L’Algérie abritera en ce mois de décembre deux importantes conférences africaines sur la lutte contre le terrorisme en Afrique, organisées conjointement avec le Conseil de paix et de sécurité et la Commission de l’Union africaine.
La première aura lieu à Oran et verra la participation de tous les pays membres de l’Union africaine, différentes Organisations et institutions régionales et internationales ainsi que plus d’une vingtaine de pays non africains venant des autres continents. La seconde conférence se tiendra les 13 et 14 décembre à Constantine et sera consacrée au rôle de la femme dans la médiation en relation avec la lutte contre la radicalisation et le terrorisme.
Pour rappel, l’union africaine avait adopté un Mémorandum du président Abdelaziz Bouteflika, désigné coordonnateur de l’UA dans la prévention et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent en Afrique. Dans ce document, le chef de l’Etat note que l’Afrique a pris pleinement conscience de cette mutation du terrorisme et de la gravité de la menace qu’elle fait peser dorénavant sur la sécurité et la stabilité de chaque pays africain et sur la sécurité et la stabilité de tout le Continent africain.
La décision unanime des Chefs d’Etat et de Gouvernement africains de créer la mission de coordonnateur pour la prévention et la lutte contre le terrorisme en Afrique traduit toute l’importance que l’Afrique accorde à cette menace grandissante pour la stabilité et la sécurité de notre continent et de nos populations. Au nom de l’Algérie, le Président Abdelaziz Bouteflika a été honoré d’assumer cette mission, convaincu qu’il pourra compter sur le soutien actif et permanent des pays membres de l’Union Africaine, du Conseil de Paix et de Sécurité et de la Commission de l’Union Africaine. L’action à mener durant les années à venir se doit de mettre l’Afrique et ses peuples à l’abri de la menace terroriste sous ses différentes formes. Elle doit privilégier la prévention, la sensibilisation et la mobilisation, et tendre en permanence vers le renforcement des capacités nationales et régionales de lutte ainsi que la promotion d’une coopération toujours plus étroite entre les pays membres et avec la communauté internationale dans son ensemble.
L’extrémisme violent et le terrorisme sont aujourd’hui des menaces de portée globale. Leur élimination et leur éradication requièrent des stratégies de prévention et de lutte de même nature et de même échelle. L’Afrique a accompli des progrès indéniables dans cette voie. Elle a la ferme volonté de relever les défis que ces phénomènes font peser sur la sécurité et la stabilité de ses pays membres ainsi que sur les aspirations légitimes de ses peuples à la paix et à la sécurité, au développement, au bien-être et au progrès socioéconomique.
A cet égard, le président Bouteflika a indiqué que « c’est dans cet esprit que sera approchée la mission de Coordonnateur de la prévention et de la lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme sur notre Continent », précisant que cette mission se déploiera autour d’axes prioritaires de la lutte anti-terroriste tels que fixés respectivement par les instances compétentes de l’Union Africaine et par le Conseil de Sécurité des Nations Unies.
Elle portera notamment sur le développement de l’architecture africaine de lutte contre le terrorisme, le développement et l’enrichissement des normes africaines de lutte contre fléau en s’inspirant des bonnes pratiques acquises par les autres régions et au niveau international, la prise en charge des combattants terroristes étrangers et de leur retour ou mouvements vers le continent africain, le resserrement et le tarissement des nombreuses sources de financement du terrorisme, y compris le secteur de l’informel, la lutte contre la radicalisation et les politiques de dé-radicalisation, ainsi que la nécessité d’améliorer les cadres politiques, institutionnels et judiciaires pour favoriser la démocratie, la bonne gouvernance, les droits de l’homme, la justice sociale, le développement socioéconomique et l’état de droit en tant que facteurs contribuant de façon déterminante à priver le terrorisme de terreaux qu’il sait savamment exploiter dans sa propagande. Il y a lieu aussi de développer la coopération bilatérale, régionale et internationale en matière de lutte contre ce fléau.
Promouvoir les valeurs de tolérance et de dialogue…
Guidée par le souci de protéger et de promouvoir les valeurs de tolérance, de dialogue, de solidarité et de respect mutuel, de condamnation de l’extrémisme, de la haine, du terrorisme et de la discrimination pour quelque motif que ce soit, et aux fins d’assurer la sécurité de leurs pays et de leurs ressortissants contre les effets destructeurs du terrorisme, les pays africains ont très tôt accordé à cette menace l’importance requise et pris une succession de mesures qui ont permis au Continent de disposer de moyens légaux de lutte contre ce fléau.
La convention africaine sur la prévention et la lutte contre le terrorisme, signée à Alger en 1999, constitue, à cet égard, l’aboutissement et l’expression de la forte prise de conscience africaine de la gravité de la menace terroriste pour le continent dans son ensemble et un important instrument de lutte commune contre ce fléau.
Il en est de même du Plan d’Action de l’Union Africaine pour la Prévention et la Lutte contre le terrorisme. Ce document a établi avec précision, et pour la première fois, une véritable feuille de route africaine de lutte contre le terrorisme, incluant les principaux domaines et dimensions de cette lutte, comme il a affiné les mandats et rôles du Conseil de Paix et de Sécurité ainsi de la Commission de l’Union Africaine dans cette lutte.
Il a aussi retenu la mise en place, à Alger, du Centre Africain d’Etudes et de Recherches sur le Terrorisme (CAERT), lequel s’est imposé au fil des années comme un précieux outil au service des pays africains dans leur lutte individuelle et collective contre le terrorisme.
Cette architecture est confortée par la désignation d’un Représentant Spécial de l’Union Africaine pour la Coopération Anti-Terroriste ainsi que par l’entrée en fonction de l’Afripol, laquelle constitue une importante plateforme de coopération entre les polices africaines contre le terrorisme et le crime organisé transnational, et dont le siège est également à Alger.
L’important effort ainsi consenti par notre Continent durant les trente dernières années pour faire face et vaincre l’hydre terroriste nécessite d’être poursuivi et renforcé par de nouvelles mesures et de nouvelles initiatives adaptées à la nature mutante de la menace terroriste, aux changements intervenants régulièrement dans ses modus operandi et dans le développement et le renforcement de ses connexions avec le crime organisé transnational.
Cependant, et en dépit des efforts déployés par le continent africain et par la communauté internationale en général dans la lutte contre les sources de financement du terrorisme, celui-ci parvient toujours à accéder à des ressources financières qui lui permettent de poursuivre ses activités criminelles.
Le crime organisé transnational, l’économie informelle, le prise d’otages contre paiement de rançons, la migration illégale, le trafic dans les biens culturels, le trafic illicite d’armes et de drogue, le blanchiment d’argent, la traite des êtres humains, le trafic de bétails et les vols en tous genres sont, à la fois, autant de créneaux que les groupes terroristes exploitent toujours pour se financer sur notre continent et de leviers sur lesquels l’Afrique se doit d’agir et de renforcer les instruments et mécanismes de lutte dont elle s’est déjà dotée.
La criminalisation du paiement des rançons ainsi que l’arrêt des flux de financement du terrorisme provenant de l’extérieur du Continent restent ainsi parmi les priorités de l’action africaine en matière de lutte contre le financement du terrorisme. L’Afrique est aussi confrontée aux phénomènes de radicalisation croissante, en particulier, des jeunes, et à une pernicieuse propagation des courants de pensées prônant l’extrémisme violent et le terrorisme. Plusieurs facteurs y concourent, alliant souvent l’exploitation par les idéologues et les recruteurs du terrorisme de conditions socioéconomique difficiles et de fléaux sociaux divers. L’urgence de consacrer plus d’attention et de ressources à ces matrices du terrorisme a été, à juste titre, fortement soulignée par notre Organisation continentale. L’objectif est aujourd’hui de promouvoir et de mettre en œuvre, aux niveaux national et régional, des stratégies et des programmes de prévention de la radicalisation et de lutte contre l’extrémisme violent qui s’attaquent aux différentes terreaux où naissent et se développent ces graines qui alimentent la menace terroriste. Ces stratégies et programmes nécessitent des approches inclusives incluant les gouvernements, la société civile et surtout les citoyens ainsi que la coopération internationale autour de facteurs tels que l’utilisation d’internet par la propagande terroriste, la lutte contre l’islamophobie et la xénophobie, l’ingérence et les interventions militaires étrangères, la non résolution de conflits armés, les inégalités économiques et l’absence de perspectives de développement.