Pour amorcer de nouvelles perspectives: Nécessité de passer à un nouveau mode de gestion économique

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Au vu de la conjoncture qui prévaut sur la scène économique nationale, l’Algérie s’apprête à amorcer une nouvelle ère qui sera consacrée exclusivement à la relance, en ce sens que tous les dossiers susceptibles de concourir au développement du pays seront pris en charge.

Dans ce sens, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a indiqué qu’après le parachèvement de l’édifice constitutionnel et institutionnel, le secteur industriel en Algérie est passé par plusieurs étapes, la première étant la surindustrialisation, notamment pour l’industrie lourde comme la métallurgie, le textile et la pétrochimie, précisant qu’il n’en reste que peu de ces industries en raison des crises financière, politique et sécuritaire. L’état actuel de l’industrie nationale n’est pas une fatalité, mais une réalité, même si certains aspects sont difficiles à appréhender et maîtriser, il reste cependant possible de redresser la situation en prenant urgemment les mesures nécessaires pour éradiquer la corruption et mettre fin à la dilapidation de l’argent public, a souligné le président Tebboune. A ce titre, le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, avait mis l’accent sur l’impératif de passer d’une approche administrative en matière de gestion des structures économiques et publiques à une approche économique permettant, à l’économie nationale d’amorcer de nouvelles perspectives. Il a plaidé pour le changement du mode de gestion des établissements économiques et des entreprises publiques, et ce, en vue d’une exploitation plus optimale de ces structures. Le Premier ministre a fait savoir, dans ce sens, que les établissements économiques, les universités et les ports fonctionnent désormais avec des horaires administratifs, soit quatre jours par semaine seulement, estimant qu’il était temps de renoncer à ces approches et d’adopter une approche permettant à l’économie nationale d’amorcer de nouvelles perspectives. Il a relevé, dans ce sens, l’impérative exploitation des structures existantes non exploitées dans les différents secteurs avant de recourir à l’inscription de nouveaux projets, et ce, dans le souci de la rationalisation de la gestion des deniers publics, notamment dans les secteurs de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la santé publique. Abordant la question du financement du déficit budgétaire pour l’exercice 2022, M. Benabderrahamne a déclaré que ce déficit sera financé en recourant au marché financier intérieur, aux banques et aux prélèvements sur le Fonds de régulation des recettes, en tenant compte des prévisions sur un redressement des cours de pétrole et l’adoption d’un prix référentiel de 45 dollars le baril au titre du budget de l’année prochaine. À cet égard, il a expliqué que le recours au financement interne de l’économie se fera sur la base du retour au marché financier intérieur, qui compte d’énormes moyens financiers en attente de mobilisation, ce qui permettra, selon lui, d’atténuer la pression sur le budget de l’Etat. Concernant l’encadrement économique global du projet, il a estimé que l’adoption d’un prix de référence de 45 dollars le baril, au moment où les cours internationaux de pétrole avoisinent les 85 dollars, s’explique par la nécessité de faire preuve de prudence vis-à-vis d’un marché pétrolier instable, souvent sujet à la spéculation. Au sujet de l’augmentation des dépenses communes au titre du budget 2022, à hauteur de 40,75% par rapport à la loi de finances complémentaire 2021, le Premier ministre a imputé cette augmentation à l’inscription d’enveloppes importantes destinées à la prise en charge des dépenses des comptes d’affectation spéciale qui seront fermés. Concernant les autorisations de programme, il a fait remarquer que l’augmentation des autorisations destinées à l’investissement à plus de 218 milliards de dinars au titre du PLF 2022 était due à l’inscription de nouveaux projets et à la réévaluation des programmes en cours de réalisation, outre un budget de plus de 963 milliards de dinars alloué au programme complémentaire pour les 10 wilayas nouvellement créées. S’agissant du dossier du foncier et du cadastre, il a fait part de la fusion de la Conservation foncière et des services de cadastre, un nouveau organe qui sera placé sous la tutelle de la direction générale du domaine national en vue de faciliter les mesures d’octroi du livret foncier et les opérations de cadastre au niveau national. Quant à l’importation, le Premier ministre a indiqué que des mesures seront prises en vue de durcir le contrôle douanier sur les biens et les marchandises importés au niveau des services implantés aux frontières à travers le contrôle des marchandises lors des opérations de dédouanement à l’aide des nouvelles technologies. Evoquant le système de transport des marchandises au niveau des douanes, le Premier ministre a fait état de l’élaboration de dispositions de facilitation des meures de transport des marchandises sans pour autant impacter les opérations de contrôle, et ce, dans le cadre du décret exécutif n° 18 relatif à la circulation de certaines marchandises dans la zone terrestre. Entre autres nouvelles mesures incluses dans le cadre du PLF 2022, il a rappelé la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) réduite de 9% appliquée sur les ventes de sucre (blanc et brut). L’exonération en vigueur sera annulée pour préserver la santé du consommateur et réduire la facture d’importation. Cette mesure intervient pour plusieurs considérations, notamment celles liées au volume de la facture d’importation de ce produit qui influe sur le budget de l’Etat et sur les réserves de change, a-t-il précisé. Le Premier ministre a également insisté sur la nécessité de consacrer les dépenses de l’Etat en matière d’importation des céréales à l’appui de la production locale des céréales et à la sécurité alimentaire, considérant que le prix actuel d’achat des céréales auprès des agriculteurs» demeure au deçà de celui que l’Etat débourse en matière d’importation des céréales de l’étranglera cet égard, le président de la République avait indiqué que 2022 serait «l’année des réformes structurelles pour la réédification de l’Etat algérien moderne», faisant part de l’application, «pas à pas», de ses 54 engagements.il a rappelé qu’il avait déclaré devant les Algériens «54 engagements réels écrits et non des rêves ou des promesses électorales populistes», assurant qu’à la fin de l’exécution des engagements «il y aura une autre Algérie. Indiquant qu’il suit la concrétisation de ses engagements «pas à pas», le Président Tebboune a fait état du début d’application sur le terrain de plusieurs engagements. Et d’affirmer que sa démarche visant à mener à bien les différentes réformes émane d’une parfaite connaissance «des dessous de l’Etat», précisant que «nous avons grandi dans le patriotisme, nous vivons avec et nous n’ambitionnons ni argent ni pouvoir, mais le bonheur du citoyen». L’Algérie est un pays protégé et gare à quiconque serait tenté de lui porter préjudice, a souligné le Président Tebboune, menaçant «ceux qui voudraient vendre le pays aux ennemis d’avoir à en payer le prix fort». Parmi les réformes institutionnelles initiées par le président de la République figure le renouvèlement des institutions de l’Etat dans le cadre duquel a été installée la Cour constitutionnelle, censée, a-t-il soutenu, «rassurer le peuple».

Les élections locales ont complété le processus Dans ce cadre, le Président Tebboune a indiqué que le «peuple revendique le changement qui est à sa portée à travers les élections», ajoutant que le citoyen était appelé lors des élections locales de samedi d’«exprimer son avis et de Le chef de l’Etat qui s’est engagé à protéger la voix du citoyen, a rappelé l’existence d’un contrôle en amont et en aval pour prévenir toute tentative de fraude électorale. Formant le vœu de voir un taux de participation «honorable» des citoyens à cette échéance électorale, le Président Tebboune a indiqué que la méthode adoptée pour amorcer le «changement souhaité est sous-tendue par les critères de probité à rechercher dans les candidats, loin de l’argent sale, pour avoir des candidats jeunes porteurs de nouvelles idées». Le président de la République a affirmé, à cette occasion, que la phase post-électorale connaîtra plusieurs réformes concernant la reconstruction des bases sociales et économiques de l’Etat et tout ce qui est à caractère économique et social. «Après les élections des Assemblées populaires communales et de wilayas, nous lancerons des réformes à caractère économique et social, en sus de la reconstruction des bases sociales et économiques de l’Etat afin de mettre en place un Etat moderne», a poursuivi le Chef de l’Etat. Le chef de l’Etat a annoncé, par ailleurs, l’ouverture début 2022 des ateliers pour la révision des codes communal et de la wilaya afin de conférer davantage de prérogatives aux élus locaux et les doter d’outils leur permettant d’honorer leurs engagements devant les citoyens qui les ont choisis pour la gestion de leurs affaires. La réforme de la politique d’aide sociale figure parmi les grandes réformes devant se concrétisées l’année prochaine, dira le président de la République qui assuré que cette réforme passera par «un débat national élargi» associant les syndicats, et que la «levée des subventions sociales concernera seulement un tiers des citoyens parmi ceux ayant des revenus très élevés». Et de faire remarquer que cette réforme nécessite un certain niveau de numérisation et des statistiques précises, soulignant que la revalorisation des salaires à travers l’augmentation du point indiciaire «est une démarche juste ayant pour objectif d’améliorer le pouvoir d’achat des citoyens». Parallèlement aux efforts visant à doter le pays de statistiques précises, le Président Tebboune a annoncé la création d’une «inspection générale» qui sera mise sous tutelle de la Présidence de la République afin de «contrôler l’activité des responsables». Mettant l’accent sur l’importance du contrôle en matière de mise en œuvre des décisions, le chef de l’Etat a parlé de ministres et de walis dont il a été mis fin aux fonctions pour manquement à leurs obligations. Le Président a indiqué, par ailleurs, que la politique d’investissement en Algérie tenait compte des besoins du pays, soulignant que la priorité est accordée aux investisseurs locaux.

T. Benslimane