Les défis de l’Algérie 2024/2030: Relancer l’économie nationale en d’adaptant aux nouvelles mutations mondiales et en conciliant l’efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale

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En ce mois de fin décembre 2023, l’Algérie est toujours à la recherche de son destin avec une transition inachevée. Les défis qui attendent l’Algérie sont nombreux et complexes.

Toute politique de développement de 2024/2025/2030  n’aura de chance d’aboutir que si  l’on tient compte à la fois des nouvelles mutations mondiales et des trajectoires du passé afin d’atténuer les tensions budgétaires et sociales. Dans cette conjoncture difficile, de hautes tensions géostratégiques, l’on  n’a pas besoin de louanges de courtisans, en contrepartie d’une rente, contre- productive pour le pouvoir lui-même, mais d’un langage de vérité ni sinistrose ni autosatisfaction afin de  mobiliser la population, existant un lien dialectique entre sécurité et développement

  1. Les indicateurs économiques 2023/2025 de l’Algérie favorables selon la Banque mondiale et le FMI.

Le rapport  de la BM  note , après une année 2020 marquée par une croissance négative de moins 5,1% pour cent ,  en raison de la pandémie de Covid-19 , l’Algérie a amélioré ses indicateurs financiers, ayant  toutes les potentialités pour devenir  un acteur actif au sein  des espaces euro méditerranéens et africains , son espace naturel  et avoir une croissance forte  de 8/9% pour absorber le flux additionnel de demande d’emplois  de 350000/400.000/an qui s’ajoute au taux de chômage  actuel d’environ 14% entre 2022/2023,  Les réserves de change s’élèveront selon le gouvernement fin 2023 à 73 milliards de dollars  et 82/83 milliards de dollars y compris les réserves d’or , 173 tonnes) et les  DTS déposés au FMI et selon le rapport de  la BM , les réserves de change  ont atteint   68,8 G$ US, soit 17,2 mois d’importations, en juin 2023, contre 61,7 G$ US à la fin-2022, soit 15,9 mois d’importations de biens et de services.  Cependant, le compte courant devrait passer d’un excédent record de 9,8 % du PIB en 2022 à 2,8 % en 2023, avant d’atteindre 1,4 % en 2024 et 0,5 % du PIB en 2025.   Selon le rapport, comme le dinar a suivi une trajectoire similaire par rapport aux monnaies utilisées avec ses principaux partenaires commerciaux (dollar américain, euro, yuan), les taux de change effectifs nominaux et réels (pondérés en fonction des échanges) se sont également renforcés au second semestre 2022, avant de se stabiliser au second semestre 2023. Au total, l’encours de la dette extérieure, faible, à fin septembre 2022, est estimé à 2,914 milliards de dollars contre 3,062 milliards de dollars à fin décembre 2021, en baisse de 148 millions de dollars. Sous l’effet de la baisse des recettes d’hydrocarbures par rapport à 2022,  et de l’augmentation des dépenses, le déficit budgétaire devrait se creuser en 2023 et 2024 ( une estimation provisoire  de 5800 milliards de dinars en 2024 soit au cours de 137 dinars un dollar 42,33 milliards de dollars, une augmentation  selon La BM de  6,8 % en 2023 et  de 8,9% en 2024. Le  ratio de la dette publique au PIB augmenterait de 5 points de pourcentage du PIB entre 2023 et 2025, pour atteindre 60,2 % du PIB en 2025..  La croissance du PIB réel s’est établie  à  3,4% en 2021  à 3,2% en 2022 et  de  2,5% en 2023 avec  un impact sur le taux de chômage de plus de 14% en 2023. Pour 2024, il est prévu un taux de croissance  du  PIB   de 2,5% dont le montant est estimé à  234 milliards de dollars en 2024, contre 216,4 milliards en 2023 ( le gouvernement l’ayant estimé à 233 milliards de dollars en 2023 ) et  une prévision  de 245 milliards de dollars en 2025. Pour la BM, l’ inflation est restée à un niveau élevé,   ayant  atteint 9,7 % sur les  8 premiers mois de 2023, celle des produits alimentaires 14,0 %, avec une moyenne de 9% pour 2023. Le rapport de la Banque mondiale rejoint celui récent du FMI  qui a rendu, le 04 décembre 2023 , ses conclusions à l’issue de sa mission du 3 au 14 décembre en Algérie  pour qui les  perspectives de l’économie algérienne sont « globalement favorables » à court terme avec une croissance solide de 4,2 % en 2023, avec un solde des transactions courantes de la balance des paiements devrait enregistrer un  excédent pour la deuxième année consécutive  et les réserves de change de l’Algérie sont à un « niveau confortable, équivalent à 14 mois d’importations à fin octobre, mais avec des risques en 2024 et surtout  à moyen terme  avec une  l’inflation qui « pourrait demeurer élevée et la volatilité des prix des hydrocarbures pourrait avoir un impact sur la croissance et les recettes budgétaires  et la  persistance » de déficits budgétaires « élevés » qui « éroderait la marge de manœuvre budgétaire, provoquant un resserrement des contraintes de financement et une hausse de la dette publique. Pour ce rapport,   l’économie algérienne est également « hautement vulnérable aux effets du changement climatique, tel qu’illustré par les épisodes récents de sécheresse. Les perspectives économiques pourraient  s’améliorer sous réserve de quatre conditions. Premièrement, , des efforts soutenus sont nécessaires  pour  améliorer l’environnement des affaires et attirer les investissements condition d’une croissance durable  et faire baisser le taux de chômage où    la  performance et à la résilience de l’économie algérienne  est tributaire de profondes réformes  dont celles des institutions par une  lutte contre la bureaucratie et la corruption , une  politique des subventions ciblées  intimement liée à l’intégration de la sphère informelle (renvoyant à la dualité de de la cotation du dinar) au sien de la sphère réelle supposant un système d’information fiable en temps réel ;  la réforme  du marché de l’emploi (une nouvelle politique  de l’éducation fondée sur la qualité  collant à l’environnement et améliorer le cadre de la  recherche pour éviter l’exode des cerveaux ) ;   la réforme du système financier dans toute sa composante ( banques, fiscalité, douane, domaine) et de l’épineux problème du foncier avec toutes utilités . Deuxièmement  les facteurs géostratégiques et économiques mondiaux  du fait  à la fois   de  l’évolution de la guerre de la Russie contre l’Ukraine,   de la résurgence des conflits au Moyen-Orient et de l’incertitude de la croissance  de l’économie mondiale influent sur  le cours des hydrocarbures dont l’Algérie dépend fortement car  la majeure partie des exportations en devises, entre 2022/2023 , plus de 95%  provient   de cette rente  avec des prix fluctuants  qui échappent à la décision interne, soit à la hausse, soit à la baisse. Troisièmement, l’Algérie pays semi-aride, l’économie algérienne dépend fortement d’ un retour à la normale de la pluviométrie après trois années de sécheresse, facteur lié  aux impacts du réchauffement climatique avec des catastrophes naturelles qui  font peser sur la croissance de l’agriculture  et les tensions  sur l’eau douce . Quatrièmement, l’inflation  devrait progressivement reculer en 2024 et 2025,mais  sous réserve de la mise en œuvre de politiques monétaires et budgétaires prudentes et que les précipitations pour améliorer l’agriculture se rétablissent.

2. Les défis de l’Algérie 2024/2030

Il existe    un lien dialectique entre sécurité et développement car sans sécurité, point de développement. L’ANP s’oriente vers la professionnalisation grâce à une formation permanente s’adaptant aux nouvelles technologies, sa vocation étant de protéger le territoire national, assurer la sécurité des biens et personnes et ce au moment où de vives tensions géostratégiques se trament au niveau de la région,. Dans les pays dits démocratiques les armées et les forces de sécurité contrairement à certaines propagandes jouent un rôle central dans la sécurité et le développement, existant un lien dialectique entre l’industrie militaire et les secteurs économiques du civil. En plus, si l’on prend les expériences récentes, les USA ont eu un président patron de la CIA, feu père Bush et la Russie Vladimir Poutine un ancien patron du KGB , de la Chine qui déploie ses forces de sécurité pour dynamiser ses exportations, de la majorité des pays du tiers-monde où les forces armées jouent un rôle central. Pour une société participative afin de respecter le contrat de coopération, s’impose une efficacité des institutions qui régissent des règles de coopération qui peuvent être informelles (comme les tabous, certaines traditions) ou formelles (écrites, codifiées comme le droit moderne). Les enjeux actuels et futurs des réformes passent par une évaluation à son stade actuel et ses environnements politiques, économiques, sociaux et internationaux, une identification des acteurs internes et externes impliqués dans le processus des réformes, une analyse des stratégies développées ou qui risquent d’être développées par les acteurs hostiles et une série de contre-mesures à mettre en œuvre par les acteurs favorables et anticiper les risques d’échec.  C’est que tout projet social est porté par des partis politiques, en fonction d’affinités idéologiques et économiques dont le but, loin des slogans populistes, est d’améliorer la situation sociale des citoyens, de concilier efficacité économique avec une profonde justice sociale impliquant une économie forte, toute nation ne partageant que ce qu’elle a préalablement produit. L’Algérie n’a pas besoin d’une pléthore de 40 ministères qui se télescopent dont l’expérience récente a montré le manque de cohérence.  En raison des crises internes qui les secouent périodiquement, du discrédit qui frappe la majorité, les formations politiques actuelles ont aujourd’hui une faible capacité de faire un travail de mobilisation et d’encadrement efficient, de contribuer significativement à la socialisation politique et donc d’apporter une contribution efficace à l’œuvre de redressement national.  Quant à la société civile, force est de constater qu’elle est éclatée y compris certaines confréries religieuses qui, avec la désintégration sociale et une jeunesse parabolée, ont de moins en moins d’impacts contrairement à une vision du passé. Comme pour les partis, la majorité se manifeste que sur instrumentalisation, vivant du transfert de la rente et non sur la base des cotisations de ses adhérents. La confusion qui prévaut actuellement dans le mouvement associatif national rend urgente l’élaboration d’une stratégie visant à sa prise en charge et à sa mobilisation. Sa diversité, les courants politico-idéologiques qui la traversent et sa relation complexe à la société et à l’Etat ajoutent à cette confusion et la verra-t-on se scinder en quatre sociétés civiles: premièrement, le premier segment qui a été par le passé le plus gros segment, interlocuteur privilégié et souvent l’unique des pouvoirs publics est constitué des sociétés civiles appendice du pouvoir se trouvant à la périphérie des partis du pouvoir où les responsables sont parfois députés, sénateurs, vivant en grande partie du transfert de la rente.; deuxièmement, nous avons une société civile ancrée franchement dans la mouvance islamiste, certains segments étant l’appendice de partis islamiques légaux; troisièmement, nous avons une société civile se réclamant de la mouvance démocratique, faiblement structurée, en dépit du nombre relativement important des associations qui la composent, et minée par des contradictions en rapport, entre autres, avec la question du leadership; quatrièmement, nous avons une société civile informelle, inorganisée, atomisée qui est de loin la plus active et la plus importante, formant un maillage dense, tous les acteurs voulant un changement, mais du fait de tendances idéologiques contradictoires incapables de s’entendre sur un programme de gouvernement cohérent. Les défis  futurs seront  de concilier l’efficacité économique et la  nécessaire cohésion sociale ,  l’implication du citoyen dans le processus décisionnel qui engage l’avenir des générations futures, qui  est une manière pour l’État, de marquer sa volonté de justice et de réhabiliter sa crédibilité en donnant un sens positif à son rôle de régulateur et d’arbitre de la demande sociale. Le monde de demain subira de profondes mutations politiques, militaires, socio-économiques et énergétiques, déclin des hydrocarbures traditionnels, développement des énergies renouvelables, l’hydrogène 2030-2040, avec de nouveaux segments engendrant de la valeur ajoutée nouvelle, déclassant les activités traditionnelles. Nous devrions assister à d’autres relations sociales, de nouveaux comportements et d’autres méthodes de travail avec le développement des vidéoconférences, le télétravail pour certains métiers et des recompositions territoriales autour de grands espaces régionaux pour une population mondiale de 8,9 milliards d’ habitants en 2030 et 9,8 milliards en 2050. Les  sociétés sont perturbées par  l’entrée en puissance des nouvelles technologies à travers Facebook qui contribuent à refaçonner les relations sociales, les relations entre les citoyens et l’Etat, par la manipulation des foules, pouvant être positives ou négatives lorsqu’elles tendent à vouloir faire des sociétés un tout homogène alors qu’existent des spécificités sociales des nations à travers leur histoire, Ces nouvelles dictatures peuvent conduire à effacer tout esprit de citoyenneté à travers le virtuel, l’imaginaire et la diffusion d’images avec pour conséquence une méfiance accrue par la manipulation des foules, lorsque des responsables politiques formatés à l’ancienne culture ne savent pas communiquer. Des dangers guettent le futur monde, qui seront  la guerre alimentaire et son corollaire l’eau,  la guerre numérique (cyber attaque) qui modifiera notre mode de vie et  la guerre écologique, cette dernière pouvant conduire avec le réchauffement climatique à des déplacements de populations avec l’élévation du niveau des mers et la sécheresse, à d’importants flux migratoires et des couts croissants supposant une  coopération internationale.

En  conclusion, comme je l’ai démontré dans deux   interviews à l’American Herald Tribune (USA  2018, 2019)  et plusieurs contributions au Financial  Afrik et AfricaPresse Paris  2022/2023 ,  une diplomatie forte en ce XXIème siècle doit reposer sur une économie forte et des réseaux qui ont tendance à remplacer  les relations  officielles entre  chefs d’Etat. Aussi, s’imposent de profondes réformes socio-économiques, une nouvelle gouvernance reposant sur la moralisation de la société, et une société participative impliquant les citoyens. Pour réussir les réformes, l’Algérie, acteur stratégique de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine, a besoin de nouvelles intermédiations loin des aléas de la rente, Pour cela s’impose un regard critique et juste sur sa situation, sur ce qui a déjà été accompli de 1963 à 2023, et de ce qu’il s’agit d’accomplir entre 20242025/2030 au profit exclusif d’une patrie qui a besoin de se retrouver et de réunir tous ses enfants autour d’une même ambition et d’une même espérance, la Sécurité nationale et le développement économique et social du pays.

A.M