Les plages polluées, un phénomène récurent

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Photo conception L'Echo d'Algérie@

La pollution des plages est devenue un phénomène récurent. En dépit des mesures prises par les pouvoirs publics visant la protection de l’environnement y compris les plages, le phénomène de pollution persiste et certaines plages deviennent un véritable dépotoir pour les déchets, ordures et eaux usées qui défigurent l’image des plages autorisées à la baignade, accueillant chaque année un grand nombre d’estivants.

Le directeur du Tourisme et de l’Artisanat de la wilaya d’Alger, Noureddine Mansour, considère «qu’il est temps de passer à la répression à l’encontre des pollueurs des plages, notamment les industriels en leur imposant des amendes». «Il faut durcir les sanctions. C’est la meilleure solution pour garantir l’application de la loi et préserver les plages» a-t-il estimé. Evoquant la gestion des plages au niveau de la wilaya d’Alger, Mansour a fait savoir qu’il existe un total de 87 plages dont 65 sont autorisées à la baignade. «Pour dire qu’une telle plage est autorisée à la baignade, elle doit répondre d’abord aux normes et conditions requises à savoir l’accès à la plage, le parking, les sanitaires, restauration et d’autres équipements dont les tables, chaises et parasols», a-t-il indiqué. Et d’ajouter : «L’eau de la plage doit être obligatoirement contrôlée par des agents spécialisés qui procèdent à des prélèvements».

Mansour a indiqué par ailleurs qu’il y a deux entreprises relevant de la wilaya d’Alger s’occupant depuis deux ans de la gestion et le suivi des plages en l’occurrence l’Office des parcs et des loisirs de la wilaya d’Alger (OPLA), qui a mobilisé 800 agents dont 450 permanents et 350 saisonniers et la Régie foncière de la ville d’Alger (RFVA). «Des efforts sont en train d’être accomplies pour la bonne gestion de nos plages. Ce qui reste à faire c’est de changer les comportements et sensibiliser davantage les citoyens sur la nécessité de protéger nos plages» a-t-il préconisé. Il a expliqué en outre, que des avancées ont été réalisées durant les trois dernières années pour la gestion des plages particulièrement en matière de lutte contre leur exploitation anarchique et l’amélioration des prestations de services. «L’objectif est d’assurer davantage la sécurité et le confort au niveau des plages. Nous œuvrons à l’amélioration des conditions d’accueil et de séjour des estivants», a-t-il noté. S’agissant de la concession des plages, le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales l’interdit strictement. Une instruction stipule clairement que l’accès aux plages autorisées à la baignade est «libre et gratuit». «Ce principe ne doit en aucun cas être remis en cause, sous quelle que forme que ce soit».

Le ministère rassure qu’aucune mention plage privée ne sera tolérée, relevant que les panneaux affichant cette restriction seront retirés, «nonobstant les poursuites légales prévues par la législation en vigueur». De plus, les plages autorisées à la baignade doivent obligatoirement disposer d’une ou de plusieurs aires de stationnement, aménagées conformément aux normes requises, stipule la circulaire, ajoutant que le parking sera gardé et surveillé par des jeunes, recrutés soit par la commune, ou par la Direction de l’action sociale, qui doit privilégier les handicapés de la localité concernée. Concernant l’entretien des plages, celui-ci doit être au quotidien, consistant à enlever tout type de déchet et autres matières nuisibles au bon usage de la plage, pouvant constituer un danger pour les baigneurs. Pour sa part, le directeur d’exploitation et d’assainissement de la station d’épuration de Baraki, Redha Boudab a indiqué que la protection des plages contre la pollution est l’affaire de tous. «La protection des plages et de l’environnement ne se limite pas à des secteurs précis. Nous sommes tous concernés par cette problématique», a-t-il dit. Selon lui, les rejets industriels sont la principale cause de la pollution des plages, d’où la nécessité de prendre des mesures dissuasives contres les entreprises qui rejettent leurs déchets dans les oueds et plages, s’avère plus que nécessaire. Boudab a indiqué par ailleurs qu’au niveau de la station d’épuration de Baraki un travail d’équipe se fait quotidiennement afin d’assurer un bon traitement des eaux usées et pour éviter ainsi qu’elles soient déversées dans les oueds et plages. «On veille à ce que le traitement des eaux usées soit assuré de maniéré régulière. Nous consentons beaucoup d’efforts pour le suivi et le traitement des eaux, mais parfois les choses nous échappent car on ne peut pas tout contrôler» a t-il dit, préconisant d’autre part, d’appliquer «la loi sur les pollueurs payeurs».

Les citoyens ont également leur part de responsabilité

Une grande responsabilité incombe aux citoyens qui sont parfois négligents envers la protection des plages. Certains estivants rencontrés au niveau de la plage d’El Djamila de Aïn Benian ont exprimé leur grand mécontentement de constater la dégradation du volet propreté au niveau de certaines plages de la capitale. «Le développement social est tributaire d’une prise de conscience générale, mais aussi du comportement et de la bonne conduite de tout un chacun. Je suis déçu de constater la dégradation de nos belles plages. Il faut changer les comportements et durcir les sanctions contre les pollueurs. Il est temps d’imposer la loi», a estimé Lydia une mère de famille. «Samedi dernier, j’ai emmené ma femme et mes enfants à la plage. Un père de famille accompagné de ses enfants étaient assis près de nous. Croyez-moi qu’il a jeté les résidus d’une pastèque dans la mer et quand je lui ai fait la remarque il m’a répondu qu’il est libre de faire ce qu’il veut. Il a même crié sur moi «nous confie Ahmed. Un autre estivant a exprimé à l’APS sa grande déception vis-à- vis de la dégradation de la propreté des plages et notamment le comportement de certains qui contribue amplement à la pollution de ces dernières. «Les campagnes de sensibilisation sur la protection des plages n’ont pas porté leur fruits. Il est donc primordial de passer à la répression pour sauver nos belles plages», a t-il préconisé.

Le risque des plages polluées sur la santé publique

Le Pr Ammar Khoudja , dermatologue et chef de service dermatologie au CHU MustaphaBacha affirme que les eaux de mer polluées peuvent être à l’origine d’irruptions allergiques qui se manifestent sous forme de rougeurs sur le corps. Elles peuvent provoquer également des maladies infectieuses et cutanées qui nécessitent une prise en charge médicale urgente. Selon Khoudja l’eau de la mer polluée est également vecteur de maladies virales. Khoudja pointe du doigt le manque des stations d’épurations pour le traitement des eaux usées. Il recommande aussi aux baigneurs de prendre certaines précautions d’hygiène notamment en ce qui concerne la nourriture qui représente parfois une menace pour la santé en cas de non respect des règles de conditionnement et d’éviter surtout de fréquenter les plages qui ne sont pas autorisées à la baignade. A rappeler que la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a installé dix postes de police à travers différentes plages de la capitale pour veiller à la sécurité des estivants.