Conséquence de la nouvelle réglementation de la Fédération tunisienne de football qui ne considère plus les Nord-Africains comme des joueurs «locaux», beaucoup de nos compatriotes, notamment des internationaux, ont quitté, cet été, le championnat tunisien pour divers horizons.
C’était plutôt prévisible, d’autant que les clubs tunisiens connaissent également des difficultés financières n’ayant plus les ressources nécessaires pour payer régulièrement leurs joueurs, au point où la FIFpro (le syndicat mondial des footballeurs professionnels), les a placés sur liste noire à l’instar de leurs homologues algériens. D’ailleurs, nos internationaux Benayada, Laouafi, Chetti ou encore Benghit avant eux, ont résilié leur contrat d’une manière unilatérale pour aller voir ailleurs. Ainsi, Chetti vient de signer en Ligue 1 française, à Angers, même si l’EST conteste son transfert. Quant à Laouafi, il a préféré rentrer au pays pour rejoindre le champion d’Algérie, le CRB. Benayada, pour sa part, a déjà annoncé son départ de l’ES Sahel probablement pour aller monnayer son talent dans l’un des pays du Golfe. Il faut rappeler aussi qu’Abdelkader Badrane s’est engagé avec l’équipe saoudienne de Damac FC, dès la fin de son bail avec l’ES Tunis. Et ce n’est qu’un début, d’autres joueurs vont probablement leur emboîter le pas dans les jours et les semaines à venir. Par ailleurs, on ne pense pas que les clubs tunisiens viendront faire leur marché dans le championnat algérien, cet été, comme on a pu le voir ces dernières saisons. En revanche, ils pourront «garder leurs joueurs sous contrat, mais ne seront pas en mesure de recruter des joueurs étrangers qu’en cas de résiliation de certains contrats, tout en respectant le nombre total de 6 joueurs pour la saison 2022-2023 et de 4 pour la saison 2023-2024», indique la FTF. Ces mesures ou plus précisément ces restrictions ont pour effet de redistribuer les cartes sur la scène internationale. Certains de nos clubs, les plus nantis, pourront être plus compétitifs à court terme dans la mesure où ils seront plus à même de garder leurs meilleurs éléments, voire rapatrier d’autres, comme vient de le faire le CRB avec Laouafi. Est-ce à dire que c’est la fin de l’eldorado tunisien pour nos joueurs locaux ? Tout porte à le croire. Il y aura vraisemblablement de moins en moins de joueurs algériens évoluant en Tunisie au cours des saisons à venir. D’autant qu’ils n’ont plus la cote chez nos voisins. Ils devront désormais changer de destination, notamment vers les pays du Golfe, mais aussi vers l’Europe pour les plus forts d’entre eux. Mais il y a des raisons de penser que l’exode en Ligue 1 sera moins significatif, même si nos joueurs voudront toujours s’expatrier, là où l’herbe est plus verte. Cela fera, en tout cas, moins de concurrence pour nos équipes qui ont souffert ces dernières années de la surenchère exercée par les Tunisiens sur le marché des transferts, au point où la FAF s’est plainte aux instances internationales, dénonçant une concurrence déloyale.
Ali Nezlioui