Les étudiants et les avocats clament d’une seule voix : « Système dégage ! »

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ALGER 14/05/2019 13ème mardi consécutif, les étudiants maintiennent la mobilisation pacifique contre le régime, pour demander le départ du système. (AP PHOTO / Fateh Guidoum)

 

Hier, des milliers d’étudiants et d’avocats ont investi la rue, pour la énième fois, pour réclamer le départ de tout le système et d’engager une période de transition pour une Algérie nouvelle où la souveraineté du peuple sera définitivement consacrée.

Les étudiants ont clamé, en même temps que les avocats, des slogans identiques à ceux des marches pacifiques des vendredis, à savoir « système dégage » et « partez tous ! ». A travers l’ensemble du territoire national, ils ont battu le pavé pour  exprimer leur rejet à la tenue des élections présidentielles du 4 juillet prochain que le pouvoir s’entête à organiser malgré ce refus de la majorité du peuple. En dépit des effets du jeûne pendant ce mois sacré de ramadhan, les manifestants n’ont pas baissé les bras et se sont dits déterminés à aller jusqu’au bout pour déloger les Bensalah, Bedoui, Bouchareb et tous les autres qui ont fait partie du régime de Bouteflika. Ils ont, en outre, insisté sur l’indépendance de la justice et le jugement de tous les corrompus qui se sont rendus coupables de la dilapidation et du détournement des deniers publics et de l’argent du peuple. Cette nouvelle journée de mobilisation intervient alors que les partis de l’opposition ont, dans leur majorité, rejeté la feuille de route initiée par le chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, en vue de parvenir à un consensus qui soit le plus large possible. A travers ces marches pacifiques, le peuple algérien aura démontré toute sa splendeur et toute sa grandeur en dépit de toutes les tentatives internes et externes visant à porter atteinte à son unité, sa cohésion et sa souveraineté, le peuple algérien vient de démonter qu’il demeurera à jamais un et indivisible et qu’il saura encore, comme il l’a fait toujours par le passé, faire échec à tout ce qui nuire à son unité nationale. Dans cette conjoncture particulière que travers le pays, plusieurs partis et personnalités politiques ont appelé, ces derniers jours, à la nécessité de conjuguer les efforts en vue d’édifier une Algérie nouvelle à laquelle tout le monde aspire. Pour de nombreux acteurs politiques, la conjoncture sensible que traverse le pays exige un rapprochement entre toutes les franges du peuple algérien et la classe politique en vue de relever les défis qui se posent, dont notamment la préservation de la sécurité, la stabilité, l’unité nationale et les intérêts suprêmes du pays, tout en affirmant que la stabilité du pays est quelque chose de sacré et qu’elle constitue une ligne rouge à ne pas franchir. A ce titre, les idées proposées sur la scène nationale sont à même de concrétiser le rapprochement entre les différentes franges de la société populaire et d’ouvrir d’autres perspectives permettant de surmonter fin de sortir sain et sauf de la situation actuelle, ont-ils souligné, mettant l’accent sur l’impératif de faire preuve de sagesse et faire prévaloir l’intérêt suprême du pays et du citoyen. Saluant le caractère pacifique des marches populaires, ces partis a mis en garde contre certaines parties suspectes qui mettent en péril l’unité et la stabilité du pays et anéantissent les aspirations du mouvement populaire, tout en soulignant le rôle important de l’ANP dans la protection du pays et l’attachement à ses missions constitutionnelles et à ses engagement en tant que rempart du peuple et de la nation. Ainsi, les participants à la réunion de concertation de partis de l’opposition, de représentants de syndicats et de personnalités nationales, tenue au siège du Front algérien pour le développement, la liberté et la justice (FADLJ), ont proposé une feuille de route pour une solution politique dans le cadre de la légitimité populaire, à mettre en oeuvre au terme de l’actuel mandat présidentiel.

 

Cette feuille de route prévoit l’institution d’une courte période de transition au cours de laquelle les prérogatives du président sortant seront transmises à une instance présidentielle composée de personnalités nationales connues pour leur crédibilité, probité et compétence.  L’Instance aura pour mission de prendre en charge les revendications du peuple et ses membres s’abstiendront de toute candidature ou proposition de candidature lors des prochaines échéances électorales. Elle aura également à assumer les prérogatives du Chef de l’Etat et à nommer un Gouvernement de compétences nationales pour gérer les affaires, outre la création d’une instance nationale indépendante pour l’organisation des élections et la révision de la loi portant régime électoral aux fins d’organiser une élection présidentielle libre et régulière. Il a été convenu lors de cette réunion de la poursuite des concertations autour des questions et démarches complémentaires pour une meilleure prise en charge des revendications populaires et de la définition d’un délai n’excédant pas six mois pour la concrétisation des clauses de la feuille de route. Le débat se poursuivra autour de la feuille de route pour décider des mécanismes appropriés pour la prise en charge des revendications du peuple. Les participants ont exprimé leur disponibilité à examiner d’autres propositions susceptible de prendre en charge ces revendications, appelant l’ANP à aider à la consécration des attentes populaires dans le cadre du respect de la légitimité populaire. Ils ont lancé un appel au peuple algérien à l’effet de maintenir leur mouvement de protestation et faire preuve de vigilance face à toute tentative d’infiltration, de dispersion, ou de contournement de leurs revendications. De son côté, le parti du Front Al Moustakbal avait proposé un plan basé sur le respect de la Constitution afin de sortir le pays de cette situation. Le même parti avait plaidé en faveur de la création d’une haute instance de surveillance des élections tout en élargissant ses prérogatives à l’organisation et la surveillance des élections ainsi que l’annonce des résultats, parallèlement au maintien de toutes les instituions en exercice pour assurer la gestion des affaires de l’Etat. Pour sa part, le Parti des travailleurs a réitéré, par la voix de sa Secrétaire générale Louisa Hanoune, son appel pour la mise sur pied de comités populaires qui regroupent différentes catégories de la société et œuvrent à formuler les revendications soulevées par les citoyens durant les dernières marches pacifiques. Mme Hanoune a précisé que la seule voie à même de consacrer la souveraineté du peuple est de constituer des comités populaires qui regroupent toutes les catégories de la société, à savoir des étudiants, des travailleurs, des retraités, des personnes aux besoins spécifiques et des jeunes qui mandateront, à leur tour, leurs délégués pour convoquer une assemblée générale nationale et formuler les revendications soulevées par les citoyens. Dans ce sens, elle a souligné que les comités populaires sont nécessaires, car il s’agit de préserver le caractère pacifique des marches populaires, considérant que la participation de l’ensemble des franges sociales dans la constitution de ces commissions est une consécration effective de la souveraineté du peuple. Dans ce sens, la SG du PT a indiqué que les slogans brandis lors des derniers vendredis, qui étaient plus précis, ont définit le contenu politique et socioéconomique des aspirations de la majorité du peuple qui veut le départ du système politique et veut exercer sa pleine souveraineté. Ces slogans ont également exprimé de manière franche et claire le rejet de toute ingérence étrangère, ce qui affirme que la majorité est attachée à la souveraineté nationale, a-t-elle ajouté.

 

De son côté, le secrétaire général du mouvement El Bina a déclaré que son parti politique espère que le mouvement populaire puisse aboutir à des solutions réalistes épargnant au pays toute dérive.

 

Il a relevé que l’Algérie nécessite actuellement des solutions politiques pratiques lui permettant de gagner du temps et aller vers le changement qui assure la sécurité du pays, précisant que ce mouvement populaire, auquel « nous adhérons comme citoyens et non pas comme partis, nécessite une représentation qui correspond aux ambitions du peuple ». M. Dane a estimé qu’il faut passer directement aux élections présidentielles, notant que le futur président élu est le seul habilité à mettre en place des réformes que nécessite la nation sur le plan politique, social et économique, ajoutant que le mouvement populaire doit donner lieu à un dialogue constructif où contribuent des sages, des compétences et différents autres acteurs.

Le secrétaire général du mouvement a fait savoir que son parti soutient la stabilité des institutions de l’Etat, saluant le caractère civilisé du mouvement pacifique et le professionnalisme dont ont fait preuve les services de sécurité. Dans le même ordre d’idées, le président du parti Ahd 54, Ali Faouzi Rebaïne a affirmé que le peuple algérien était souverain quant au choix de ses représentants. M. Rebaïne a précisé que le mouvement populaire doit avoir une issue, ajoutant que la rue ne renoncera pas à ses revendications et n’acceptera pas de représentants du système actuel. Après avoir rappelé le soutien de son parti au mouvement populaire, le président de l’AHD 54 a appelé à la nécessité de respecter la Constitution et les lois de la République et de prendre en charge les revendications du peuple. Il a également appelé à prendre des décisions et des mesures opérationnelles en y associant le peuple, préconisant la formation d’un gouvernement d’entente nationale qui prendra en charge la préparation et la supervision des élections.

T. Benslimane