Les dirigeants de l’UE, réunis jeudi à Bruxelles, ne devraient pas décider d’exclure la Russie du système de messagerie interbancaire Swift, mesure réclamée par Kiev mais que certains Etats membres préfèrent réserver pour un train de sanctions ultérieur. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réclamé jeudi d’interdire aux banques russes d’utiliser le système Swift, un rouage essentiel de la finance mondiale en assurant notamment le transit d’ordres de paiement et de transferts de fonds entre banques. La mesure n’est cependant « pas sur la table » lors des discussions des Vingt-Sept jeudi soir, a affirmé un diplomate européen, en raison du refus de plusieurs Etats membres dont l’Italie, la Hongrie et Chypre. Si les chefs d’Etat et de gouvernement doivent s’entendre sur « de nouvelles mesures restrictives aux conséquences massives et sévères sur la Russie », selon Bruxelles, plusieurs pays s’opposent dans l’immédiat à l’exclusion des établissements russes du système Swift, préférant garder cette mesure en réserve pour un futur train de sanctions, confirme une source européenne. Interrogé sur cette exclusion à son arrivée au sommet, le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré : « il est très important que nous décidions des mesures qui ont été préparées ces dernières semaines et que nous gardions tout le reste pour une situation où il serait nécessaire de faire d’autres choses ». Le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell s’est contenté de déclaré que ce serait « aux chefs d’Etat et de gouvernement de décider ». Le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel a estimé qu’une telle mesure devrait être étroitement coordonnée avec les autres Occidentaux, Etats-Unis et Royaume-Uni au premier plan. « Nous ne devons pas avoir de tabous, nous devons parler de tout. Mais il ne faut pas qu’on soit visé par des sanctions et qu’on puisse quand même faire des affaires à Londres ou en Suisse », a-t-il observé à son arrivée. Selon le site de l’association nationale russe Rosswift, la Russie serait le deuxième pays après les Etats-Unis en nombre d’utilisateurs avec quelque 300 banques et institutions russes membres du système. Plus de la moitié des organismes de crédit russes sont représentés dans Swift, est-il précisé par cette source.