Les pouvoirs publics ont adopté une stratégie préventive «efficace» depuis l’apparition des premiers cas du coronavirus dans le pays, faisant de l’Algérie l’un des pays les moins touchés par cette pandémie, qui a frappé le monde depuis le début de l’année.
Depuis l’apparition du premier cas importé par le ressortissant italien à Hassi Messaoud, le 25 février 2020, suivie de 16 cas confirmés d’une seule famille à Blida contaminés lors d’une fête familiale, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui faisait face au premier grand défi depuis son investiture à la tête de l’Etat, a ordonné l’adoption de mesures anticipatives visant à juguler la propagation du virus. Il s’agit notamment de la mise en application d’un système de suivi et de contrôle relatif à la propagation de la pandémie, accompagné d’un système préventif en vue de prémunir la société et se tenir prêt à intervenir rapidement si le besoin s’en faisait ressentir. Pour faire face à cette épidémie qui a frappé le monde, le président de la République a ordonné, en mars 2020, de prendre des mesures urgentes et préventives, traduites notamment par la fermeture des écoles, universités, crèches, établissements de formation, salles de sport et de fêtes. La suspension des moyens de transport, terrestres, maritimes et aériens, et le rapatriement, rappelle-t-on, des étudiants algériens en Chine, premier foyer de l’épidémie, sont entre autres mesures édictées par les hautes autorités de crainte de ne pouvoir maîtriser la situation. Les actions prioritaires menées visaient à assurer une prise en charge adéquate des contaminés, un protocole thérapeutique, une organisation des soins, une accessibilité au dépistage, un système de contrôle efficace et une communication des informations fiable et complète. La situation pandémique étant un phénomène «inhabituel» aux yeux des professionnels de la santé, le département de tutelle s’est employé à renforcer les capacités de ses structures, par l’organisation de sessions de formation par visioconférence et la donation des moyens de protection individuelle pour l’ensemble des corps soignants. Sur le plan réglementaire, le ministère de la Santé a, dès la confirmation des premiers cas, mis en place un système de suivi de la situation épidémiologique, en publiant une soixantaine d’instructions et notes stipulant des mesures et conduites à tenir face à la pandémie. Un comité scientifique, présidé par le ministre de la Santé et composé de trois cellules chargées notamment de la gestion des patients, du suivi épidémiologique et de la disponibilité des stocks, a été mis en place.
La crise du coronavirus, une occasion pour la révision du système sanitaire En dépit des efforts déployés pour faire face à la pandémie, le système sanitaire s’est avéré «mal préparé» en raison «des dysfonctionnements» dont il pâtissait en matière d’organisation, de ressources humaines, de formation et de méthodes de traitement. Le président de la République avait affirmé, dans ce cadre, que la crise de coronavirus était l’occasion pour une révision «dans le fond» du système sanitaire, afin d’asseoir un système de santé moderne «garantissant au citoyen une prise en charge décente. En matière de dépistage et de diagnostic, et plus particulièrement par la technique RT-PCR, le nombre de laboratoires habilités est passé d’une seul laboratoire (IPA à Alger) au début du mois de février 2020 à plus de 60 laboratoires actuellement, dont 25 du secteur privé, ce qui a permis d’effectuer en moyenne 2000 examens/jour. S’agissant des moyens de prévention, l’accent a été mis sur le renforcement des capacités en termes de masques, combinaisons et gants, importés pour partie ou reçus à titre de don de la part des pays amis, des membres de la communauté algérienne établie à l’étranger, de la société civile, ou encore des entreprises nationales publiques et privées. En termes de capacités d’accueil au niveau des différents établissements hospitaliers, il a été mobilisé pendant les périodes de forte augmentation des cas, 20 000 lits au niveau national, en focalisant sur les wilayas qui ont enregistré une augmentation du taux d’infection, avec le renforcement des services de la réanimation avec des respirateurs artificiels. Les pouvoirs publics ont augmenté la capacité de production de tous les médicaments destinés à lutter contre la pandémie, notamment hydrox-chloroquine, tout en s’engageant à acquérir la matière première de l’Inde en dépit de la fermeture de l’espace aérien international. Dès la levée du confinement de manière totale ou graduelle, le comité scientifique a veillé à la mise en place des protocoles sanitaires adaptés à chaque secteur afin d’encourager le retour au travail dans les meilleures conditions. Le personnel de la santé, au front face à l’épidémie, n’a pas été en reste et a bénéficié d’une loi pour le protéger. Promulguée en aout 2020, la loi définit les peines infligées à toute personne qui détruit les biens des structures de santé, commet une agression verbale ou physique aux personnels du secteur, ou prend et diffuse des photos et vidéos sur les réseaux sociaux et sites électroniques portant atteinte à la profession. Pour la situation épidémiologique, le nombre d’infection variait de 100 cas/jour à l’apparition du virus en Algérie, à 1000, un pic atteint lors de la deuxième vague. Pour les experts, la hausse du nombre d’infections en Algérie s’explique par le laxisme dans le respect des gestes barrières, et ce, en dépit des mesures de confinement (partiel ou total) imposé par les pouvoirs publics à chaque flambée des contaminations. Sur le plan de la communication, un riche programme de sensibilisation, basé notamment sur la prévention, a été élaboré, et un numéro vert (30-30) lancé au niveau central, puis élargi aux autres wilayas.
Yasmine Derbal / Ag.