La Fondation au nom du prestigieux penseur islamologue algérien, Malek Chebel, décédé en novembre dernier, a été inaugurée récemment à Paris, sept mois après sa disparition, a son président, son fils Mikaïl Chebel.
La Fondation Malek-Chebel, dont l’idée a vu le jour chez ses amis les jours ayant suivi ses obsèques, a pour objectif de promouvoir et expliquer « l’œuvre du penseur et écrivain musulman, de parachever certains ouvrages inachevés laissés par l’islamologue, notamment une encyclopédie de la civilisation arabo-musulmane, et d’exposer son riche fonds de Corans anciens ». La première étape de la fondation, dont le lancement s’est déroulé le 18 mai, vise à rendre « accessible » la pensée de Malek Chebel, particulièrement dans le monde universitaire, à travers notamment la traduction de ses œuvres en langue arabe. Le conseil scientifique de la fondation est composé d’amis de Malek Chebel et de représentants des trois religions monothéistes, dont notamment le grand rabbin de France Haïm Korsia et le Père Alain de la Morandais avec lesquels le penseur animait l’émission « Les enfants d’Abraham » sur la chaîne Direct 8, et Ghaleb Ben Cheikh, islamologue et président de la Conférence mondiale des religions pour la paix.
Il comprend également l’islamologue franco-marocain Rachid Benzine, le philosophe Luc Ferry et la sénatrice d’origine algérienne Bariza Khiari. Les animateurs de cette fondation ont décidé de mettre sur pied, d’ici à trois ans, trois grandes structures autonomes qui œuvreront à faire rayonner les lumières de la raison, chères au penseur. Ces structures visent à « faire vivre l’œuvre de l’écrivain, participer à l’élaboration du savoir et promouvoir une image bienveillante de la civilisation arabo-islamique ». Ils préconisent la création d’un Collège des hautes études pour jouer un rôle « incontournable » dans l’enseignement supérieur en Algérie et d’un centre de réflexion et de recherche en sciences sociales au rayonnement international. A travers ces deux structures, des séminaires seront dispensés sur des questions spécialisées et des sujets de réflexion, regroupant des professionnels et des chercheurs. Par ailleurs, la fondation lancera un Musée International du coran regroupant une « prestigieuse » collection du Livre-Saint des musulmans, laissés par le défunt. Cette collection, indique-t-on, est composée de plus de 150 pièces venues des quatre coins de la planète qui seront exposées au public.
Malek Chebel, auteur du concept « l’islam des lumières », est décédé en novembre 2016 à Paris à l’âge de 63 ans des suites d’une longue maladie. Laissant une œuvre de plus de 35 livres, le défunt universitaire qui avait débuté son cursus en 1973 à l’Université d’Aïn El-Bey de Constantine, a obtenu un premier doctorat en psychopathologie clinique et psychanalyse à l’université Paris 7, le deuxième en 1982 en anthropologie, ethnologie et sciences des religions à Jussieu (Paris) et 1984, son doctorat de sciences politiques à l’Institut d’études politiques de Paris. Il était très connu des universités françaises et européennes et même dans le monde arabe pour avoir apporté un plus dans la réflexion sur l’islam et la modernité ce qui lui a prévalu à faire partie du Groupe des Sages qui réfléchissait sur le lien entre les deux rives de la Méditerranée.