L’intervention des Russes en faveur du Président Trump pendant la campagne présidentielle américaine apporte quotidiennement des éléments nouveaux, bien que les relations entre les deux pays se dégradent, notamment depuis les dernières sanctions économiques prises par le Sénat américain qui attendent l’aval du Président Donald Trump.
Aujourd’hui, la chaîne d’information conservatrice Fox News, soutien de Donald Trump, a été assigné, ce mardi, par l’un de ses consultants qui l’accuse d’avoir publié, à dessein, de fausses informations défavorables aux démocrates à la demande du président des Etats-Unis. Consultant pour la chaîne sur les questions de sécurité, police et justice, Rod Wheeler reproche à Fox News d’avoir monté de toutes pièces une histoire autour de l’affaire Seth Rich, employé au sein du comité national du parti démocrate (DNC), qui a été tué par balles mi-juillet 2016 non loin de son domicile de Washington. L’enquête officielle avait conclu à un vol à main armée qui aurait mal tourné, mais, dès son décès, plusieurs sites et médias identifiés comme conservateurs ont laissé entendre qu’il pouvait s’agir d’un assassinat politique.
Selon cette théorie, qui n’est étayée par aucune preuve formelle, Seth Rich aurait communiqué à Wikileaks, la plateforme de publication de documents secrets, des courriers électroniques internes au comité national du parti démocrate, avant d’être découvert assassiné. Mi-mai, Fox News a diffusé, sur son site Iinternet, un article accréditant cette thèse, intégrant des citations de Rod Wheeler, qui affirmait que Seth Rich avait bien transmis des courriers électroniques à Wikileaks et qu’un haut responsable s’attachait à bloquer l’enquête sur cette affaire. Mais, selon Rod Wheeler, qui a saisi, ce mardi, le tribunal fédéral de Manhattan, ces citations, constituant la seule source de l’article. Il affirme ainsi ne jamais avoir tenu ces propos, selon le document de l’assignation. Quelques jours après avoir mis l’article en ligne, Fox News l’a retiré, expliquant qu’il n’avait pas été soumis à «l’examen éditorial le plus exigeant» et ne respectait pas les «standards» de la chaîne en matière d’information. Selon Rod Wheeler, la journaliste de Fox News auteure de l’article aurait travaillé en collaboration avec un autre consultant de la chaîne, proche de l’équipe Trump, Ed Butowsky, également visé par l’assignation. Il affirme qu’ils auraient monté cette histoire de toutes pièces pour affaiblir les démocrates et soulager la pression pesant sur Donald Trump et plusieurs membres de son équipe, soupçonnés d’avoir collaboré avec la Russie. Le consultant assure également que le Président lui-même aurait lu l’article avant publication et aurait demandé instamment qu’il soit mis en ligne, quelques heures avant la publication. Le Président en charge de l’information de Fox News, Jay Wallace, a qualifié, ce mardi ces accusations de «complètement fausses».
L’article incriminé fait l’objet d’une enquête interne en cours, «et nous n’avons aucune preuve que Rod Wheeler ait été cité de manière erronée» par l’auteure de l’article, a-t-il ajouté. «Le Président n’a pas connaissance de l’histoire et il est complètement faux (de dire) que lui ou la Maison-Blanche aient été impliqués», a commenté, ce mardi, la porte-parole de la Maison- Blanche Sarah Huckabee Sanders lors d’un point presse. En vérité, ce n’est pas tout à fait un rebondissement, mais le signe que l’enquête sur la rencontre entre Donald Trump Junior et une série d’intermédiaires russes, proposant des documents compromettants pour la candidate démocrate Hillary Clinton, se rapproche du Président lui-même. Selon de nouvelles informations publiées par le Washington Post, mardi 1er août, Donald Trump aurait lui-même «dicté» à son fils le communiqué -en partie inexactdans lequel Don Junior a été obligé de confirmer la réunion du 9 juin 2016 à la Trump Tower. Si elle a réfuté le terme «dicté», la porte-parole de la Maison-Blanche Sarah Sanders a dû reconnaître, ce mardi que le Président avait «contribué» à la rédaction de cette déclaration, un aveu qui relance les soupçons de tentative de dissimulation ou d’entrave à la justice, et qui pourrait conduire Trump à être questionné par le procureur spécial Robert Mueller.
Tous les regards sont maintenant portés sur la soirée du 8 juillet, dans l’avion Air Force One ramenant le Président et sa suite à Washington après le G20 de Hambourg. Quelques heures plus tôt, Trump a eu un long aparté avec son homologue russe Vladimir Poutine, pendant le dîner de gala. Comme il l’affirmera lui-même dans son interview du 19 juillet au New York Times, les deux dirigeants ont parlé des adoptions d’enfants russes aux Etats-Unis, un dossier qui dans l’esprit du Kremlin est indissociable de celui des sanctions contre la Russie, ces sanctions que l’entourage de Trump se proposait d’alléger dans le cadre d’une remise à plat globale des relations bilatérales. Au même moment, ce 8 juillet, son fils Don Junior est aux prises avec un dilemme.
Comment répondre au New York Times, qui s’apprête à publier un scoop explosif dans le contexte de l’enquête sur une possible collusion de la campagne de Trump avec la Russie pour faire basculer l’élection dans le camp républicain.