même occasion, rappelé que «l’Algérie qui a toujours encouragé les frères libyens à s’engager sur la voie du dialogue inclusif et de l’entente nationale, est convaincue que les parties libyennes sauront faire montre de sagesse pour dépasser leurs différences et faire prévaloir les intérêts nationaux suprêmes». Il a également fait remarquer que l’Algérie avait condamné avec la plus grande force l’attaque ayant ciblé un centre d’hébergement de migrants et a appelé à «situer les responsabilités et à identifier les auteurs de ce crime abject». Il avait, en outre, relevé que la situation des migrants africains en Libye est intrinsèquement liée à la crise majeure que connaît ce pays depuis 2011, soulignant «la nécessité d’un retour sans délai au processus de dialogue inclusif entre l’ensemble des parties libyennes afin de parvenir à une solution consensuelle de ce conflit qui n’a que trop duré». Boukadoum avait observé que la situation sécuritaire en Libye «ne cesse de se dégrader», ajoutant que «l’absence de contrôle des autorités sur tout le territoire et, plus particulièrement, dans les zones frontières du pays, a été mis à profit par les groupes terroristes, notamment, Daech, pour s’implanter et se développer dans un environnement marqué par le trafic de drogue, d’armes et d’êtres humains». Le chef de la diplomatie algérienne a indiqué que le règlement de cette crise qui affecte le continent africain «nous interpelle», ajoutant que le conflit libyen «reste avant tout un conflit africain, et le rôle de l’UA doit être, à notre sens, plus visible en tant que partenaire privilégié de l’ONU dans le règlement des crises en Afrique, et ce, dans le cadre d’une approche de subsidiarité et de complémentarité». Il revient, avait-il estimé, par conséquent, à l’UA et à l’ONU de «travailler en étroite collaboration afin de mettre en place une feuille de route commune pour une résolution de la crise en Libye et œuvrer à une meilleure synergie entre les efforts et initiatives déployés par les deux Organisations afin de converger vers le seul objectif que nous devons nous assigner, celui de réunir tous les frères et sœurs libyens dans le cadre d’un processus de dialogue et de réconciliation nationale franc et responsable».

  1. Benslimane