Plan de paix israélo-palestinien: Kushner se rend à Rabat, Amman et Jérusalem en quête d’appuis pour l’initiative américaine

0
1010

 

 

En quête de soutien des pays arabes alliés des Etats-Unis, Jared Kushner a rencontré Mohammed VI lors d’un entretien organisé à la résidence royale de Rabat.

Jared Kushner, gendre et conseiller du  président américain Donald Trump, s’est rendu le 28 mai au Maroc, puis en  Jordanie et en Israël pour réunir un soutien au plan de paix américain, déclaré mort-né par l’Autorité palestinienne en quête d’appuis pour son plan de paix israélo-palestinien dont le volet économique doit être dévoilé fin juin à Manama.

Depuis son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump affiche sa volonté de parvenir à « l’accord ultime » entre Israéliens et Palestiniens, espérant réussir là où tous ses prédécesseurs ont échoué. Mais l’équation s’annonce particulièrement délicate : les Palestiniens boycottent l’administration américaine depuis que Washington a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël en décembre 2017.

Kushner, qui ne cache pas son intention de susciter l’adhésion d’une partie des Palestiniens en faisant miroiter la promesse d’un véritable développement économique, sait qu’il aura besoin du soutien des pays arabes alliés des Etats-Unis. Après le Maroc, il se rendra ainsi en Jordanie, puis en Israël jusqu’au 31 mai, a indiqué un responsable de l’exécutif américain sous couvert d’anonymat.

Lors d’un entretien organisé à la résidence royale de Rabat. Les discussions ont porté sur « les évolutions et les développements que connaît la région de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient », ainsi que sur le partenariat stratégique entre les Etats-Unis et le Maroc, a indiqué à l’AFP un porte-parole du palais.

Les discussions menées à Rabat avant un dîner de rupture du jeûne du ramadan se sont tenues en présence d’un autre conseiller de Donald Trump, Jason Greenblatt, ainsi que, côté marocain, du conseiller du roi Fouad Ali El Himma et du ministre des affaires étrangères, Nasser Bourita. Dans la soirée de mardi, M. Greenblatt s’est dit sur Twitter « honoré » d’avoir partagé ce repas « avec sa majesté le roi Mohammed VI », dont il a loué la « sagesse ». « Le Maroc est un ami important et un allié des Etats-Unis », a-t-il déclaré.

Le plan de « paix » de Trump attendu sans illusions

 Quels sont les pays qui participeront à la conférence de Manama, la capitale de Bahreïn, les 25 et 26 juin ? La question, cruciale pour le devenir de ce plan dont le contenu politique n’a toujours pas été dévoilé, fait l’objet d’intenses spéculations. Si les Emirats arabes unis ont confirmé leur présence, les Palestiniens ont, sans surprise, confirmé qu’il ne faudrait pas compter sur eux.

Intitulé « De la paix à la prospérité », le rendez-vous de Bahreïn doit réunir, outre des responsables gouvernementaux, des représentants de la société civile et du monde des affaires. Selon la présidence américaine, il s’agit d’une opportunité pour « encourager le soutien à des investissements et initiatives économiques potentiels qui pourraient être rendus possibles par un accord de paix ».

 

Mais les Palestiniens ont dénoncé avec force, par la voix de Saëb Erakat, secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), les tentatives visant à promouvoir « une normalisation économique de l’occupation israélienne de la Palestine ». « Notre objectif n’est pas d’améliorer les conditions de vie sous l’occupation, mais d’atteindre le plein potentiel de la Palestine en mettant fin à l’occupation israélienne », a-t-il martelé.

Bashar Al-Masri, l’un des hommes d’affaires palestiniens les plus en vue, qui a travaillé avec des partenaires internationaux et en coopération avec Israël pour investir 1,4 milliard de dollars (environ 1,25 milliard d’euros) dans la construction de la nouvelle ville palestinienne de Rawabi, a lui aussi décliné l’invitation à la conférence.

S’il reste évasif sur le contenu de son plan, entouré du plus grand secret, Jared Kushner promet depuis plusieurs mois des idées nouvelles, soulignant que les approches traditionnelles n’avaient pas permis de parvenir à un accord. Il refuse ainsi de parler de la solution dite « à deux Etats », israélien et palestinien, pourtant au cœur de la diplomatie mondiale depuis des années.

A l’issue de sa tournée au Maroc, en Jordanie et en Israël, M. Kushner se rendra en fin de semaine à Montreux, en Suisse, puis à Londres, où il participera à la visite d’Etat au Royaume-Uni de son beau-père, Donald Trump.

Jared kushner sera accompagné lors de cette visite par l’émissaire  américain pour le Moyen-Orient, Jason Greenblatt, et l’envoyé spécial des  Etats-Unis pour l’Iran, Brian Hook.

La délégation américaine en quête d’un soutien pour son plan de paix  rejeté par la communauté internationale aura plusieurs entretiens avec les  responsables de ces trois pays, selon la Maison Blanche. Kushner se rendra ensuite à Montreux, en Suisse, à compter du premier  juin, où il devrait participer à la conférence annuelle de Bilderberg pour débattre des grandes questions internationales avant de se rendre à Londres  dans le cadre de la visite d’Etat que le président Trump va effectuer au Royaume Uni.

Le très attendu le plan de paix américain a ravivé la compétition entre  l’Arabie Saoudite, le Maroc, et la Turquie sur le contrôle des lieux saints  de l’Islam à El Qods occupée, assuré actuellement par la Jordanie. Les spéculations vont bon train sur la possibilité de transférer le  contrôle de la Mosquée El Aqsa, troisième lieu saint de l’Islam, à un autre pays, alors que la Maison Blanche s’apprête à dévoiler la partie économique  de son plan lors d’une conférence prévue les 25 et 26 juin à Bahreïn.

Selon des analystes politiques, la plus grande crainte de la Jordanie  aujourd’hui est de voir le nouveau plan mettre fin à son contrôle historique des lieux saints au profit d’autres pays comme l’Arabie  Saoudite, le Maroc et la Turquie.

Les craintes du royaume hachémite se sont accentuées dernièrement voyant  dans le plan américain une conspiration en dépit des assurances de l’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Jason Greenblatt. Rabat, Ankara et Riyadh ne cachent pas leurs ambitions à ce sujet en  cherchant à jouer un rôle dans un éventuel accord qui devrait redéfinir le statut de la ville sainte.

En attendant, les détails du plan de paix américain qui seront révélés en  juin, la Maison Blanche veut aborder les aspects économiques de l’accord lors de la Conférence de Bahreïn. L’administration américaine veut tirer profit de la situation économique  désastreuse dans les territoires palestiniens pour imposer son plan biaisé au profit d’Israël, et mène à cet effet d’intenses négociations avec les

Etats arabes du Golfe pour les inciter à le financer

Samedi, le plus haut négociateur de l’Autorité palestinienne, Saeb Erekat,  a appelé « tous les pays » à ne pas participer à la conférence de Manama, affirmant que cette réunion  » échouera certainement sans la participation  palestinienne ».

Saeb Erekat a qualifié l’administration Trump de « pierre angulaire de  l’idéologie israélienne d’extrême droite » accusant les Etats-Unis de « semer  la peur dans la région ».

L’Autorité palestinienne a dénoncé en mars « une guerre financière » menée  par les Etats-Unis et Israël pour forcer les palestiniens à « accepter une proposition de paix inacceptable »

Le volet économique connu les 25 et 26 juin

Les États-Unis doivent dévoiler les 25 et 26 juin lors d’une conférence à Manama (Bahreïn) le volet économique de ce plan de paix israélo-palestinien, dont le contenu politique n’a toujours pas été annoncé.

L’Autorité palestinienne a annoncé qu’elle n’y participerait pas. Les Palestiniens boycottent l’administration américaine depuis que Donald Trump a rompu avec des décennies de consensus en reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël en décembre 2017. « Notre objectif n’est pas d’améliorer les conditions de vie sous l’occupation, mais d’atteindre le plein potentiel de la Palestine en mettant fin à l’occupation israélienne », n’a de cesse de marteler Saëb Erakat, secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).

S’il reste évasif sur le contenu de son plan, entouré du plus grand secret, Jared Kushner promet depuis plusieurs mois des idées nouvelles, soulignant que les approches traditionnelles n’avaient pas permis de parvenir à un accord. Il refuse ainsi de parler de la solution dite « à deux États », israélien et palestinien, pourtant au coeur de la diplomatie mondiale depuis des années.