Palestine: Le plan paix  américain victime de la crise politique en Israël

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Le gendre de Donald Trump a visité Jérusalem au lendemain de la dissolution de la Knesset, qui gèle l’initiative américaine. Jared Kushner et Benjamin Nétanyahou lors de leur rencontre à Jérusalem, le 30 mai.

La crise politique israélienne a fait une victime collatérale aux Etats-Unis : le mystérieux plan de paix israélo-palestinien élaboré par Jared Kushner, gendre du président Trump. En visite à Jérusalem, jeudi 30 mai, M. Kushner a rencontré Benyamin Nétanyahou pour la forme, sans savoir si ce dernier sera reconduit dans ses fonctions de premier ministre après les élections législatives qui se tiendront en septembre. La grande rencontre prévue à Bahreïn, les 25 et 26 juin, pour présenter le volet économique d’un plan dont Jared Kushner n’a pour l’instant rien dévoilé risque elle aussi de faire les frais de cette incertitude.

Nétanyahou à quitte ou double

Après avoir multiplié avant les élections israéliennes les gestes appuyés, comme la reconnaissance de la souveraineté d’Israël sur le Golan syrien occupé depuis 1967, Donald Trump s’était mêlé à la quête de majorité du premier ministre sortant, le 27 mai. « J’espère que les choses se passeront bien avec la formation de la coalition israélienne, et que “Bibi” et moi-même continuerons à rendre l’alliance entre l’Amérique et Israël plus forte que jamais. Encore beaucoup plus à faire ! », avait assuré le président des Etats-Unis sur Twitter. Sans résultat.

La convocation de nouvelles élections en septembre va concrètement geler l’initiative américaine jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement israélien. Cette dernière n’interviendra pas avant octobre, dans le meilleur des cas, compte tenu des fêtes religieuses juives qui ponctuent le début de l’automne. Un calendrier qui risque de se heurter rapidement à un autre, celui de la campagne présidentielle américaine de 2020, qui débutera officiellement avec les caucus de l’Iowa, début février. Elle promet d’être peu propice à l’activisme diplomatique et encore moins à la prise de risques.

A peine sorti d’une campagne électorale violente, Israël va devoir subir un nouveau scrutin législatif, dès le 17 septembre. Cette répétition, qui ne peut qu’exaspérer une majorité d’Israéliens, a été décidée par Benyamin Nétanyahou en raison de son incapacité à former une coalition d’au moins 61 députés sur 120. La faute d’une vieille connaissance, l’ultranationaliste laïque Avigdor Lieberman, qui a refusé de s’associer à cette majorité, trop soumise, selon lui, aux rabbins ultraorthodoxes. Plutôt que de passer la main, le premier ministre a renversé la table. Son parti, le Likoud, l’a suivi en sabordant le Parlement.

Cette dissolution de la 21e Knesset représente une crise majeure en Israël, dans laquelle les enquêtes judiciaires qui encerclent M. Nétanyahou ont joué un rôle déterminant. Sa fébrilité en est accentuée, autant que l’appétit de ses partenaires potentiels. M. Lieberman a perçu une ouverture politique pour fragiliser M. Nétanyahou et faire prospérer sa propre entreprise.

L’ancien ministre de la défense représente la communauté russophone, soit près d’un million de personnes. L’assimilation de cette population originaire de l’ancienne URSS, arrivée il y a trente ans, est une réussite exceptionnelle. Ce succès est aussi une menace à moyen terme pour M. Lieberman, car les enfants de ces immigrés, nés en Israël, passés par l’armée, sont avant tout des Israéliens. Ils ne se sentent plus forcément tenus par le vote communautaire de leurs aînés.

Le désir de vengeance de Lieberman

En faisant du projet de loi sur la conscription pour les ultraorthodoxes un motif de blocage politique, M. Lieberman satisfait un désir de vengeance contre M. Nétanyahou, tout en élargissant son public. Par ce calcul opportuniste, il compte attirer bien plus d’électeurs qu’en avril, en se posant en défenseur de l’égalité des citoyens devant la conscription, et en fixant des lignes rouges devant les partis ultraorthodoxes, très gâtés depuis cinq ans.

Cette crise s’inscrit dans le devenir incertain de la démocratie israélienne. Certes, le pluralisme et la diversité des médias y existent comme dans aucun autre pays de la région, mais ils ne sont pas les seuls critères de vitalité. L’ethnicisation de la politique s’impose, en rupture avec les racines d’Israël, soixante et onze ans après sa création. L’intolérance et les assauts contre l’Etat de droit n’ont jamais été aussi criants. La démocratie israélienne subit une érosion inquiétante, qui se manifeste dans des textes votés à la Knesset et dans un déplacement des limites rhétoriques de l’acceptable. Aujourd’hui, revendiquer l’annexion d’une partie de la Cisjordanie n’est plus le rêve emphatique d’une poignée d’extrémistes. C’est devenu un projet largement partagé à droite.

La majorité au pouvoir, surtout depuis cinq ans, a porté atteinte aux droits et à la dignité des minorités. M. Lieberman y a contribué, en présentant les citoyens arabes comme des êtres déloyaux. Elle a aussi organisé une sorte d’affrontement civil entre ses partisans, qui seraient de bons Israéliens préoccupés par la sécurité du pays, et les autres : les traîtres, les gauchistes, les médias, ou les ONG documentant l’occupation, un mot banni des discours publics. Chaque élection permet à ses citoyens de s’interroger sur la société qu’ils laisseront à leurs enfants. Puisse le scrutin du 17 septembre, caprice d’un dirigeant imbu de lui-même et redoutant sa propre déchéance, servir au moins à cela.

 

Le gouvernement palestinien condamne la politique d’« extrémistes » des Etats-Unis

Les propos de l’ambassadeur américain en Israël, selon lesquels l’Etat hébreu a le droit d’annexer « une partie » de la Cisjordanie occupée, ont été dénoncés par Ramallah.Le ministre palestinien des affaires étrangères, Riyad Al-Maliki, au sommet de Djeddah en Arabie saoudite, le 29 mai.

C’est une phrase qui risque de renforcer encore un peu plus l’opposition des Palestiniens à la future initiative de paix américaine au Proche-Orient, issue d’une administration américaine dont Ramallah dénonce le parti pris pro-israélien.

Dans une interview au quotidien américain The New York Times, samedi 8 juin, l’ambassadeur américain en Israël, David Friedman, a affirmé : « Dans certaines circonstances (…) je pense qu’Israël a le droit de conserver une partie de, mais pas toute, la Cisjordanie », territoire palestinien occupé par Israël depuis plus de cinquante ans.

 

Dans un communiqué publié samedi soir, le porte-parole du gouvernement palestinien, Ibrahim Melhem, a condamné ces propos, dénonçant une politique étrangère américaine dirigée par « un groupe dont certains n’ont pas la maturité politique nécessaire et parmi lesquels se trouvent des extrémistes ». Le numéro deux de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erekat, a lui qualifié M. Friedman « d’ambassadeur extrémiste des colons » israéliens, sur Twitter, avant d’ajouter  Leur vision consiste à annexer un territoire occupé, un crime de guerre selon le droit international.

« Sur quel principe fonde-t-il sa conviction ? », a demandé le ministère palestinien des affaires étrangères, évoquant l’interview de M. Friedman. « Sur le droit international interdisant l’annexion d’un territoire par la force ? Ou la réalité imposée par les forces d’occupation ? », a-t-il poursuivi dans un communiqué dimanche, envisageant de déposer une plainte auprès de la Cour pénale internationale (CPI).

Les contacts officiels suspendus

La colonisation par Israël de la Cisjordanie occupée et de Jérusalem-Est annexée, illégale au regard du droit international, s’est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens depuis 1967. Résultat, plus de 600 000 colons israéliens y mènent une coexistence souvent conflictuelle avec près de 3 millions de Palestiniens. M. Friedman a soutenu des intérêts de colons israéliens, et la fondation familiale de Jared Kushner, gendre et conseiller du président américain chargé du plan de paix, a financé des colonies israéliennes.

Depuis décembre 2017, la direction palestinienne a suspendu les contacts officiels avec le gouvernement américain, après la reconnaissance par Washington de Jérusalem comme capitale d’Israël. La communauté internationale a désapprouvé la décision américaine, les Palestiniens espérant faire de Jérusalem-Est la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.

Washington a toutefois prévu de présenter fin juin à Bahreïn le volet économique de son plan, sans qu’aucune date n’ait toutefois été fixée pour la présentation du plan dans son ensemble. Sans compter qu’Israël entame une nouvelle période électorale après l’échec du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, à former une coalition à l’issue des législatives d’avril, ce qui devrait encore retarder le calendrier.

 

                        Marche du Retour

17 Palestiniens blessés par des tirs israéliens à Ghaza

Au moins, dix-sept (17) palestiniens ont été  blessés vendredi par des tirs israéliens dont un ambulancier dans  différentes régions de la bande de Ghaza lors de la répression d’une marche pacifique hebdomadaire, rapporte l’agence palestinienne de presse, Wafa,  citant des sources médicales.

Les blessés dont un jeune en état grave, ont été ciblés par des tirs de  balles réelles et en caoutchouc, ainsi que du gaz lacrymogène selon Wafa.   Vendredi dernier, 34 palestiniens dont deux urgentistes, ont été blessés par les forces de l’armée israélienne à l’est de l’enclave au cours de leur  participation à la marche pacifique du Retour, avait annoncé le ministère palestinien de la Santé.

Depuis le 30 mars 2018, les Palestiniens participent à des marches  pacifiques près de la barrière érigée par l’occupant israélien, séparant la  bande de Ghaza des territoires palestiniens occupés en 1948, pour réclamer la levée de l’embargo et pour exiger le retour des réfugiés vivant dans la  bande dans leurs villes et villages occupées par Israël. Face à ces manifestations, les forces d’occupation ont réagi par la répression et des tirs, tuant plus de 300 et blessant plus de  17.58 Palestiniens .

 

                                                                                                   Ahsene Saaid /CPI