Libye: L’ONU a  appelé Haftar  à stopper son offensive 

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La communauté internationale a multiplié  vendredi les appels à Khalifa Haftar pour que ses forces cessent leur  offensive vers Tripoli, au moment où des combats au sud de la capitale  libyenne avec le gouvernement de Fayez al-Sarraj font craindre un nouvel  embrasement.

Réunis en France, les ministres des Affaires étrangères des sept pays les  plus industrialisés (G7) ont « exhorté » tous les acteurs à stopper  « immédiatement » tous « les mouvements militaires vers Tripoli, qui entravent  les perspectives du processus politique mené par les Nations unies ». Le Conseil de sécurité de l’ONU, réuni en urgence, a lui appelé plus  directement l’Armée nationale libyenne du maréchal Haftar, qui a entrepris  de marcher vers la capitale, « à interrompre tous les mouvements  militaires », selon l’ambassadeur allemand Christoph Heusgen. Depuis la chute en 2011 du régime Kadhafi, cet Etat d’Afrique du Nord est  plongé dans une crise complexe avec la présence de nombreuses milices ainsi  que deux autorités rivales qui se disputent le pouvoir: le Gouvernement  d’union nationale (GNA) dans l’Ouest, reconnu par la communauté  internationale, et l’ANL de Khalifa Haftar dans l’Est. Au lendemain d’une rencontre à Tripoli avec le chef du GNA Fayez  al-Sarraj, le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a  rencontré à Benghazi, dans l’Est, le maréchal Haftar.    « Je quitte la Libye avec une profonde inquiétude et un cœur lourd », a  ensuite déclaré le patron de l’ONU à l’aéroport, « espérant toujours  possible d’éviter une confrontation sanglante à Tripoli et ses environs ». Jeudi, Khalifa Haftar a ordonné à ses forces d' »avancer » en direction de  Tripoli. « L’heure a sonné », a-t-il dit dans un message audio, promettant  d’épargner les civils, les « institutions de l’Etat » et les ressortissants  étrangers. Ses combattants ont lancé une offensive pour prendre Tripoli et progressé  en direction de la capitale. La force de protection de Tripoli, une coalition de milices fidèles au  GNA, a aussitôt annoncé une contre-offensive et de puissants groupes armés  de la ville occidentale de Misrata se sont dits « prêts à stopper l’avancée  maudite » des pro-Haftar. Vendredi avant l’aube, ces derniers ont été chassés après un « court  accrochage » à un barrage à 27 km à l’ouest de Tripoli, selon une source de  sécurité, citée par l’agence AFP.  En fin de journée, de premiers combats significatifs ont éclaté entre les  deux camps à une cinquantaine de kilomètres au sud de Tripoli. Des forces de l’ANL ont pu progresser ensuite jusqu’à l’aéroport de  Tripoli situé à une trentaine de kilomètres au sud de la capitale et  inutilisé depuis qu’il a été détruit en 2014 par des combats. Le Kremlin a mis en garde contre une « reprise du bain de sang » et appelé à  un règlement « pacifique et politique » du conflit. Avant la Russie, Washington, Paris, Londres, Rome et Abou Dhabi ont appelé  les protagonistes libyens à faire baisser les tensions et à trouver une  solution politique. Le Canada et la Tunisie, pays voisin de la Libye, ont  aussi exprimé leurs inquiétudes. La nouvelle escalade intervient avant une Conférence nationale sous  l’égide de l’ONU prévue mi-avril à Ghadamès, dans le sud-ouest du pays,  afin de dresser une « feuille de route » avec la tenue d’élections pour  tenter de sortir le pays de l’impasse. « Le risque d’embrasement est accru », estime Jalel Harchaoui, chercheur à  l’Institut Clingendael de La Haye.

La conférence nationale maintenue

 L’émissaire de l’ONU pour la Libye, Ghassan  Salamé, a déclaré samedi que la conférence nationale prévue en avril en  Libye serait maintenue, malgré l’assaut lancé par le maréchal Khalifa  Haftar pour s’emparer de la capitale Tripoli. « Nous sommes déterminés à organiser » cette conférence inter-libyenne « à la  date prévue », du 14 au 16 avril, « sauf si des circonstances majeures nous  en empêchent », a-t-il dit lors d’une conférence de presse à Tripoli. Jeudi, les forces fidèles au maréchal Haftar, ont lancé une offensive pour  prendre Tripoli, où siège le gouvernement d’union nationale (GNA) reconnu  par la communauté internationale et dirigé par Fayez al-Sarraj qui a  ordonné à ses hommes de les repousser. La conférence nationale qui doit se tenir sous l’égide de l’ONU à  Ghadamès, dans l’ouest de la Libye, est appelée à dresser une « feuille de  route » à même de sortir le pays du chaos et d’une crise politique et  économique sans précédent. « Les Nations unies vont rester au côté du peuple libyen et nous  continuerons à oeuvrer pour assurer le succès du processus politique, loin  de toute escalade », a ajouté M. Salamé. Actuellement deux autorités se disputent le pouvoir en Libye : le gouvernement d’union  nationale de Fayez al-Sarraj, établi fin 2015 en vertu d’un accord parrainé  par l’ONU et basé à Tripoli, et une autorité rivale installée dans l’Est et  contrôlée par l’Armée nationale libyenne (ANL) de Khalifa Haftar.