Le gouvernement a décidé d’augmenter les quantités de poudre de lait fournies par l’Office algérien interprofessionnel du lait (ONIL) aux laiteries publiques et privées face aux pénuries apparues dans la disponibilité du lait en sachet sur le marché.
Le Premier ministère précise, dans un communiqué, que les laiteries du groupe public industriel de production du lait et de ses dérivés (GIPLAIT) verront leur approvisionnement en poudre de lait passer de 7000 à 10 000 tonnes par mois, avec en contrepartie l’augmentation de leur production de lait en sachet de plus de 2 millions à près de 4 millions de litres par jour. Les laiteries du secteur privé verront-elles aussi leur approvisionnement passer de 7500 à 9000 tonnes/mois. Le Premier ministère affirme que ces mesures de saturation du marché seront accompagnées de l’application ferme de la loi contre tous les auteurs de détournement de la poudre de lait fortement subventionnée par l’Etat au bénéfice des consommateurs. A noter que ces mesures interviennent dans un contexte marqué par des perturbations enregistrées depuis des mois sur le marché d’approvisionnement en sachet de lait subventionné.
Pour rappel, une réunion a eu lieu le 20 mars dernier au siège du ministè- re de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, en présence du ministre Abdelkader Bouazghi, et de représentants du ministère du Commerce et de l’Office national interprofessionnel du lait (ONIL). Le directeur général adjoint de l’ONIL, Khaled Soualmia avait indiqué au terme de cette réunion que la convention liant l’Office aux laiteries avait fait l’objet d’une actualisation par l’introduction d’une nouvelle clause obligeant les transformateurs à présenter, chaque fin de mois, un document détaillé sur les quantités produites et les quotas des distributeurs, un document sur lequel seront apposés les cachets des commerçants en détail du lait pasteurisé. Il a fait savoir que les laiteries n’observant pas les dispositions de la convention signée avec l’office seront exclues définitivement du programme d’approvisionnement en poudre de lait. Cette démarche avait pour objectif d’assurer la traçabilité de la poudre de lait, à partir de l’étape d’approvisionnement jusqu’à l’arrivée du produit fini au niveau des commerçants en détail. Les transformateurs sont tenus, à leur tour, de faire remplir par les distributeurs un formulaire sur lequel seront apposés les cachets des commerçants en détail du lait pasteurisé et qui sera joint au document remis par l’Office aux propriétaires des laiteries pour définir la destination du produit, avait-il expliqué. Pour la traçabilité de l’activité des transformateurs, il a été convenu, lors de cette réunion, de la mise en place de commissions mixtes comprenant des agents de l’ONIL et des ministères de l’Agriculture et du Commerce pour s’assurer de la véracité des informations fournies par les propriétaires des laiteries, avait ajouté le même responsable, précisant que cette procédure s’inscrit dans le cadre de l’application du décret exécutif publié récemment au Journal officiel qui réserve la distribution du lait subventionné exclusivement aux ménages.
Cette action des pouvoirs publics vise à contenir les perturbations enregistrées depuis des mois sur le marché d’approvisionnement en sachet de lait subventionné. Soulignant que le volume d’approvisionnement des laiteries en poudre de lait a augmenté de près de 30 % de 2009 à fin 2017 pour arriver début 2018 à 175 000 tonnes, le même responsable a estimé que ce volume était suffisant pour «satisfaire largement la demande des transformateurs pour peu que la poudre de lait ne soit pas détournée à d’autres fins». Quelque 118 laiteries réparties sur l’ensemble du territoire national, dont 15 complexes publics, sont conventionnés avec l’ONIL qui dispose d’un stock stratégique de 3 mois. De son côté, le président de la Fédération nationale des distributeurs de lait, Farid Oulmi a imputé la perturbation du marché du lait en sachet à la réduction, au cours des derniers mois, des quotas de poudre attribués aux transformateurs. Le taux de couverture des besoins en lait pasteurisé des wilayas du centre (Alger, Blida et Tipasa) a reculé de 80% en 2015 à 30 et 40% début de 2018, d’où les perturbations enregistrées dans la distribution, avait-il précisé, ajoutant que la demande globale au niveau de ces trois wilayas est estimée entre 500 000 et 550 000 litres/jour, alors que la production actuelle est de 400 000 litres/jour seulement. Il avait ajouté, dans le même ordre d’idées, que la laiterie de Birkhadem (Alger) relevant du groupe public Giplait, qui produisait 600 000 litres/jour en 2016, soit un excédent de plus de 50 000 litres/jour par rapport à la demande, accuse aujourd’hui un déficit de plus de 150 000 litres/jour.
La laiterie de Boudouaou (Boumerdès), avec son annexe de Rouiba, produit actuellement environ 350 000 litres/jour pour la couverture des besoins des wilayas de Boumerdès, Bouira et Tizi-Ouzou, a indiqué le même responsable qui a reconnu que ce volume ne satisfait nullement la demande enregistrée. Par ailleurs, Oulmi a estimé que la marge bénéficiaire des distributeurs, fixée actuellement à 0.90 dinars/litre est très faible, notamment avec la baisse du pouvoir d’achat. Pour rappel, le Groupe public Giplait, qui compte 16 filiales au niveau national, produit entre 50 et 60% des besoins nationaux en lait pasteurisé conditionné en sachets dont le prix est administré à 25 DA/litre. La facture de l’importation de la poudre du lait et ses dérivés a dépassé, ces deux dernières années, un milliard de dollars par an. Par ailleurs, l’ex-ministre du Commerce, Mohamed Benmeradi avait reconnu l’existence d’un grand problème en matière de distribution du lait pasteurisé, en dépit des approvisionnements réguliers par l’ONIL. Une étude publiée en 2017 par l’Association des producteurs algériens de boissons (Apeb) avait révélé que la moyenne de consommation par personne en lait pasteurisé en sachets est de 66,1 litres/an.