Les mandats d’arrêt émis par la CPI contre 2 responsables de l’entité sioniste pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis à Ghaza représentent « une avancée historique », soutient Amnesty International.
« Les mandats d’arrêt émis le 21 novembre 2024 représentent une avancée historique pour la justice et doivent marquer le début de la fin de l’impunité persistante et généralisée qui est au cœur de la crise des droits humains dans le territoire palestinien occupé », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International.
« Netanyahu est maintenant officiellement un homme recherché »
Selon cette ONG, « la CPI (Cour pénale internationale) apporte enfin un véritable espoir de justice aux innombrables victimes de crimes de droit international » et « rétablit une certaine confiance dans la valeur universelle des instruments juridiques internationaux et de la justice internationale ». Rappelant que « tout Etat de la planète a l’obligation de traduire en justice les personnes soupçonnées de telles +violations graves+, indépendamment de la nationalité de l’auteur ou de la victime », l’organisation a souligné que le « chef du gouvernement » d’occupation sioniste, le dénommé « Benjamin Netanyahu, est maintenant officiellement un homme recherché ».
« Violations graves des Conventions de Genève »
Après son inculpation, ainsi que celle de l’ancien « ministre » de la Défense sioniste Yoav Gallant, « les Etats membres de la CPI et la communauté internationale dans son ensemble doivent tout mettre en œuvre pour que ces individus comparaissent devant les juges indépendants et impartiaux de la CPI », a plaidé cette ONG. « Il ne saurait y avoir de +refuge+ pour les personnes soupçonnées d’avoir commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité », a-t-elle ajouté. Amnesty International a affirmé que les mandats d’arrêt émis par la CPI contre les deux responsables sionistes « contiennent sans équivoque des accusations de crimes de guerre constituant des violations graves des Conventions de Genève ». Demander des comptes à ces deux personnes « pour leur longue liste de crimes est une étape cruciale pour mettre un terme aux violations persistantes des droits » dans le territoire palestinien occupé, a soutenu l’ONG pour qui cela pourrait même « aider à remédier aux spoliations et à l’oppression dont continuent d’être victimes les Palestiniens et Palestiniennes sous l’occupation illégale et le régime d’apartheid » sioniste.
Une décision « sans précédent »
De son côté le professeur de droit international à l’Université libre de Bruxelles (ULB), Olivier Corten, a salué le « courage » de la Cour qui « a osé franchir ce pas » malgré les « pressions très fortes » exercées sur ses membres. « La décision est quand même sans précédent dans la mesure où jusqu’ici, la Cour pénale internationale n’avait délivré des mandats d’arrêt que contre des personnes qui n’étaient pas des personnes liées à des Etats occidentaux ou alliés à des Etats occidentaux, ce qui avait suscité des critiques très fortes contre la Cour. Pas du côté des Etats-Unis, évidemment, mais du côté plutôt du Sud global, plus généralement aussi de la part de beaucoup de juristes qui estimaient qu’à un certain moment, plus de 20 ans après le début de ses activités, il serait temps que la Cour montre son indépendance », a-t-il déclaré sur la chaîne « La Première » de la RTBF. C’est ce qu’elle a fait, a-t-il poursuivi, « pour la première fois de manière, il faut le dire, assez courageuse puisqu’elle a émis ses mandats d’arrêt, confirmant la demande qui avait été faite par le procureur il y a maintenant à peu près six mois, alors qu’elle était l’objet de pressions ».
Guerre secrète de l’entité sioniste contre la CPI
Olivier Corten a rappelé, dans ce contexte, que les médias, The Guardian notamment, avaient démontré que « des pressions très fortes, y compris personnelles, contre les membres de la Cour, avaient été exercées pour qu’elle n’ose pas franchir ce pas ».
En effet, une enquête accablante publiée, en mai, par ce quotidien britannique a révélé au grand jour la guerre secrète menée par l’entité sioniste contre la CPI, et ses sombres méthodes allant de l’espionnage au piratage informatique et à l’intimidation pour tenter de « faire dérailler l’enquête » sur les crimes de guerre perpétrés en Palestine occupée.
« C’est un allié des Etats-Unis qui est visé »
Selon Olivier Corten, pendant des années, uniquement des Africains étaient sur le banc des accusés. Mais « (…) aujourd’hui, c’est un allié, en tout cas des Etats-Unis, qui est visé », a-t-il souligné. Il a estimé que la Cour « s’extrait des pressions politiques » et « parvient à agir contre toutes les personnes accusées de crimes graves, quelles que soient leurs origines ».Rejetant les accusations des responsables sionistes qui ont qualifié la décision de la CPI d’ »antisémite », ce professeur de droit international a assuré que «ces personnes sont poursuivies non pas parce qu’elles sont juives, mais parce qu’il y a, comme le dit la Cour, des motifs raisonnables de croire que ces personnes ont commis des crimes». «C’est en tant que criminels qu’ils sont poursuivis, peu importe leur origine», a-t-il conclu.