Mihoubi sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale :  «Le contrat avec la société Seaal pourrait ne pas être reconduit»

0
571

Le contrat avec le partenaire français assurant la gestion déléguée de l’eau dans les villes d’Alger et Tipasa à travers la société Seaal, qui arrive à terme en août prochain, pourrait ne pas être reconduit en raison des «irrégularités» constatées dans son application, a indiqué, hier à Alger, le ministre des Ressources en eau, Mustapha Kamel Mihoubi.

Le partenaire français a failli à ses engagements, notamment dans le cadre de son troisième contrat, puisque il n’y a pas eu d’efforts en matière de lutte contre les fuites», a déploré M. Mihoubi, qui s’exprimait sur les ondes de la Chaîne III de la Radio algérienne. Dans ce sens, le ministre a souligné que la Seaal (Société des eaux et de l’assainissement d’Alger) n’a pas mis les moyens nécessaires pour évaluer et résorber le phénomène des fuites d’eau qui représente le «maillon faible» de cette société créée en 2006. «Il n’y a pas eu d’actions que récemment. C’est l’un des points qui n’ont pas été pris en charge», affirme M. Mihoubi. Pour appuyer ce constat, le ministère des Ressources en eau a engagé deux audits, sur la base desquels il va trancher sur la reconduction ou pas du contrat avec le partenaire français. «Le contrat est en vigueur et les engagements doivent être respectés, nous verrons à la fin du contrat s’il sera reconduit ou pas. (…) Mais je pense que pour le contrat III,  il y a eu des irrégularités en matière de gestion. La Seaal a géré quand la ressource a été abondante mais dans le contexte actuel de déficit, il y a un effort supplémentaire à faire», a-t-il déclaré. En sus, le mode de montage actuel du contrat «ne répond pas aux exigences actuelles» et doit être revu, ajoute le ministre. Détenue respectivement par l’Algérienne des eaux (70%), l’Office national de l’assainissement (30%), la Seaal  est gérée par le groupe international Suez depuis sa création en 2006 à travers trois contrats. Le dernier contrat a été signé en 2018 pour une durée de trois ans, et il porte sur la performance des services de l’eau et de l’assainissement d’Alger et de Tipasa et l’accompagnement des deux opérateurs nationaux (ADE et ONA) dans l’acquisition de savoir-faire métier.

Le déficit national de pluviométrie compris entre 20 et 30 % sur les trois dernières années L’Algérie a connu un déficit en pluviométrie compris entre 20 et 30 % sur les trois dernières années, ce qui rend le dessalement d’eau de mer une option «incontournable», a indiqué le ministre des Ressources en Eau, Mustapha-Kamel Mihoubi. Le ministre a fait savoir que l’ensemble des régions du pays ont connu un déficit de pluviométrie depuis l’année dernière à l’exception de la région Est qui a connu un surplus de 2 %.M. Mihoubi a également indiqué que pour la période de septembre à avril, il a été enregistré pour la région Ouest 225  millimètres (mm) de précipitations, soit -28 % comparativement à la moyenne des vingt dernières années, tandis-que le Centre-Ouest a enregistré 212 mm (-42%), 375 mm pour la région Centre-Est (-26%) et 598 mm (+2%).Concernant le taux de remplissage des barrages, le ministre a indiqué que pour l’Ouest, ce taux est de 28%, 21% pour le centre, 28% pour le Chélif et 67% pour l’Est, soit un taux de remplissage national autour de 44%.«Cela nous amène à revoir notre stratégie en matière d’organisation de la ressource et ne pas se contenter des ressources conventionnelles, à savoir les eaux de surface, en s’orientant vers les eaux non conventionnelles». Le ministre a ainsi plaidé pour la mobilisation des moyens nécessaires et le redoublement des efforts en matière de réalisation de stations de dessalement d’eau de mer (SDEM).Les perspectives de la stratégie du secteur incluent le doublement du nombre de SDEM et parvenir à horizon 2030 à 2 milliards m3 de production d’eau non conventionnelle, évoquant aussi la possibilité de l’extension des capacités certaines stations existantes. À titre d’exemple, les capacités de la station d’El Hamma  (Alger) devraient être renforcées prochainement pour atteindre 240 000 m3/jour contre 200 000 m3/jour actuellement. Actuellement, le pays compte 11 SDEM produisant 2,1 millions m3/jour, soit près de 770 millions m3/an. Concernant le financement des nouveaux projets de SDEM, M. Mihoubi a souligné qu’il se fera selon de nouveaux modes de montage financiers.«Un comité interministériel regroupant les représentants des ministères des Ressources en eau et de l’Energie ainsi que des experts, travaille actuellement sur des nouvelles formules de financement, vu que l’ancienne formule n’était pas aussi probante».

Une charte sur l’économie de l’eau présentée Par ailleurs, concernant le volet du gaspillage de l’eau, M. Mihoubi a souligné l’intérêt d’un travail de communication et de sensibilisation des citoyens, notamment via l’Agence nationale de gestion intégrée des ressources en eau (AGIRE) et l’implication d’autres ministères. Dans ce cadre, il a fait savoir qu’une charte sur l’économie de l’eau sera présentée aujourd’hui  puis transmise à l’ensemble des secteurs pour faire l’objet d’actions concrètes. Au terme de ce travail de sensibilisation, il pourrait être instauré un système répressif contre le gaspillage de l’eau, notamment au niveau des piquages illicites. S’agissant du prix de la ressource hydrique, le ministre a évoqué une possible augmentation, «pas dans l’immédiat», pour la part consacrée à la tranche économique (industrie). «Nous avons consenti des sommes d’investissement colossales dans les projets, je pense qu’il est temps de revoir cette tarification», a-t-il estimé, assurant que pour les citoyens, l’augmentation des prix n’est pas envisagée. Il a souligné, dans ce sens, que la subvention de l’Etat ne sera supprimée qu’après avoir atteint un niveau élevé de performance dans la qualité de service en matière d’alimentation d’eau potable.

Moussa O. / Ag.