Messahel : « la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent est un défi qui nous interpelle individuellement et collectivement »

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Une rencontre internationale sur la prévention de l’extrémisme violent a mis dimanche à Alger la nécessité, pour une lutte globale contre ce phénomène qui n’a pas de frontières,  d’allier l’aspect sécuritaire au développement économique et social, garant de stabilité et protecteur contre toutes les idéologies du chaos.

Placées sous  le thème «  investir dans la paix et la prévention de la violence dans la région Sahélo- saharienne, les Troisièmes conversations régionales pour la prévention de l’extrémisme violent se tiennent pour la première fois  en Afrique du Nord. Les 1éres et 2émes éditions des « Conversations régionales » ont eu lieu, à Dakar en 2016 et à N’Djamena en 2017. Les  intervenant ont mis en avant la nécessité de s’attaquer aux racines  du mal dont la misère, la pauvreté, l’exclusion, l’injustice sociale. Le ministre des Affaires étrangères Abdelkader Messahel a estimé que la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent est « un défi qui nous interpelle individuellement et collectivement ». S’exprimant, à l’ouverture de cette rencontre, il soulignera que   cette   rencontre s’inscrit pleinement dans l’action de sensibilisation, d’échange de bonnes pratiques et de partage d’expériences pour laquelle l’Algérie est engagée à différents niveaux. Selon lui,  l’objectif est de mobiliser l’effort des différents pays et de renforcer les capacités respectives de lutte contre cette menace qui « ignore les frontières », en particulier dans la région du Sahel  avec laquelle l’Algérie  partage de fortes relations historiques, humaines, culturelles, économiques et sécuritaires. Abdelkader Messahel a soutenu que la prise en charge du problème exige la mobilisation de l’Etat, des institutions publiques, de la société civile et nécessite la mise en place de stratégies multisectorielles à long terme.  Toutefois, l’effort sécuritaire indispensable, doit s’intégrer dans des approches politiques, économiques, sociales, culturelles à long terme qui ciblent les facteurs de marginalisation et d’injustice sociale que la propagande terroristes exploite. « La misère et la pauvreté sont des créneaux que les groupes terroristes exploitent de plus en plus aidés, en cela par la jonction de leur activités avec celles des réseaux du crime organisé transnational et les importantes ressources financières ainsi mobilisées pour ces groupes », soutient  le chef de la diplomatie algérienne.   Messahel  soulignera   que la progression du phénomène est facilitée par la combinaison de plusieurs facteurs : Internet, réseaux sociaux, plates formes cryptées, Darknet et l’intéressement financier de jeunes rendus vulnérables par la pauvreté et l’absence de perspectives socioéconomiques.

L’approche algérienne

Selon Messahel , « l’approche algérienne consiste à maintenir un haut niveau de vigilance des forces armées et des services de sécurité à l‘intérieur du pays et sur nos frontières et la mise en œuvre de politiques globales ». Celles-ci sont  centrées sur la promotion de la démocratie en tant qu’antidote au terrorisme et à l’extrémisme violent,  le renforcement des leviers de l’Etat de droit,  la bonne gouvernance, le respect des droits de l’homme et des libertés individuelles et publiques, la promotion de la justice sociale et du vivre ensemble. Le diplomate a rappelé les politiques de concorde civile et de la réconciliation nationale prônées par le président de la république et mis en œuvre avec l’appui massif du peuple. Il soulignera que celles-ci ont joué un rôle »déterminant » dans le retour de la paix, la sécurité et la stabilité.  « Cette démarche a été soutenue par une politique de déradicalisation portée par la mise en œuvre de profonde réformes toutes guidées par la volonté de promouvoir l’inclusion  et lutter contre les facteurs d’exclusion dans tous les secteurs d’activité », ajoutera le ministre.  En plus de ces actions en interne, Messahel a indiqué que l’Algérie  développe une dense action de coopération bilatérale, régionale et internationale en matière de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme. « Avec les pays voisins, cette coopération porte sur la formation, l’assistance technique et l’échanges d’expérience avec l’objectif de les appuyer dans leur efforts nationaux contre ces fléaux. Au niveau international, l’Algérie ne ménage aucun effort en vue de contribuer au renforcement des capacités régionales de lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme », précisera-t-il. En conclusion, Messahel a réitéré la disponibilité de l’Algérie à partager son expérience en la matière .  Pour sa part, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), Mohamed Ibn Chambas  affirmera  que cette rencontre démontre l’engagement sans faille de l’Algérie pour la paix et la sécurité. Il a mis l’accent sur la nécessité d’investir davantage dans la paix pour contrecarrer  toutes les formes de violence et d’extrémisme. Le responsable a insisté sur l’impératif de faire valoir  une approche préventive pour la lutte contre le phénomène.  L’Ambassadrice de Suisse en Algérie, Muriel Berset Kohen  fera remarquer que le problème est devenu sérieusement  préoccupant dans notre monde globalisé. La diplomate évoquera la nécessité de parler sans tabou de la question (son évolution et son impact dans la société). En plus de l’approche sécuritaire, elle plaidera pour la mise en œuvre d’une politique  préventive,  comme un des moyens de lutte. De son côté, le représentant de l’Institut international pour la paix,  Youssef Mahmoud indiquera que l’action doit se focaliser sur  l’identification des  structures et  politiques susceptibles  d’immuniser nos pays et  peuples contre l’extrémisme violent. Il a insisté  sur le  dialogue inclusif et le rétablissement de la confiance entre les Etats et  leurs citoyens. Enfin, le représentant spécial de l’UA pour la coopération, l’antiterrorisme et  directeur du Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (Caert), Larry Gbevlo-Lartey regrettera que la violence gagne du terrain et se renforce   en exploitant les fragilités sociales (chômage, pauvreté….).

Ali B