Un document judiciaire évoque une étude interne à Meta, nommée «Projet Mercure», qui aurait démontré les effets négatifs de Facebook sur les plus jeunes, avant d’être censurée par l’entreprise.
Vendredi 21 novembre, le tribunal d’instance du district Nord de la Californie a publié un document quelque peu dérangeant pour Meta: la multinationale est accusée d’avoir stoppé une recherche interne sur l’impact des réseaux sociaux, après que celle-ci a commencé à mettre en lumière des résultats négatifs. Selon le média Fast Company, ce sont des procureurs généraux de différents États américains, accompagnés de commissions scolaires et de parents d’élèves, qui avaient à l’origine intenté une action en justice contre Meta, YouTube, TikTok et Snapchat. Le document judiciaire allègue que Meta aurait induit son public en erreur quant aux risques pour la santé mentale des enfants et des jeunes adultes qui utilisent Facebook et Instagram de manière excessive. Et ce, alors même que ses propres recherches démontraient que ces applications étaient nocives. «La société n’a jamais divulgué publiquement les résultats de son étude, indique la plainte. Au lieu de cela, Meta a menti au Congrès sur ce qu’elle savait.» L’étude en question, baptisée «Projet Mercure», a été menée en 2020 en collaboration avec l’institut de sondage Nielsen, pour évaluer l’impact de l’arrêt de Facebook sur les individus. Selon des documents internes, «les personnes ayant cessé d’utiliser Facebook pendant une semaine ont rapporté une diminution des sentiments de dépression, d’anxiété, de solitude et de comparaison sociale». Meta aurait alors abandonné le projet, arguant que les réponses des participants étaient biaisées par «le discours médiatique véhiculé autour de l’entreprise», indique le document juridique.
L’addiction aux réseaux sociaux
De son côté, le média américain Politico révélait plus tôt cette année que lors d’une déposition sous scellés, des employés de Meta avaient exprimé leur inquiétude quant aux conclusions de l’étude. Shayli Jimenez, chercheuse principale chez Meta, aurait ainsi déclaré: «Instagram, c’est une drogue.» Affirmation à laquelle un autre employé aurait alors répondu: «On est des dealers, en gros.» L’article de Politico indique que Shayli Jimenez a cependant précisé lors de sa déposition que ces propos étaient ironiques. Dans un communiqué rapporté par CNBC, le porte-parole de Meta, Andy Stone, déclare fermement que l’entreprise conteste ces allégations, «qui s’appuient sur des citations triées sur le volet et des opinions mal informées dans le but de présenter une image délibérément trompeuse». Avant d’ajouter: «Les faits démontrent que depuis plus de dix ans, nous sommes à l’écoute des parents, que nous menons des recherches sur les questions les plus importantes et que nous apportons de véritables changements pour protéger les adolescents.» Sur le réseau social Bluesky, Andy Stone a également réfuté l’idée que Meta cherchait à dissimuler les résultats de l’étude interrompue menée avec l’institut Nielsen. Son argument est le suivant: cette étude aurait révélé que les personnes qui estimaient que l’utilisation de Facebook était néfaste se sentaient mieux après avoir cessé de l’utiliser. Même si cela «paraît logique», cela «ne montre rien de l’effet réel de l’utilisation de la plateforme».
Cette nouvelle polémique autour des recherches de Meta et de l’impact de Facebook sur la santé mentale est loin d’être la première. En 2021, Frances Haugen, ancienne chef de produit chez Facebook, avait divulgué au gouvernement américain des centaines de documents internes faisant état de risques pour les enfants. Elle avait alors déclaré que la direction de l’entreprise savait comment rendre Facebook et Instagram plus sûrs, mais refusait de le faire «car elle fait passer ses profits astronomiques avant les personnes».






