Lutte contre les surfacturations et la réalité des exportations: hors hydrocarbures en 2021 Poser les véritables problèmes pour éviter les erreurs du passé

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C’est par un langage de la vérité que l’on peut corriger les  erreurs. En perpétuant les discours et comportements du passé l’on ne peut aboutir  qu’à de fausses solutions qui accentuent la crise politique, économique et sociale. Morgenstern le fondateur de la statistique moderne a mis en garde les gouvernants dans un ouvrage célèbre «comment mentir par la manipulation des statistiques» 

1.-Les importations en devises de biens et services (pour les services  les surfacturations sont plus faciles) ont approché les 1000 milliards de dollars entre 2000/2020. Si j’applique  un taux entre 10 et 15% les surfacturations pourraient représenter environ 100 à 150 milliards de dollars soit deux à trois fois les réserves de change estimées à 44 milliards de dollars fin mai 2021. Or, les  réserves de change en nette diminution, avec une baisse drastique des investisseurs étrangers entre 2015/2020 et les recettes fiscales pour la partie dinar représentent une source indispensable pour le financement du développement et la cohésion sociale. Dans ce contexte,  les montants des surfacturations se répercutent normalement sur les prix intérieurs (les taxes des douanes se calculant sur la valeur du dinar au port surfacturé) donc supportés par les consommateurs algériens. Les transferts de devises via les marchandises sont également encouragés par les subventions généralisées mal ciblées, bien que servant de tampon social, source de gaspillage étant à l’origine des fuites des produits hors des frontières que l’on ne combat par des mesures bureaucratiques. Et d’une manière générale, la gestion administrative (flottement administré) du taux de change du dinar a intensifié les pratiques spéculatives ces dernières années par l’écart entre le taux de change officiel et le taux sur le marché parallèle permettant des opérations de transferts illicites de capitaux. La lutte contre ce fléau qui menace la sécurité nationale passe par le renouveau du système d’information au temps réel qui s’est totalement effrité, assistant à des données et discours contradictoires de certains  responsables. Lors de quatre  audits sous ma direction assisté d’experts et des cadres dirigeants du ministère de l’Energie et de Sonatrach, même pour  une importante société de Sonatrach  entre 1974/2015, il nous a été très difficile  de cerner les coûts arrivés au port tant du baril de pétrole que du MBTU de gaz naturel, faute de comptes éclatés sectoriels physico-financiers et d’une comptabilité analytique en temps réel Sonatrach  livrant des comptes consolidés de peu de signification.

2.- Dans un tel contexte, prenons garde aux utopies en induisant en erreur l’opinion publique nationale, pas  les étrangers qui connaissent parfaitement la structure économique du pays, de l’annonce de 4 milliards de dollars hors hydrocarbures pour l’année 2021. Le bilan officiel de Sonatrach 2020 donne 2 milliards de dollars des dérivées d’hydrocarbures  avec une perspective de plus de 2,5 pour 2021 et si l’on ajoute  les semi produits  le montant  dépasse les  3 milliards de dollars restant aux produits à valeur ajoutée concurrentiel moins de 1 milliard de dollars.  Par ailleurs, le ministère du Commerce pour plus d’objectivité ne doit pas donner que la valeur, certains produits comme les engrais ayant connu une hausse entre 30/40% sur le marché mondial en 2021, mais également le volume exporté (kg, tonne… ect) afin de voir s’il y’a eu une réelle dynamique d’exportation de certaines entreprises, dresser la balance devises en soustrayant  les matières importées en devises,  ainsi que les exonérations fiscales et certaines subventions  comme le prix de cession du gaz cédé à 10/20% de la cotation sur le marché international pour certaines unités exportatrices fortes consommatrices  de gaz. Pour se prémunir contre les fraudes dans le cadre du commerce extérieur, l’Algérie doit se mettre en réseau avec les sociétés étrangères d’inspection avant expédition (SIE) dans le cadre de l’accord Inspection Avant Expédition (IAE) dans le cadre du GATT et repris par l’OMC ? Comme il sera utile une collaboration étroite entre les services de renseignements qui se spécialisent de plus en plus dans l’économique (USA-Europe/Chine, notamment) où l’Algérie effectue plus de 80% de ses échanges.

La Direction de la douane algérienne a demandé par le passé, notamment à l’Europe et à la Chine naïvement, de leur communiquer les tarifs, pour dénoncer leurs opérateurs qui sont également complices de surfacturation. Dans le contexte actuel, il sera difficile pour l’Algérie de demander aux sociétés étrangères impliquées dans la corruption de restituer les capitaux illégaux, avec de surcroît, elles pourront faire l’objet de sanctions judiciaires du pays d’origine. Si l’on veut atténuer  le montant des surfacturations, l’on  doit s’attaquer à l’essence, c’est-à-dire la gouvernance par la lutte contre le terrorisme bureaucratique et la réforme du système financier, toutes ses structures, douane, fiscalité, domaine, banques qu’aucun ministre des Finances depuis l’indépendance politique n’a pu réaliser étant un enjeu énorme de pouvoir. Ce problème ne date pas d’aujourd’hui, l’ayant constaté vers les années 1980/1983 en tant que haut magistrat et directeur général des études économiques à la Cour des comptes ayant été chargé du contrôle du programme anti-pénurie où j’avais suggéré la mise en place d’un tableau de la valeur, qui n’a jamais vu le jour car s’attaquant à de puissants intérêts rentiers, nécessitant la mise en place d’un système d’information reliés aux réseaux internationaux permettant des interconnexions, ministère des Finances (banques-douanes- fiscalité), les ports/aéroports et les entreprises publiques/privées pour lutter contre les surfacturations et les trafics de tous genres, produits de mauvaises qualités ou périmés. En conclusion,  il reste beaucoup à faire pour que nos responsables s’adaptent aux arcanes de la nouvelle économie, où se dessinent d’importants bouleversements géostratégiques mondiaux, croyant que l’on combat la fuite des capitaux à partir de commissions et de circulaires, ignorant tant les mutations mondiales que la morphologie sociale interne, en perpétuelle évolution.

Par le Dr Abderrahmane Mebtoul