Patrimoine culturel immatériel de l’humanité: 2022, l’année du classement du raï par l’Unesco

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Dans le champ du patrimoine culturel, l’année 2022 aura été marquée par une nouvelle inscription à la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco avec la consécration du «raï chant populaire d’Algérie», portant ainsi à neuf le nombre d’éléments du patrimoine immatériel algérien classés.

De son berceau dans l’Ouest algérien jusqu’aux plus grandes scènes de spectacle dans le monde, le raï, chant populaire algérien, a fait son entrée, le 1er décembre 2022, dans la prestigieuse liste de l’instance onusienne après un long et laborieux travail scientifiques mené par une équipe de chercheurs algériens. L’Algérie partage ainsi un genre musical qui respire et transmet une forte marque d’expression d’identité de la société qui lui a donné naissance et reconnaissance, et qui traduit une réalité sociale, chante l’amour, la liberté, ou encore la contrainte sociale, sans tabou ni censure. Porté par cet élan, le Centre national de recherche en préhistoire, anthropologie et en histoire (Cnrpah), principal artisan de tous les dossiers présentés à l’Unesco, annonce que d’autres dossiers sont actuellement en cours d’élaboration en vue du classement des genres musicaux algériens comme le «Srawi», «Achouwik», «Ayay», «Malouf» ou encore le «Chaâbi assimi». Outre la musique, le Cnrpah élabore actuellement un nouveau dossier qui devra être déposé au mois de mars prochain, pour le classement de la «tenue traditionnelle féminine dans l’Est algérien», un travail qui entre dans le cadre d’une réflexion intellectuelle pour partager avec l’humanité entière des éléments profondément historiques du patrimoine algérien. Sur le plan continental, l’Algérie, premier signataire de la Convention de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, a relancé cette année le projet du «Grand musée d’Afrique», un méga projet que l’Algérie s’est proposée d’abriter et qui figure dans l’agenda 2063 de l’Union africaine (UA). Alger qui a abrité les deux seules éditions du Festival panafricain de 1969 et de 2009, et qui accueille le seul Centre de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en Afrique, œuvre à la finalisation de ce grand projet qui vise à opérer une véritable renaissance culturelle et à consolider l’édification d’un continent uni et prospère, capable de protéger son identité, ses biens historiques et son patrimoine culturel. En 2022, les cadres du ministère de la Culture et des Arts en charge du dossier ont tenu des réunions avec les représentants de l’UA pour installer très prochainement le musée dans un premier siège temporaire, dans l’ancienne résidence du dey située à Hussein Dey à Alger qui a été complètement restaurée, avant la construction de cet établissement rassembleur capital et unique en Afrique, à Alger. La consécration du «raï chant populaire d’Algérie» vient s’ajouter à un effort de longue haleine entamé en 2008 avec le classement de l’Ahellil du Gourara et couronné en 2018 par l’ouverture à Alger du Centre régional pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel en Afrique (Crespiaf), un centre régional placé sous l’égide de l’Unesco, confortant ainsi l’Algérie dans son rôle de point focal pour les anthropologues africains.

Yasmine Derbal