Patrimoine matériel : Le Vieux Mila, la seule cité millénaire encore habitée a besoin de protection

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Véritable musée à ciel ouvert, le Vieux Mila, la seule cité millénaire encore habitée, renferme des richesses archéologiques inestimables, qui se dégradent de jour en jour.

L’ancienne église où a officié St Augustin, devenue, par la suite, la mosquée Abu al-Muhajir Dinar, est la seule partie réellement protégée de cette cité antique, grâce à son classement de patrimoine national protégé en 2007. Pour le reste, des maisons qui remontent à plus de 4000 ans, selon des spécialises, tombent en ruines l’une après l’autre, sans parler des habitants qui bétonnent leurs murs. « Chacun fait ce qu’il veut, personne ne respecte les mesures de sauvegarde et nul ne  s’inquiète de ce trésor qui, si les choses ne changent pas, disparaitra dans les années à venir », prévient un journalise de la radio locale de Mila, qui nous a fait visiter les lieux.

« Milo », la plus grande statue au monde sculpté à partir d’une seule pièce de marbre

La pièce maîtresse de ce musée est sans conteste la statue en marbre de « Milo ». Considérée par les spécialités comme la plus grande statue au monde faite à base d’une seule pièce de marbre, cette sculpture représente une forme humaine de près de deux mètres de hauteur, en position assise, au visage et aux membres indéterminés. La tête de cette statue est dans un musée en France. Découverte en 1880 par des archéologues français, la statue exposée en plein air, a été, selon des témoins, endommagée lors d’un déplacement. Elle traine, aujourd’hui, au milieu d’un jardin, sans présentation, ni notice explicative. Heureusement que notre confrère de radio Mila était là pour nous donner quelques informations sur cette statue qui serait d’origine numide. Le musée du site de Mila compte également dans sa collection deux sarcophages antiques ornés de sculptures, des fontaines romaines, de la mosaïque et de nombreuses bornes d’épigraphes et d’épitaphes dont la majeure partie provient de fouilles entreprises à l’époque coloniale ou de pièces restituées par des particuliers.

Un mur de 1.200 mètres de longueur qui ceinture la cité antique

De l’époque byzantine, Milo – Mila a un nom pour chaque période historique -, conserve surtout des pans du mur d’enceinte qui la ceinturait sur une longueur de 1.200 mètres. Piqué d’une multitude d’étranges fenêtres larges à l’extérieur et étroites de l’intérieur, visibles à ce jour, et doté de 14 tours de surveillance pouvant atteindre 12 mètres de hauteur. Ce mur reflète on ne peut mieux le statut de citadelle religieuse de Mila à cette époque.

La mosquée Abu al-Muhajir Dinar, la deuxième plus ancienne en Afrique

C’est la deuxième plus ancienne mosquée du continent après celle de Carthage en Tunisie. Baptisée au nom d’Abu al-Muhajir Dinar, un des compagnons du Prophète (QSSSL), cette bâtisse représente, clairement, l’évolution des croyances religieuses en Afrique du Nord et en particulier en Algérie, et ce, depuis l’antiquité jusqu’à la fin de la période coloniale. D’église romaine dans l’antiquité, cet édifice a été transformé en mosquée, avant de servir d’annexe militaire, voire d’étable durant la colonisation française. Selon des écrits de l’église romaine, cet édifice a abrité les deux conciles (assemblée des évêques de l’église catholique) tenus à Mila au début du Ve siècle et dont le second a été présidé par St Augustin, en personne. Ce qui n’est pas rien !

La fontaine « Aïn Lebled »

C’est la seule fontaine qui remonte à l’époque romaine et dont l’eau coule toujours avec abondance. La légende dit que « celui qui boira de cette source d’eaux se mariera une deuxième fois ». Les habitant de Mila semblent y croire. Construite au IIIe siècle par l’empereur Hadrien, la fontaine « Aïn Lebled » était une partie intégrante du forum de Milev, l’autre nom romain de Mila. Par ses vestiges multiples, elle déroule l’histoire de la présence dans cette région d’Algérie de plusieurs civilisations : Architecture de l’époque romaine (fontaines et tuiles), byzantine (muraille et pierres de taille) et musulmane (demeures ottomanes).

Enfin un « plan de sauvegarde » du Vieux Mila !

Un « Plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur du secteur sauvegardé du Vieux Mila » a été approuvé le 14 juillet 2018, par la commission nationale des biens culturels du ministère de la Culture. Ce plan élaboré par la direction de la culture conjointement avec l’association des Amis du Vieux Mila, comprend trois phases : « Diagnostic et mesures d’urgence », « analyse historique et typologique » et « projet préliminaire ». Il constitue un « mécanisme légal et technique » pour la protection de la cité antique du Vieux Mila, qui s’étend sur 38 hectares, et permet « l’inscription future d’une opération de restauration », selon le ministère de la culture. Espérant que cette fois-ci ça sera la bonne et que ça ne restera pas que sur du papier.

L.G/ Ag