Palestine:  L’initiative américaine pour le règlement du conflit palestino-israélien est non constructive 

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 L’administration de Donald Trump donne pour la première fois des détails sur le volet économique.

Les Palestiniens l’ont aussitôt rejeté. Pour eux, Washington doit d’abord œuvrer à mettre fin au « vol par Israël » des terres palestiniennes.  Les États-Unis ont rendu public ce samedi 22 juin le volet économique de leur plan de paix pour le Proche-Orient, ont présenté dernièrement à Bahreïn, en l’absence des Palestiniens, et vise à lever plus de 50 milliards de dollars en une décennie.

Les Palestiniens ont aussitôt rejeté ce plan économique, estimant que Washington devait d’abord œuvrer à mettre fin au « vol par Israël » des terres palestiniennes.

L’Autorité palestinienne boycotte l’atelier « De la paix à la prospérité »

Donnant pour la première fois des détails sur ce plan promis de longue date, l’administration de Donald Trump a précisé vouloir attirer d’énormes investissements internationaux au profit des Palestiniens et améliorer les infrastructures et la gouvernance en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

La conférence de mardi 25 et mercredi 26 juin à Manama, emmenée par le gendre et conseiller du président américain Jared Kushner,a été l’occasion de présenter cette initiative, qui inclura plus tard un volet politique selon des responsables.

Mais l’Autorité palestinienne boycotte cet atelier intitulé « De la paix à la prospérité », estimant que l’administration Trump, qui affiche son plein soutien à Israël, cherche à acheter les Palestiniens et à les priver d’un État indépendant.

« Commencez par lever le siège de Gaza »

« La situation économique ne doit pas être discutée avant qu’il y ait une discussion de la situation politique, et tant qu’il n’y a pas de discussion de la situation politique, nous ne parlerons d’aucune situation économique », a dit ce samedi le président palestinien Mahmoud Abbas dans un communiqué.

« Commencez par lever le siège de Gaza, par arrêter le vol par Israël de notre terre, de nos ressources et de notre argent, donnez-nous la liberté de mouvement et le contrôle sur nos frontières, notre espace aérien, nos eaux territoriales (…) et ensuite regardez-nous construire une économie dynamique et prospère en tant que peuple libre et souverain », avait plus tôt lancé une conseillère de Mahmoud Abbas, Hanane Achraoui.

Le ministère russe des Affaires étrangères a  indiqué que l’initiative américaine concernant le règlement du conflit  israélo-palestinien proposée à travers l’atelier de travail de Manama qui  s’est tenue ces derniers jours au Bahreïn, est « non constructive », rapporte  samedi l’agence de presse Sputnik. 

En commentant les résultats de l’atelier de Manama, le ministère a  clarifié jeudi dans son communiqué publié par Sputnik que « la proposition  principale se base sur la création d’un fond de 50 milliards de dollars afin d’appliquer des différents projets dans les territoires palestiniens,en Egypte, en Jordanie et au Liban au cours des 10 ans, en ignorant la  principale mission de reprendre des négociations directes entre Palestiniens et Israéliens et d’établir un Etat palestinien indépendant sur les frontières de 1967 avec comme capitale El-Qods ». 

La diplomatie russe a confirmé que toute initiative de paix visant à  restaurer une paix permanente et juste au Moyen-Orient, « doit soutenir le  règlement du conflit sur la base de la solution de deux Etats ». Pour rappel, les Palestiniens ont boycotté la conférence de Bahreïn. Le  président, Mahmoud Abbas, qui a dénoncé le chantage financier de Washington a déclaré que « l’économie est importante mais la solution politique est  plus importante ». 

Les Arabes sceptiques face au plan de Jared Kushner à la conférence de Bahreïn

La réunion, consacrée au volet économique du plan de paix américain pour le Proche-Orient, accueille des célébrités de la finance internationale et le patron de la FIFA. Mais très peu de Palestiniens et presque aucun haut responsable arabe. Le conseiller principal de la Maison Blanche, Jared Kushner, a pris  la parole lors de la conférence sur la Palestine, à Manama (Bahreïn), le 25 juin. 

Si Jared Kushner rêvait d’une grande photo de famille sur les marches de l’hôtel Four Seasons de Manama, avec ministres israéliens et du Golfe côte à côte, la déconvenue est cruelle. La conférence consacrée au volet économique du plan de paix américain pour le Proche-Orient, concocté par le gendre du président Donald Trump, s’est ouverte mardi 25 juin, dans le palace de la capitale bahreïnie, avec une participation arabe très modeste.

« Si l’administration Trump cherchait, à travers la conférence de Bahreïn, à faire avancer le rapprochement israélo-arabe, ce qu’elle a obtenu est exactement le contraire », a souligné, sur Twitter, Ofer Zalzberg, analyste à l’International Crisis Group.

En ouverture, Jared Kushner a exhorté les Palestiniens à revenir sur leur rejet quasi unanime de son initiative. Exaspérés par la décision de Washington de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et persuadés, non sans raison, que le présumé « deal du siècle », la version finale du plan de paix américain, attendu à l’automne, ne prévoira pas la création d’un Etat palestinien dans les territoires occupés, les dirigeants de Ramallah ont décidé de boycotter la conférence. « Mon message direct au peuple palestinien est que (…) le président Trump et l’Amérique ne vous ont pas abandonnés », a répondu le trentenaire new-yorkais.

« L’occasion du siècle »

Se servant d’une présentation PowerPoint, à la manière d’un chef d’entreprise devant ses actionnaires, Jared Kushner, dont la famille a fait fortune dans l’immobilier, a détaillé les principaux points de son plan. Celui-ci ambitionne d’investir en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, ainsi qu’au Liban, en Jordanie et en Egypte, la somme record de 50 milliards de dollars (44 milliards d’euros). Objectif : multiplier par deux le produit intérieur brut (PIB) des territoires palestiniens. « Kushner a réussi la prouesse de ne prononcer ni le mot “Palestine”, ni “occupation”, ni même “Jérusalem”, raconte un participant .A la place, on a eu droit à tous les poncifs du business. C’était surréaliste. »

Dans l’assemblée, beaucoup de grands noms, venus des institutions financières internationales (Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds monétaire international), du sport business (Gianni Infantino, le président de la Fédération internationale de football) et de la diplomatie (Tony Blair, ancien premier ministre britannique et ex-représentant du Quartet – Etats-Unis, Union européenne, Nations unies et Russie – à Jérusalem), mais très peu de Palestiniens (une dizaine d’hommes d’affaires sans envergure) et presque aucun haut responsable arabe.

Saeb Erekat dénonce les propos de l’émissaire de Trump sur les  colonies israéliennes 

 Le secrétaire général de  l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saeb Erekat, a condamné les propos de l’envoyé de paix du président américain Donald Trump, Jason  Greenblat, qui a déclaré qu’il préférait appeler les colonies israéliennes « des quartiers et des villes », rapporte samedi l’agence de presse Wafa. 

Lors d’une réunion vendredi avec une délégation d’universitaires,  d’employés de bureau et de représentants de la société civile américains,  M. Erekat a indiqué que la déclaration de Greenblat était « une incitation à  toutes les personnes ayant assisté au récent atelier de Manama sur la paix au Moyen-Orient ». 

Il a appelé toutes les parties présentes à l’atelier de Manama à « adopter  une position commune afin d’affirmer leur attachement au droit international et au principe des deux Etats sur les frontières de 1967 », avec El-Qods comme capitale de la Palestine et à « une solution juste pour  la question des réfugiés », selon Wafa.

 

                                                                                                    Ahsene Saaid /CPI