Maurice Audin, disparu en juin 1957, sous la torture de l’armée coloniale Une reconnaissance après 60 ans d’attente

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Le président Français s’est rendu ce jeudi au domicile de  la veuve  de Maurice Audin  en France. Emmanuel Macron demande « pardon », en venant chez Josette  lui remettre à son domicile une déclaration reconnaissant que le militant communiste, disparu en 1957, était mort sous la torture du fait d’un « système légalement institué » alors en Algérie par la France. La rencontre entre le président et Josette Audin a eu lieu à l’abri des caméras mais Sébastien Jumel, député-maire PCF de Dieppe, impliqué dans le combat pour obtenir cette reconnaissance, y a assisté et évoque une « proximité respectueuse ».

« C’est à moi de vous demander pardon, donc vous ne me dites rien. On restaure un peu de ce qui devait être fait », a dit le chef de l’Etat à Josette Audin lorsque celle-ci a voulu le remercier pour cette déclaration à son domicile de Bagnolet (Seine-Saint-Denis).

Le président  Français a ajouté « Vous n’avez jamais cédé pour faire reconnaître la vérité. La seule chose que je fais, c’est la reconnaître », a assuré à Josette Audin le chef de l’Etat, venu lui remettre une déclaration en ce sens à son domicile .

Dans cette déclaration, le président « reconnaît, au nom de la République française, que Maurice Audin a été torturé , puis exécuté ou torturé à mort par des militaires qui l’avaient arrêté à son domicile » le 11 juin 1957.

Il reconnaît aussi que si sa mort est, en dernier ressort, le fait de quelques-uns, elle a néanmoins été rendue possible par un système légalement institué », continue le texte, alors que la trace du mathématicien et militant communiste, suspecté d’avoir aidé le FLN, était perdue 10 jours après son arrestation.

Par ce geste, la France a reconnu jeudi officiellement avoir instauré un “système” recourant à la “torture” pendant la guerre de libération nationale. L’Elysée a ajouté que le chef d’Etat annoncera “l’ouverture des archives sur le sujet des disparus civils et militaires, français et algériens”. C’est le député Cédric Villani, proche du président Macron et de la famille Audin, qu’il a annoncé cette nouvelle jeudi matin sur les ondes France Inter. En février dernier, rappelle-t-on, un témoignage d’un appelé de contingent, qui pense avoir enterré le corps de Maurice Audin, a relancé l’exigence de vérité sur ce crime vieux de 61 ans.

“Je crois que c’est moi qui ai enterré le corps de Maurice Audin”, avait confié au journaliste de l’Humanité ce témoin des atrocités qu’avait fait subir l’armée française aux Algériens durant la guerre de libération et qui a voulu garder l’anonymat en se tenant à la disposition de la famille Audin. Il a raconté que les événements se sont déroulés dans une ferme à Fondouk (actuellement Khemis el-Khechna) où, dans une cabane fermée à clé, se trouvaient “deux cadavres enroulés dans des draps et cachés sous la paille”.

“J’ai d’abord l’impression de loin que ce sont des Africains. Ils sont tout noirs, comme du charbon”, a-t-il précisé, faisant état des propos du soldat Gérard Garcet, désigné plus tard par ses supérieurs comme l’assassin de Maurice Audin qui racontait “fièrement” avoir passé les deux victimes à la “lampe à souder” (…) pour éviter qu’on puisse les identifier”. Depuis, plusieurs personnalités, intellectuels et associations réclament la vérité sur cet assassinat.

Le même jour, de cette reconnaissance  Abdelaziz Bouteflika a appelé Emmanuel Macron pour discuter de coopération et de la situation en Libye et au Sahel. Ces deux faits ont-ils été annoncés en préparation d’un sommet entre les deux dirigeants.

Dans le cadre des relations bilatérales et du partenariat stratégique entre Alger et Paris, le Président algérien Abdelaziz Bouteflika s’est entretenu, le 13 septembre, lors d’un appel téléphonique, avec son homologue français, Emmanuel Macron, a annoncé un communiqué de la présidence algérienne cité par l’Algérie Presse Service (APS). Lors de cet appel, les deux chefs d’État ont également abordé la situation en Libye et au Mali, selon la même source.

Selon le communiqué, cet entretien entre les deux Présidents de la République «qui s’inscrit dans la tradition de concertation entre les deux chefs d’État, a porté sur les relations algéro-françaises marquées du sceau du partenariat stratégique dans tous les domaines ainsi que sur la situation dans la région, notamment en Libye et au Mali».