LFC 2020: Trois mesures phares en lien avec les réformes introduites par le gouvernement

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Le gouvernement, à travers la Loi de finances complémentaire 2020 (LFC), adoptée récemment par les deux Chambres du Parlement, a introduit 3 «mesures phares» en lien avec les réformes, a estimé l’expert économiste, Mouloud Hedir.

«Le gouvernement a introduit 3 mesures phares, en lien avec les réformes, à savoir, la révision des prix des carburants à la hausse, la révision de la régulation des investissements directs étrangers (IDE) et la révision de la taxe sur l’importation des services», a-t-il observé. Il s’exprimait lors d’une conférence-débat, organisée en vidéoconférence par le Cercle d’Action et de Réflexion autour de l’Entreprise (CARE) avec comme thématique : «Loi de finances complémentaire 2020. Pour quelle politique économique ?» Saluant les deux premières mesures, même «s’il reste encore du chemin à faire sur ces volets», l’expert a toutefois jugé «incompréhensible» la révision à la hausse de la taxe sur l’importation des services de 24 à 30%, car, pour encourager l’investissement local et sa dynamique pour stimuler la croissance avec l’appui de l’expertise étrangère, «on devait plutôt ramener le taux de cette taxe à 0%». Il a, néanmoins, estimé que cette LFC 2020 a été élaborée dans un contexte économique «tendu», en raison de l’effondrement des prix du pétrole et la crise sanitaire de la Covid-19, empêchant l’introduction de «profondes réformes». «La LFC 2020 a été élaborée dans un contexte extrêmement tendu, car on devait entamer l’année 2020 avec une équipe politique et gouvernementale renouvelée et un changement de cap dans la politique économique qui a été annoncée avant», a indiqué M. Hedir. Ainsi, ajoute-t-il, «On était préparés à discuter les réformes économiques dans cette loi, car il y’a un ensemble de reformes qu’on devait faire depuis la chute des prix du pétrole en 2014 et absolument rien n’a été fait dans ce domaine avant». Toutefois, a-t-il nuancé, «le contexte économique marqué par la propagation de la pandémie du coronavirus (Covid-19) et la chute des prix du pétrole, a changé la donne, empêchant d’introduire de profondes réformes». S’agissant des prévisions des recettes de la fiscalité pétrolière, la LFC 2020 qui est établie sur base d’un baril de pétrole à 30 dollars a été «raisonnable et prudente» pour faire «une bonne base des prévisions de la fiscalité pétrolière», note M. Hedir. Pour la fiscalité ordinaire, l’expert a estimé que les chiffres avancés par cette LFC sont «un peu trop optimistes», car elle prévoit un taux de croissance plutôt négatif par rapport à la Loi de finance 2020, alors que le taux de cette fiscalité «devrait être lié au taux de croissance hors hydrocarbures». Pour les dépenses prévues dans le même texte, l’expert a salué la décision du président de la République, prise avant, mais traduite dans cette LFC, à savoir, la réduction du niveau des dépenses, notamment pour le budget de fonctionnement où «beaucoup de dépenses demeuraient incompréhensibles». Qualifiant également de «raisonnables» les dépenses prévues aussi bien dans le budget de fonctionnement que d’équipement, M. Hedir à toutefois signalé, «l’absence de mesures prises pour surmonter la crise du coronavirus et son impact sur l’économie dans cette LFC». Intervenant à la même occasion, l’expert financier, Lyes Kerrar, a relevé «l’absence de mesures expliquant la façon avec laquelle le gouvernement compte combler le déficit budgétaire prévu». «Le gouvernement a décidé de ne plus recourir au financement non conventionnel, ni à l’endettement extérieur, mais il n’a pas expliqué comment compte-t-il financer le déficit budgétaire prévu dans cette LFC», s’est-il interrogé. Face à cette situation, le recours aux réserves financières des banques, des retards de paiement dans la commande publique et la dépréciation du dinar sont les pistes «les plus plausibles», a-t-il indiqué. Il a, en outre, recommandé «une accélération» de la réforme de la politique des subventions qui «profite plutôt aux riches» en procédant au ciblage des subventions qui doivent se limiter aux catégories les plus démunies. Il s’est également interrogé sur le financement des pertes économiques des entreprises et l’économie nationale, engendrées par la crise sanitaire de la Covid-19, «non évoquées dans la LFC 2020». M. Kerrar a, par ailleurs, salué la réforme de la régulation des IDE, qualifiant les mesures exigeants aux étrangers d’investir leur propre argent au lieu de recourir au financement des banques algériennes dans leurs projets établis en Algérie dans certains domaines qui ne sont pas stratégiques, d’un «retour à la normale».

  1. N.I.