Comme joueur, il a fait ses premières classes au Nasr Hussein-Dey avant d’effectuer une grande carrière à l’USM Alger. Inversement, c’est chez les Rouge et Noir de la capitale qu’il a fait son apprentissage d’entraîneur pour s’affirmer ensuite sur le banc des Sang et Or de la banlieue algéroise. Lui, c’est Billel Dziri, l’homme qui est en train de déjouer tous les pronostics en menant le NAHD aux premières places du classement du championnat national de football.
Il aurait même suffi d’un rien pour que le premier coup d’essai de coach Billel soit couronné d’un titre. Ce sera sans doute pour les saisons à venir, au NAHD ou ailleurs, car le bonhomme semble avoir le pedigree qui le voue à une carrière d’entraîneur au moins égale à celle qu’il a eu comme joueur sous les couleurs notamment de l’USMA, avec un bref passage à Sedan, en France. Pour cet exercice, il devra se contenter d’une place sur le podium, ce qui constitue déjà un exploit pour une équipe qui n’aura pas connu pareille réussite depuis des décennies. Accessoirement, Dziri collectionne les records qui feront parler de son passage au club pendant de longues années. La semaine passée, en allant gagner à Sétif, son équipe a aligné son 21e match consécutif sans défaite, le 17e pour Dziri sur le banc.Il faut remonter au 17 octobre dernier pour retrouver trace d’un revers des Banlieusards en championnat. C’était face à la JS Saoura pour le compte de la septième journée (1-0). Les jeunes loups husseindéens viennent d’égaler la performance de leurs aînés lors de la saison 1972-1973, soit l’année de naissance de leur entraîneur. 45 ans, c’est assez vieux pour un record et beaucoup trop jeune pour un coach de football.
Tiens, on l’a presque oublié, c’est aussi l’âge de Zidane. Oui, ce n’est pas évident, mais l’homme qui est en passe de mener le grand Real Madrid vers sa troisième victoire consécutive en Ligue des champions d’Europe n’a que 45 ans. Autant dire qu’il a toute une vie devant lui pour épater encore. Tout comme Dziri. Toutes proportions gardées, les deux hommes n’ont pas en commun que leurs origines algériennes, leur âge, la consonne sifflante de leur nom ou leur calvitie précoce. Il y a aussi comme une petite similitude dans leurs parcours respectifs : grand joueur chacun à son échelle et passage réussi de l’autre côté de la barrière pour les deux, à échelles différentes aussi. La comparaison s’arrête là, pour l’instant. Dziri a autre chose à faire que de prendre la grosse tête. Comme par exemple, pulvériser dès la prochaine journée de championnat le record qu’il vient d’égaler. Ce sera face aux voisins du CR Belouizdad. Pas de répit, puisqu’en cas de victoire ou de match nul, un autre défi s’offrira au jeune coach du Nasria, celui d’égaler lors de la dernière journée la plus longue série d’invincibilité en championnat d’Algérie, soit 23 matchs sans défaite, œuvre du même CRB, pas celui que le NAHD affrontera cette semaine, mais le grand Chabab de Hassan Lalmas et Mokhtar Kalem, en 1966. Derrière tous ces records, il y a un autre enjeu de taille, celui d’arracher la deuxième place du championnat que convoite ardemment un autre entraîneur, précisément celui que Dziri a remplacé au pied levé sur le banc de touche du NAHD, en novembre dernier : Nabil Neghiz qui dirige la JS Saoura après avoir fait une pige sans trop de succès en Arabie saoudite.
La JSS, c’est aussi la dernière équipe à avoir fait mordre la poussière aux Sang et Or. C’est beaucoup trop de coïncidences pour que le finish ne soit pas pimenté. Un finish que personne n’imaginait il y a six mois, lorsque Dziri Billel était nommé entraîneur du Nasria à la place de Nabil Neghiz, un technicien bardé de diplômes et au CV bien garni, dont le dernier poste était celui d’adjoint du Français Christian Gourcuff à la barre technique de l’équipe nationale. Autant dire que les éphémères passages de Dziri à l’USMA et au NAHD comme second couteau, puis au Widad de Boufarik en Ligue 2, ne faisaient pas le poids. Les premiers doutes avaient fusé des rangs même des supporters du NAHD et on ne peut pas dire que les frères Ould Zemirli qui dirigent le club lui avaient franchement fait confiance en l’engageant « seulement » jusqu’à la fin de la phase aller du championnat, le temps de convaincre un de ces « grands techniciens » étrangers qui semblent avoir la cote dans notre championnat ces dernières années. Un sursis plutôt qu’un soutien franc, mais Dziri a accepté sans rechigner. L’humilité, cette qualité qu’il traînait, en plus de son talent, sur les terrains tout au long de sa carrière de footballeur, l’a accompagné de l’autre côté de la barrière et c’est de bon augure. Autre bonne nouvelle, le sympathique Billel n’a rien perdu en cours de chemin de sa hargne et de sa rage de vaincre…