Patrimoine mondial immatériel : Le savoir-faire des mesureurs d’eau des foggaras inscrit

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Les savoirs et savoir-faire des mesureurs d’eau des foggaras ou aiguadiers (Kiyaline El Ma) du Touat et du Tidikelt ont été inscrits, sur demande de l’Algérie, sur la Liste du patrimoine immatériel  nécessitant une sauvegarde urgente, a-t-on appris, hier, auprès de l’Unesco.

Cette décision a été prise au cours des travaux, à Port-Louis (Maurice),  de la 13e session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, qui ont débuté, ce lundi, et devront être clos samedi prochain. Le dossier algérien figurait parmi les sept demandes d’inscription sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente qui recense les éléments du patrimoine vivant dont la pérennité est menacée. Elle compte, avant le rajout d’autres patrimoines, 52 éléments inscrits et  permet aux Etats parties à la Convention de mobiliser la coopération et l’assistance internationales nécessaires pour renforcer la transmission de ces pratiques culturelles en accord avec les communautés concernées. Avec cette inscription, l’Algérie devra soumettre régulièrement un rapport de suivi sur la sauvegarde de ce métier ancestral. Le système des mesureurs d’eau (Kiyaline El Ma), répandu dans la wilaya d’Adrar et de Tamanrasset, date de plusieurs siècles montre aujourd’hui des signes de recul dû essentiellement à l’abaissement du niveau de la nappe obligeant à recourir à des sondages et pompages profonds. Dans une correspondance datée du 31 mars 2016, adressée au DG du Centre nationale de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques d’Alger (CNRPAH), le directeur de la culture de la wilaya d’Adrar a indiqué que ce système «ingénieux et pluriséculaire» qui fait partie de l’identité des populations sahariennes en général et de celles de la wilaya d’Adrar en particulier, est composé de «savoirs, de savoir-faire et de rituels renfermant de nombreux éléments du patrimoine immatériel transmis de génération en génération et allant dans le sens d’une gestion écologique des ressources de la nature et d’une exploitation rationnelle de la rareté de l’eau». Il est recommandé, à cet effet, de sauvegarder, protéger et revivifier ce système qui comprend le creusement des foggaras avec des puits et des galeries les reliant, le partage de l’eau, selon des modes de calculs connus et maîtrisés par la corporation des mesureurs d’eau (Kiyalin El Ma) et l’irrigation des multiples jardins des palmeraies du sud de l’Algérie. Actuellement, un manque de communication entre les jeunes et leurs aînés est observé. Ce qui laisse supposer que la disparition de ce métier est illustrée par l’âge avancé des mesureurs d’eau qui met en évidence une absence de renouvellement des praticiens. Plusieurs autres facteurs qui sont venus ont contribué à la nécessité urgente de sauvegarde de ce savoir-faire, dont, notamment, ceux qui ont modifié le bon fonctionnement des foggaras, (nouveaux rapports de propriété), les effets de l’urbanisation et de la modernisation et une absence de prise en considération des mesures à mettre en œuvre pour assurer la transmission du savoir. Le Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco est composé des représentants de 24 Etats parties à la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (2003). Il se réunit une fois par an et assure le suivi de la mise en œuvre de cet instrument juridique ratifié par 178 Etats.

Kadiro Frih