Lutte contre les violences faites aux femmes: Un dispositif national de 16 jours pour signaler, accompagner et agir

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À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, célébrée le 25 novembre, la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, Dr Soraya Mouloudji, a annoncé, mardi à Alger, le lancement de la campagne nationale de sensibilisation contre la violence faite aux femmes et aux filles, sous le slogan :

« Le respect mutuel, un comportement civilisé et humain ».
Menée sur 16 jours, cette campagne mobilise l’ensemble des wilayas à travers les directions de l’action sociale et de la solidarité, ainsi que les cellules de proximité de solidarité nationale, avec la participation active d’acteurs institutionnels, sociaux et associatifs. La cérémonie s’est déroulée en présence du ministre de la Justice, garde des Sceaux, M. Lotfi Boudjmaâ, de responsables d’organismes nationaux, de représentants d’organisations onusiennes, de présidents de commissions parlementaires, ainsi que de représentants de divers départements ministériels et de corps sécuritaires et militaires. Dans son allocution, la ministre a rappelé les multiples actions entreprises par son département pour protéger les femmes contre toutes les formes de violence. Elle a notamment mis en avant le numéro vert gratuit 1026, dédié aux femmes victimes de violence. À travers ce dispositif, les victimes peuvent signaler les faits, recevoir une orientation immédiate et être prises en charge par les intervenants et spécialistes des espaces d’accueil, d’écoute, de conseil et d’accompagnement du secteur de la solidarité. La ministre a également présenté les guides d’information et d’orientation élaborés pour mieux accompagner les femmes, dont : le Guide de prise en charge des femmes et des filles victimes de violence, le Guide de l’autonomisation économique des femmes, élaboré en coordination avec plusieurs secteurs ministériels, et le Guide juridique de protection et de promotion de la femme, élaboré avec le ministère de la Justice.

Des plateformes numériques au service des victimes

Dans une dynamique de modernisation des services publics, la ministre a annoncé la mise en service de nouvelles plateformes numériques destinées aux familles et aux femmes en situation de vulnérabilité. La première, « Sandakom », propose des consultations familiales, des conseils spécialisés et un accompagnement personnalisé pour les différents membres de la famille.
La seconde, « Himayati », est une plateforme participative dédiée aux femmes victimes de violence. Développée en coordination avec les secteurs de la Justice, de la Santé, la Gendarmerie nationale et la Direction générale de la Sûreté nationale, elle permet une prise en charge rapide, coordonnée et sécurisée des cas signalés. La ministre a souligné que l’objectif est de renforcer la prise en charge multisectorielle des femmes victimes de violence, grâce à un outil intégré permettant la coordination entre les intervenants, en complément du travail mené dans les espaces d’accueil, d’écoute, de soutien et de réinsertion sociale ouverts dans toutes les wilayas.

Une vision globale fondée sur la prévention

Dr Soraya Mouloudji a insisté sur la nécessité d’agir en amont pour bâtir une société fondée sur l’égalité, le respect et la cohésion sociale. Selon elle, la protection des femmes et des filles contre la violence constitue une base essentielle pour construire une société équilibrée, capable de mobiliser pleinement son potentiel humain. Elle a souligné l’importance du rôle de l’éducation, de la formation et de la sensibilisation des femmes et des jeunes filles à leurs droits, ainsi que la nécessité d’élever le niveau de conscience collective sur les conséquences de la violence. La ministre est également revenue sur les évolutions juridiques visant à protéger les femmes. Elle a rappelé que le législateur algérien a criminalisé sévèrement toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles, tandis que le Code pénal a connu de nouvelles dispositions en avril 2024. Elle a également mentionné la loi de 2020 sur la prévention et la lutte contre la discrimination et les discours de haine, qui pénalise toutes les formes de discrimination et de discours haineux, y compris via les médias et les plateformes numériques. Selon la ministre, cet arsenal juridique est renforcé par l’action conjointe de l’ensemble des secteurs concernés : ministères, organismes nationaux, forces de sécurité, associations spécialisées, institutions religieuses, établissements éducatifs et centres de recherche, qui œuvrent à fournir des services de qualité aux femmes en situation de détresse. Dr Mouloudji a salué les efforts de l’ensemble des intervenants engagés dans cette cause cruciale pour la sécurité et la cohésion sociale. Elle a appelé les acteurs de la société civile, notamment les élites, à intensifier les actions de sensibilisation, à corriger les comportements fondés sur la violence ou la discrimination, et à promouvoir le dialogue, le respect mutuel et le rejet de toutes les formes d’agressivité, y compris sur les réseaux numériques.

Lancement officiel de “Himayati” en version mobile

La célébration a également été marquée par le lancement officiel de l’application mobile “Himayati”, destinée à renforcer l’intervention précoce et efficace, à assurer des réponses immédiates aux cas de violence et à améliorer la coordination intersectorielle. Une séance de dialogue a ensuite réuni des représentants du ministère de la Solidarité nationale, du ministère de la Santé, du ministère des Affaires religieuses, de la Sûreté nationale et de la Gendarmerie nationale. Les participants ont mis en lumière les mécanismes de coordination, l’importance d’une approche préventive et la construction d’un système intégré de protection, basé sur le partage des informations et une gouvernance sociale modernisée.

Yasmine Derbal

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