L’annonce du risque d’une récession de l’économie mondiale par le FM, le poids croissant des BRICS et les tensions actuelles entre la Russie/Ukraine/Occident et les USA/ Chine concernant Taiwan en Asie risquent de bouleverser toute la carte géopolitique du monde.
1 – Le poids de l’Asie avec la dominance de la Chine ne cesse de croitre au niveau de l’économie mondiale concentrant la majorité de la population mondiale estimée en 2021 à 7,83 milliard d’habitants avec 4,717 milliards d’habitants. La Chine civilisation millénaire est un pays paisible, n’ayant jamais été une puissance coloniale, considérant, selon plusieurs études stratégiques de hauts niveaux les USA comme un partenaire économique, le rêve chinois étant le volet surtout économique, en 2021, 70% de ses exportations l’étant avec les USA et l’Europe, le militaire ayant suivi, afin de défendre sa souveraineté nationale, comme l’atteste sa stratégie de la route de la Soie et son action en faveur du renforcement du BRICS où il entend jouer le rôle de leader. La nouvelle route de la soie est un projet stratégique chinois afin de ressusciter la mythique route caravanière qui reliait, il y a près de 2000 ans, Xi’an en Chine à Antioche en Syrie médiévale (aujourd’hui en Turquie). Visant à relier économiquement la Chine à l’Europe et l’Afrique en intégrant les espaces d’Asie Centrale par un vaste réseau de corridors routiers et ferroviaires, concernant plus de 68 pays regroupant 4,4 milliards d’habitants et représentant près de 40% du produit intérieur brut (PIB). Par ce projet, la stratégie vise à ancrer l’Europe orientale et l’Asie occidentale par un vaste réseau d’ infrastructures, routes, chemin de fer, pipelines, câbles de fibres optiques et terminaux portuaires qui relieront les trois continents par terre et par mer, où toutes les routes conduiront à Pékin. Ce qui explique la récente contre-offensive américaine et accessoirement de l’Europe en direction de l’Afrique, enjeu économique du XXIe, importantes richesses et un quart de la population mondiale entre 2035/2040. siècle. La crise ukrainienne et récemment en Asie avec les tensions Chine/USA concernant l’avenir de Taiwan, (voir notre interview à la télévision ALG24 du 04 août 2022), la crise énergétique et alimentaire, l’impact de l’épidémie du coronavirus et du réchauffement climatique, posent la problématique d’une nouvelle architecture des relations internationales et sur le plan politique et sur le plan économique de la nécessaire transition numérique et énergétique qui devrait modifier considérablement tant les politiques sécuritaires, économiques, et sociales des Nations. Nous assistons à un profond bouleversement de l’ordre économique et géopolitique mondial où le commerce de l’énergie se modifie, l’inflation est de retour, la crise alimentaire guette bon nombre de pays, les chaînes d’approvisionnement se reconfigurent et les réseaux de paiement se fragmentent.
2 – C’est ainsi que le monde devrait connaître un grand bouleversement à travers le poids croissant des BRICS, composés de cinq pays – Brésil, (1608 milliards de dollars de PIB) Russie (175 milliards de dollars de PIB), Inde (3250 milliards de dollars de PIB), Chine (18460 milliards de dollars de PIB et des réserves change de plus de 3000 milliards de dollars) Afrique du Sud, (420 milliards de dollars de PIB). L’acronyme BRICSAM (en anglais a été également utilisé pour y adjoindre le Mexique, sans qu’il soit membre de ce groupe, rejoints en tant qu’observateurs par la Thaïlande, l’Egypte, la Guinée et, le Tadjikistan. Ensemble. Les BRICS pèsent 45% de la population de la planète, près du quart de sa richesse et les deux tiers de sa croissance et les estimations, les BRICS seraient à l’origine de plus de 50% de la croissance économique mondiale au cours des dix dernières années. Ce bloc, selon le quotidien allemand Die Welt pourrait être l’amorce : d’une alliance anti-occidentale. N’oublions pas d’autres pays asiatiques, le Japon 5383 de PIB pour une population de 126 millions, la Corée du Sud 1907 de PIB pour une population de 52 millions, l’Indonésie 1180 milliards de dollars de PIB pour une population de 274 millions, le Pakistan 264 milliards de dollars de PIB pour une population 221 millions, la Thaïlande un PIB de 540 milliards de dollars pour 70 millions d’habitants et le Vietnam du Nord 310 milliards de dollars de PIB pour une population de 122 millions d’habitants. Selon le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères que si la population totale des pays composant le G7 est d’un peu plus que 770 millions de personnes, que l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et les BRICS – représentant à eux seuls de-facto la moitié de la population terrestre et plus d’un quart du PIB mondial abritent 4 des 10 principales économies mondiales en termes de PIB à parité du pouvoir d’achat (Chine – 1re, Inde – 3e, Russie – 6e, Brésil – 9e) et quatre puissances nucléaires par la même occasion (Russie, Chine, Inde, Pakistan). Toutes ces tensions auront un impact négatif sur l’économie mondiale où le Fonds monétaire international (FMI) a réduit le 12 juillet 2022, ses prévisions de croissance économique pour les Etats-Unis en 2022 et en 2023, pour la deuxième fois en moins d’un mois, avertissant qu’une poussée généralisée de l’inflation présente des «risques systémiques» pour ce pays et l’économie mondiale. Dans son rapport relatif à l’évaluation annuelle de l’économie américaine, le FMI s’attend désormais à une augmentation de 2,3% du PIB de la première puissance économique mondiale en 2022, ayant réduit ses prévisions de croissance du PIB réel américain en 2023, les ramenant à 1% contre un taux de 1,7% annoncé le 24 juin 2022. En Europe, les fortes révisions à la baisse s’expliquent par les retombées de la guerre en Ukraine et le resserrement de la politique monétaire, où l’inflation mondiale a été revue à la hausse du fait de l’augmentation des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, ainsi que des déséquilibres persistants de l’offre et de la demande. Elle devrait atteindre 6,6% dans les pays avancés et 9,5% dans les pays émergents et les pays en développement en 2022, soit une révision à la hausse de 0,9 et 0,8 point de pourcentage, respectivement et toujours, selon le FMI, en 2023, la politique monétaire désinflationniste devrait faire sentir ses effets, et la production mondiale augmenter de seulement 2,9%. Les dernières données de l’agence Fitch prévoient une révision à la baisse des prévisions de croissance du PIB de la Chine pour 2022, à 4,3% contre 4,8%. Baisse du taux de croissance des USA et de la Chine locomotive de l’économie mondiale, explique d’ailleurs le fléchissement conjoncturel du cours du pétrole coté le 16 août 2022 à 94,17 dollars le Brent et à 88,88 le Wit encore que le cours du gaz le TTF néerlandais, la référence du gaz naturel en Europe, renoue avec ses niveaux du début de l’invasion russe de l’Ukraine (Dutch TTF Naturel Gas c1 220,110 dollars le 15 août 2022).
3 – En attendant un changement de tendance, où le poids croissant entre 2022/2030 des BRCS aura pour conséquence un profond changement du système économique et politique mondial, selon les données internationales, Europe/USA pour une population de moins d’un milliard d’habitants accaparent 40% du PIB mondial en 2021.
L’Europe bien que déclinante, excepté l’Allemagne, reste une grande puissance économique avec une population de 440 millions d’habitants non inclus la Grand-Bretagne avec un PIB de 14 476 milliards Europe de 2021. En incluant la Grande-Bretagne qui a un PIB de 2695 pour une population de 69 millions d’habitants, nous aurons un total de 17 171 milliards de dollars et un PIB, les Etats-Unis d’Amérique ayant un PIB, selon les prévisions pour 2022 de 24 793 milliards de dollars pour 332 millions d’habitants, (voir Pr A. Mebtoul American Herald Tribune USA en anglais novembre 2018, face aux enjeux géostratégiques mondiaux, l’Algérie acteur majeur de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine, et magazine Futuribles paris France juillet 2022, Guerre en Ukraine : quels scénarios à l’horizon 2025, collectif sous la direction de Marie Ségur). Il faut être réaliste et non démagogique, les lois économiques étant si sensibles aux slogans politiques et idéologistes. L’Algérie qui dépend de ses recettes en devises à plus de 50% de l’Europe et à 80% si l’on inclut les autres membres de l’OCDE et la Turquie, avec les dérives 98% provenant des hydrocarbures brut et semi brut, son espace d’avenir étant l’Afrique où les échanges sont marginaux, devant tenir compte des coûts de transport pour aller en Asie, devant contourner toute la corniche d’Afrique, pour aspirer à être membre du BRICK doit avoir une économie diversifiée. Elle peut à terme l’intégrer cet espace sous réserve de profondes réformes qui dépend des Algériens eux mêmes, en s’adaptant aux évolutions géostratégiques, par une nouvelle gouvernance et la maîtrise des nouvelles technologies où par exemple les cyberattaques peuvent déstabiliser tout un pays et Facebook qui contribuent à refaçonner les relations sociales par la manipulation des foules, pouvant être positif ou négatif lorsqu’elle tend à vouloir faire des sociétés un Tout homogène alors qu’existent des spécificités sociales des Nations à travers leur histoire. Tenant compte des expériences historiques, pour faire face au réchauffement climatique, l’eau fondement de l’alimentation, étant un enjeu majeur de la sécurité mondiale, s’impose une nouvelle architecture des relations internationales par une lutte contre les inégalités et la pauvreté locales et mondiales avec de nouvelles règles des fonctions complémentaires des Etats stratèges et des marchés des biens, services et des capitaux.
A. M.