L’ouvrage de Mustapha Bensahli sur la politique  et le contrôle fiscal en Algérie présenté à la 28e édition du  SILA 28 octobre/8 novembre 2025: Un apport important pour la nouvelle politique socio-économique du gouvernement

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C’est dans le cadre de la dialectique,  théorie pratique,  que s’inscrit  l’important  ouvrage,  qui est paru  à l’Office des Publications Universitaires OPU  Alger, de Mustapha Bensahli,   qu’il présente  en   ce mois pois d’octobre 2025 à l’importante rencontre culturelle organisé  par le Commissariat du Salon international du livre d’Alger (SILA) la 28e édition de cette grande qui se tiendra du 29 octobre au 8 novembre 2025, au Palais des expositions des Pins maritimes à Alger qui  accueillera, éditeurs, auteurs, professionnels du livre   que l’auteur, qui a interrompu  ses études universitaires  suite au mot d’ordre de grève de l’UGEMA en 1956, les a reprise après l’événement de l’indépendance, est  titulaire d’un diplôme universitaire en gestion et planification, éminent expert international en fiscalité, m’a demandé de préfacer.

Cet ouvrage   sera une référence,  tant pour les décideurs pour leurs actions,  que pour les enseignants et étudiants  pour leurs recherches , sur un sujet très sensible et ô combien important dans toute politique socio-économique( deux volumes 789 pages).

1.- Un praticien sans culture théorique navigue à vue au gré de la conjoncture, sans vision stratégique pouvant occasionner des pertes à la Nation en dizaines de milliards de dollars. Un théoricien sans enquêtes sur le terrain, élabore des schémas non opérationnels, ignorant la réalité sociale. L’ouvrage, intitulé «La mise à niveau en fiscalité –Mythe ou réalité- Expérience algérienne »  s’articule sur cinq titres comme suit :  Titre 1er : le décryptage de la mise à niveau en fiscalité- Titre II : le processus de la fiscalité face aux enjeux de la mondialisation -Titre III : La fiscalité en Algérie à la croisée des chemins -Titre IV : Les standards internationaux servant comme modèle d’inspiration à la mise à niveau en fiscalité Titre V : les voies et moyens de la mise à niveau en fiscalité/ Ce présent ouvrage  fait  honneur à un expert algérien et  mérite  tous les encouragements, d’autant que rares sont les écrits sur ce sujet capital,  incitant à ne  pas toujours dépendre des recettes des hydrocarbures, ressource éphémère et  aléatoire comme le montrent toutes les crises économiques et sociales qui ont secoué  l’Algérie avec la chute des prix, et afin  d’asseoir une économie diversifiée dans le cadre des valeurs internationales.  Expert international de haut niveau en matière fiscale et financière, Mustapha Bensahli a assumé successivement, plusieurs responsabilités, notamment, au ministère des Finances, a enseigné dans les établissements d’enseignement supérieur en Algérie et en Europe et est intervenu pour le compte du FMI et des Organisations internationales dans plusieurs pays d’Afrique, dans le cadre de la mise en œuvre de réformes liées à son domaine de spécialisation. Fiscaliste connu et reconnu, l’auteur met ainsi à profit sa grande expérience dans le domaine de la fiscalité pour amorcer, à travers son livre, une réflexion profonde sur la problématique de la gouvernance dans la gestion et la maîtrise de la collecte de l’impôt et de sa répartition. Le thème de la mise à niveau en fiscalité, vient ainsi à point nommé, en cette période particulière de tension que traverse notre pays sur le plan tant sanitaire qu’économique. Pour permettre à la fiscalité de retrouver toutes ses marques, l’auteur commence dans l’ouvrage à faire un diagnostic montrant, entre autres, avec détail qu’elle comporte, à l’épreuve des faits, bien des points d’achoppement qui entravent effectivement son bon fonctionnement, et qui aurait pu être initialement au service inclusif du progrès.   L’expert fait ressortir, qu’au niveau du système fiscal, de l’amont à l’aval, les rouages de fonctionnement sont pratiquement grippés.  La raison en est, l’empilement massif de nouvelles dispositions prévues au gré des Lois de finances et consistant seulement à colmater à répétition et en surface, quelques brèches constatées à l’épreuve des faits, la gestion de la fiscalité ne disposant pas de tous les atouts dont elle a besoin pour être performante. Tout concourt à démontrer qu’il n’est plus possible en bonne logique, de continuer à rester dans cette situation virtuellement latente de statuquo,en persistant à privilégier la voie conjoncturelle au détriment de celle structurelle qui est pourtant fondamentale. Par conséquent , tout interpelle pour que la fiscalité en Algérie connaît de profondes réformes , en remédiant au net décalage par rapport à l’environnement local, national et international.  C’est justement, par exemple, le cas du code général des impôts qui doit être revu en profondeur. Devenant avec le temps, de plus en plus dense et hypertrophiée jusqu’à devenir corrélativement de plus en plus ardue, la fiscalité ne peut être dans ces conditions, opérationnelle, surtout avec une surcharge de petites taxes dont le rendement ne compense guère le coût de gestion et auxquelles s’ajoute une pléthore de niches fiscales sans réel impact sur l’investissement. La fiscalité n’est pas réductible à un simple toilettage jugé superficiel en se conformant aux pratiques du passé et encore moins, à une réforme a minima, mais plutôt elle renvoie à une restructuration d’envergure crédible qui garantisse un progrès patent dans tous les cas de figure.  Aussi, l’auteur préconise-t-il, à la clef, quelques pistes de solutions dans la perspective de réhabiliter la fiscalité, en postulant pour l’affranchissement de certaines contraintes à l’effet de rattraper et résorber le retard constaté en creux, tout en se mettant en phase avec les standards internationaux. La mise à niveau étant un processus d’envergure qui, en couvrant dans son large périmètre aussi bien la fiscalité de l’Etat que la fiscalité de collectivités locales, devient, à ce titre, emblématique, en ce qu’elle tend à briser le cercle conceptuel classique sur la base d’un corps de principes performants et d’équité. Tout ceci commande impérativement l’observation de certaines règles jugées fondamentales, à commencer par l’adhésion, car la mise à niveau en fiscalité ne peut se concevoir sans la participation des parties prenantes, en l’occurrence, les représentants qualifiés des entreprises, lesquelles peuvent être d’un apport non négligeable. En tout état de cause la participation est une règle de gouvernance incontournable et un gage de réussite de la mise à niveau en fiscalité,  ne pouvant  rester, comme habituellement, l’apanage d’une petite équipe de l’administration fiscale se réservant jalousement le droit de concocter en exclusivité les réformettes sans grandes ouverture, et à l’aune de chaque année, dans le cadre de la Loi de finances.  Par ailleurs, l’auteur considère que la mise à niveau en fiscalité, si elle venait à être effectivement actée, ne constitue pas une fin soi et qu’elle est appelée à se poursuivre tenant compte de nouveaux et nombreux paramètres endogènes et exogènes résultant de l’évolution du temps et de l’environnement. Par essence, la mise à niveau en fiscalité est avant tout un processus continu et chaque époque a son marqueur variant sur le plan sociétal, rythmée pour s’adapter aux données du nouveau contexte en pleine mutation.

2/-Dans le prolongement de l’important ouvrage, j’ai tenu  dans la préface à formuler quelques remarques et propositions  car   les pouvoirs publics algériens, depuis de longues décennies, ont eu  souvent recours à des expédients, optant pour des systèmes qui leur permettent d’exploiter les sources de revenu immédiatement disponibles au lieu de chercher à établir des régimes fiscaux rationnels, modernes et efficaces. Les recettes fiscales nationales représentent une source indispensable pour le financement du développement. Cependant, par rapport aux autres domaines clés du financement du développement, tels que le commerce, l’aide internationale et la dette, la fiscalité n’a fait l’objet en Algérie que d’un intérêt limité jusqu’à présent,  en raison surtout de la dominance des recettes d’hydrocarbures favorisant la fraude fiscale et l’évasion fiscale. Un système fiscal complexe avec une administration sclérosée   constitue inévitablement un terreau fertile pour les activités de recherche de rente. Je tiens à dénoncer un mythe souvent entretenu,  qui est  le  recours aux encouragements fiscaux et  les subventions à l’investissement  en Algérie  qui ont eu un impact mitigé, favorisé certaines rentes spéculatives  alors que le blocage essentiel comme le montre tous les  rapports internationaux, et cela n’est pas propre à l’Algérie, est le terrorisme bureaucratique,  car la  promotion de tout  investissement créateur de valeur ajouté durable,  consiste à créer un cadre juridique et réglementaire stable, transparent, et à mettre en place un système fiscal conforme tant à l’anthropologie sociale et économique  interne qu’aux normes internationales. Le niveau de l’impôt direct dans une société mesurant le degré d’adhésion de la population, il y a urgence d’une nouvelle politique, car le système d’impôt est au cœur même de l’équité. Mais l’impôt peut tuer l’impôt, car il modifie l’allocation des ressources réalisées, notamment l’offre de capital et de travail ainsi que la demande de biens et services. Je déplore qu’aucune enquête précise quantifiée dans le temps ne mette en relief les liens entre la répartition du revenu national entre les couches sociales, l’évolution du processus inflationniste et le modèle de consommation, information indispensable pour la mise en place d’un système fiscal « juste »  car un   système fiscal efficace doit trouver le moyen de prélever des recettes en perturbant le moins possible les mécanismes qui conduisent à l’optimum économique et s’articuler autour des prélèvements faiblement progressifs sur des assiettes larges.  Aussi, le renouveau du  système fiscal efficace doit  répondre à plusieurs objectifs : premièrement, la collecte  des recettes  sans perturber l’activité économique;  deuxièmement,  l’affectation  des  recettes  avec pour objectif de réduire les inégalités,  avec un impôt progressif  appliqué aux revenus élevés ;  troisièmement,  utiliser les  impôts et les subventions ciblées, difficilement applicable du fait  de l’effritement du système d’information, afin que  les prix du marché reflètent  le coût social et l’avantage collectif ;  quatrièmement, les impôts renvoient à  la représentation politique, car  lorsqu’un  gouvernement dépend plus des recettes fiscales et moins des revenus provenant des ressources naturelles ou du financement par l’emprunt, la responsabilité des gouvernants envers les citoyens concernant l’utilisation des fonds publics, s’en trouvent renforcée. Or, dans la majorité des pays en voie de développement, et cela n’est pas  propre à l’Algérie, les plus riches ne contribuent pas plus que les pauvres à l’effort fiscal, les pouvoirs économiques et politiques dont ils jouissent, leur permettant souvent de bloquer les réformes qui auraient pour effet d’accroître leur fardeau fiscal. C’est ce qui explique en partie l’incapacité  à exploiter  le potentiel des régimes d’impôt sur le revenu et d’impôt foncier et le manque de progressivité des régimes fiscaux. A cela s’ajoutent plusieurs facteurs paralysants :- premièrement, nous avons la faiblesse de la numérisation et la dominance de la sphère informelle en Algérie qui contrôlent plus de 50% de l’activité économique, non assujetties au système fiscal. En conséquence, les méthodes modernes de mobilisation de fonds comme l’impôt sur le revenu et les taxes à la consommation jouent un rôle réduit dans ces économies et la possibilité, pour les pouvoirs publics, de compter sur des ressources fiscales élevées y est pratiquement exclue;  deuxièmement, étant donné la structure informelle, produit de la bureaucratie et du manque de confiance en les institutions, les services de la statistique et de l’impôt ont du mal à générer des statistiques fiables, comme le montrent les données contradictoires sur la masse monétaire informelle en circulation et l’échec des différentes mesures pour la capter;  troisièmement,  les déficiences des mécanismes de mise en application juridiques en ce qui concerne le recouvrement de l’impôt  et, quatrièmement,  souvent avec des interférences politiques et des comptabilités douteuses, les   pénalités sont insuffisantes en cas de défaut de paiement. Tous ces facteurs favorisent des délits d’initiés étant donné que les administrations fiscales manquent bien souvent des compétences spécialisées requises pour déchiffrer les systèmes, fiscaux tant internes qu’internationaux complexes, qui sont utilisés à des fins de fraude fiscale.  C’est ce qui explique en partie l’incapacité à exploiter le potentiel des régimes d’impôt sur le revenu et d’impôt foncier, et le manque de progressivité des régimes fiscaux.

En résumé, En fonction de mon expérience sur le terrain , loin es bureaux climatisés des bureaucrates   en tant que  haut magistrat premier conseiller et directeur général es études économiques , chargé de la gestion des contrats du BTPH  entre 1980/1983 à la Cour des comptes, et plusieurs audits sous ma direction  pour le contrôle de la gestion  de de Sonatrah de 1974 à 2026   sans un système d’information fiable, utilisant  les nouvelles   technologies dont ‘intelligence artificielle, une politique fiscale et le contrôle fiscal sont  biaisées.   La réforme  fiscale constitue   un  défi stratégique pour la nouvelle politique socio-économique, étant un enjeu  énorme de pouvoir, car touchant de puissants intérêts de rente ainsi que  la   concurrence fiscale comme le montre les différentes modifications  des lois sur les hydrocarbures et les différents codes d’investissement  en Algérie pour attirer les investisseurs.  Dans un monde caractérisé par la libéralisation des mouvements de capitaux, par  la  transition numérique et énergétique( devant mettre en place  une fiscalité écologique spécifique) , les barrières commerciales qui disparaissent, les défis de l’Algérie, impliquent de définir les priorités stratégiques et avoir une nette   volonté politique pour mettre en œuvre la bonne  gouvernance et les réformes nécessaires structurelles nécessaires. Comme le montre l’auteur avec pertinence, il est utopique d’isoler la réforme du système fiscal, sujet au combien sensible, de la gouvernance globale devant concilier la concertation, l’efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale.

Par Abderrahmane MEBTOUL  Dr d’Etat en sciences de gestion  1974-Pr des universités -Expert international –

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