«Noun, la danse des éléments ou le voyage des oiseaux», ballet oriental contemporain, mis en scène par Assia Guemra, a été présenté, vendredi soir, à Alger, devant un public nombreux, dans une quête de soi jusqu’aux origines de la vie, brillamment menée à travers plusieurs genres musicaux.
Le nombreux public de l’Opéra d’Alger Boualem-Bessaïh a pris part, près de deux heures de temps, à un voyage existentiel, inspiré des élé- ments de la nature et adapté par Assia Guemra du poème épique, Manteq Ut Tayr (le langage des oiseaux), écrit au XIe siècle par l’Iranien Farid Ud-Din Attr. D’une grande densité, le spectacle, à la portée philosophique, invite l’Homme à méditer sur le sens qu’il doit donner à sa vie, à travers la symbolique des oiseaux, réunis et partis, dans un passé lointain selon la légende, à la recherche du Simorgh (oiseau fabuleux et puissant), pour les guider et les gouverner. Dans leur extraordinaire périple qui les mènera aux quatre coins du monde, les oiseaux vont être contraints de passer les «épreuves du Noun» (de la puissance), se mesurant alors, à l’eau, le feu, le bois, le fer, la terre, l’air et l’éther. Issues des grandes écoles de danse et de musique, huit ballerines élancées, dirigées par Assia Guemra, et sept musiciens chevronnés sous la baguette de Nasro Beghdad, de différentes origines, ont donné vie au spectacle, étalant une vingtaine de tableaux, rendus en un seul acte. Dans la grâce du mouvement et la beauté du geste, les ballerines, en couleurs variées dans leurs accoutrements haute- couture conçus par la metteure en scène et Albert Spierglass, ont incarné successivement dans la dureté des épreuves, les éléments de la nature, dans différentes chorégraphies (parfois acrobatiques), en solo ou en groupe. Mettant en valeur la musique algérienne dans sa diversité, en rapport intelligent avec les musiques du monde, les pièces signées Nasro Beghdad, rendues sur scène par un orchestre acoustique, ont été d’un soutien concluant aux chorégraphies, exé- cutées avec douceur, dans des variations modales et rythmiques, appelant plusieurs registres musicaux de différentes cultures. Les enchaînements agréables à l’oreille des genres, arabo-andalou, flamenco, les maqamet et taqacimes du style oriental, le gnaoui, le moderne, les musiques asiatiques, le bedoui et le chaoui, ont montré la force de l’arrangement, établissant des passerelles d’échanges et un dialogue entre les cultures. Parmi les pièces étalées, en plus de celles qui ont concerné les épreuves avec les éléments de la nature, «A la recherche», «Le Noun d’or», «Le grand brasier», «Hydre sage d’orient», «Terra», «Voile d’éther», «Métamorphose» (1 et 2), «Naissance» et «La voie de la joie». La scénographie, minimaliste mais judicieuse s’est contentée de quelques calligraphies (du Noun) suspendues à l’avant-scène, des accessoires et un éclairage des plus concluants qui a créé de belles atmosphères, en phase avec les figures exécutées. En présence du chef de cabinet du ministère de la Culture, Ali Redjel et le président du Conseil international de la danse, partenaire officiel de l’Organisation des Nations unies pour l’Education, la Science et la Culture (Unesco), le public, découvrant et se découvrant, a été ravi par la puissance et la beauté des conceptions, tant sur le plan chorégraphique que musical. Noun, spectacle de danse contemporaine qui interroge l’Homme sur sa raison d’être, présenté dans des formes esthétiques hautement appréciées et très applaudies par l’assistance, a été organisé par l’Opéra d’Alger, en collaboration avec Salama Magazine, sous l’égide du ministère de la Culture.