Afin de couvrir la consommation locale et exporter le président de la République en conseil des ministres en date du 07 janvier 2024 a instruit le gouvernement d’accélérer la réalisation du projet de la raffinerie de Hassi Messaoud qui s’inscrit dans le cadre de la nouvelle politique énergétique de l’Algérie qui constitue un projet stratégique
1.-Les axes de la transition énergétique 2024/2030
Premier axe, investir dans les hydrocarbures traditionnels
Sonatrach prévoyant d’investir entre 40/50 milliards de dollars durant les cinq prochaines années qui constitueront encore pour longtemps la principale entrée en devises ( 50% de la superficie n’étant pas encore exploitée) pour découvrir de nouvelles réserves avec pour objectif tant pour courir la consommation intérieure qui approche les exportations actuelles ( plus de 40% ) en augmentant notamment les volumes de gaz à l’exportation vers des pays lointains à travers le GNL et vers l’Europe à travers les canalisations dont Medgaz capacité 10,5 milliards de mètres cubes gazeux et Transmed 33/24 milliards de mètres cubes gazeux ,qui ont connu un accroissement en 2023 passant de 11% entre 2021/2022 à 13% en 2023.. Plusieurs projets qui doivent approvisionner l’Europe permettront de développer les exportations du gaz par canalisation en attendant la mise en œuvre fonction à la fois de la géostratégie et du cout économique, dont le projet du gazoduc trans-saharien NIGAL, d’une longueur de 4 128 kilomètres qui suppose la résolution interne du conflit au Niger et que le Nigeria principal fournisseur rétablisse les connexions électriques actuellement coupées avec le Niger et de accord du principal client qui est l’Europe, d’une capacité annuelle de trente milliards de mètres cubes ; le projet de Galsi, via la Sardaigne et la Corse, gelé depuis 2012 et qui annonçait alors une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux pour un investissement de 3 milliards de dollars devant être relié à la Corse (cf. conférence du Pr A.Mebtoul à la CCI de Corse et son déplacement en Sardaigne pour défendre ce projet). Selon les données de l’Opep, le gazoduc Medgaz reliant l’Algérie à l’Espagne a connu une augmentation de l’ordre de 2 milliards de m3 en 2022, en passant de 8 milliards de m3 à 10 milliards m3, tandis que les quantités de gaz acheminées vers l’Italie, via le Transmed, ont atteint 23,5 milliards de m3 en 2022 contre 21,5 milliards m3 en 2021. L’on doit éviter toutes mauvaises interprétations concernant le niveau des réserves de gaz ou de pétrole : premièrement , les réserves se calculent par rapport au vecteur prix international et au cout :si le prix est de 100 dollars le mégawattheure exemple, les réserves se rapprochent du niveau des réserves ; mais si le prix est de 50, les réserves sont divisées par deux et ne pas oublier que l’on doit injecter dans les puits entre 20/25% du gaz pour ne pas épuiser l’extraction. Deuxièmement le prix du gaz ne répond pas comme celui du pétrole à l’’offre et la demande à un jour T, le marché du pétrole étant un marché mondial , le marché du gaz segmenté géographiquement du fait de la prépondérance des canalisations environ 70% et le marché du GNL 30% étant un marché régional , .d’où l’importance des contrats à moyen et long terme car l’investissement est lourd et à rentabilité à moyen et long terme.
Le deuxième axe est le développement des énergies renouvelables.
L’Algérie disposant d’abondantes sources d’énergies renouvelables, solaires (plus de 3 000 heures de soleil par an) et éoliennes, qui lui permettent de devenir un leader mondial dans la production de l’énergie propre, pour la consommation locale ( le Ministère de l’Energie prévoyant horizon 2030/2040, environ 40% de la couverture du marché intérieur étant fin 2022 entre 1/2% ) mais aussi pour l’exportation vers l’Europe. Le Ministère de l’Energie s’est engagé à promouvoir les énergies renouvelables, ce qui consiste à installer une puissance d’origine renouvelable de l’ordre de 22 000 MW à l’horizon 2030, dont 12 000 MW pour le marché national algérien, et avec une possibilité d’exportation allant jusqu’à 10 000MW. Cependant, il reste à mobiliser un financement estimé entre 50/70 milliards de dollars pour atteindre ces objectifs.
Le troisième axe est le développement de l’hydrogène vert dont il conviendra de déterminer le cout et le futur prix au niveau international.
Sonatrach dans le cadre du Mix énergétique doit axer sa politique sur la diminution des gaz torchés , la réduction de l’empreinte carbone, être un acteur efficace au sein de la chaîne de valeur des énergies renouvelables, ainsi que de l’hydrogène vert , en précisant que des contrats ont eu lieu avec le partenaire ENI, afin de mener des projets pilotes pour l’hydrogène vert et les biocarburants, ainsi que la Signature d’un MoU avec la société allemande VNG AG pour la réalisation des projets d’hydrogène vert et d’ammoniac . L’Algérie se propose, selon le Ministère de l’Energie, d’investir de 20 à 25 milliards de dollars à l’horizon 20242040 autour de l’hydrogène renouvelable, divisée en trois grands phases : le démarrage via des projets pilotes (2023 à 2030), l’expansion et la création de marchés (2030 à 2040) et l’industrialisation et la compétitivité du marché (2040 à 2050). À horizon 2040, l’Algérie prévoit de produire et d’exporter 30 à 40 TWh d’hydrogène gazeux et liquide, avec un mix à la fois composé d’hydrogène bleu, produit à partir de gaz, et d’hydrogène vert fabriqué par électrolyse grâce aux importantes ressources solaires du pays, avec pour objectif de fournir à l’Europe 10 % de ses besoins en hydrogène vert, d’ici à 2040..
2.-La nouvelle politique des carburants
Sonatrach dispose de cinq (05) raffineries de pétrole brut, d’une capacité de traitement de 25 millions tonnes par an et d’une raffinerie de condensat d’une capacité de traitement de 05 millions tonnes par an. le plan de Sonatrach pour 2025 visant à augmenter la production à 500.000 tonnes ce qui a permis de faire passer la facture d’importation de 2 milliards de dollars entre 2019/2020 à 300 millions de dollars fin 2023 ,une économie de 1,7 milliard de dollars. Rappelons que le projet de la raffinerie de Hassi Messaoud a été à l’ordre du jour de plusieurs Conseil des ministres, où le 10 décembre 2023, le président de la république avait instruit le gouvernement afin « de relancer la raffinerie de Hassi Messaoud dans les plus brefs délais ». Pour rappel, en janvier 2020, le groupe Sonatrach avait signé un contrat avec un groupement composé de Tecnicas Reunidas (Espagne) et Samsung Engineering (Corée du Sud) pour la réalisation d’une raffinerie de pétrole au niveau de Haoud El Hamra à Hassi Messaoud. Ce contrat, d’un montant de 440 milliards de DA (quelque 3,3 milliards de dollars au cours de 137 dinars un dollar ), portait sur la réalisation d’une raffinerie de pétrole brut à conversion profonde d’une capacité de 5 millions de tonnes/an. Le projet devait être exécuté en EPC dans un délai de 52 mois et la livraison du projet était prévue en mars 2024, avec deux ans de garantie, soit mars 2026 pour la réception finale .Cela devait permettre à l’Algérie de renforcer sa production nationale de carburants et lubrifiants et dégager des volumes éventuels pour l’export. Plus précisément, selon les données de Sonatrach, la raffinerie aura spécifiquement vocation à produire sept produits à la norme Euro 5: propane (127 000 tonnes par an), butane (180 000 tonnes/an), essence NO 95 (352 000 tonnes/an), essence NO 91 (1 373 000 tonnes/an), kérosène (228 000 tonnes/an), gasoil (2 659 000 tonnes/an) et bitume (134 000 tonnes/an). En 2022, 52% des produits issus des raffineries sont destinés pour couvrir les besoins du marché national, notamment en GPL, Essence, Gasoil et Lubrifiants, le reste de la production des raffineries est destiné à l’export comme le Naphta, le Fuel-oil et les Aromatiques. La consommation nationale de carburant s’est élevée à près de 17,7 millions de tonnes en 2022, soit une hausse de 3% par rapport à l’année 2021, devant atteindre les 41 millions de tonnes en 2050, avec une hausse de 3 millions de tonnes par an. La consommation de diesel a atteint 10,1 millions de tonnes en 2022, soit une hausse de 4% par rapport à 2021 alors que la production de diesel est de 9 millions de tonnes par an, la production devant être portée à 12,5 millions de tonnes à l’horizon 2030. Avec l’entrée en production du projet de transformation du fioul en diesel à Skikda en 2028, la production devrait être de près de 4 millions de tonnes. Pour ce qui est de l’essence, la consommation a baissé de 2,26% à 3,3 millions de tonnes en 2022, contre 3,4 millions de tonnes en 2021 du fait de l’accroissement de la consommation du GPLc qui devrait atteindre 6,8 millions de tonnes d’ici 2050, la capacité de production de ce carburant étant estimée en 2022 à 4 millions de tonnes par an, la consommation du GPLc,, selon le président de l’ARH étant de 1,5 million de tonnes en 2022, contre 1,2 millions de tonnes en 2021, S’agissant de la consommation du kérosène, elle a atteint 468.000 tonnes en 2022 contre 297.000 tonnes en 2021, soit une hausse de 58%, la consommation du carburant marin étant de 219.000 tonnes l’année dernière. La consommation du butane et du propane a été de 1,34 million de tonnes en 2022 et la consommation du bitume 619.000 tonnes en 2022, en baisse de 20%. D’une manière générale, la politique des carburants doit s’inscrire dans le cadre de la nouvelle politique énergétique dont une transition énergétique successive maîtrisée ( sur la stratégie énergétique disponible du Youtube différents interviews récents du Pr Abderrahmane Mebtoul – 9 janvier 2023 9h30 sur la Radio publique gouvernementale en langue française – – Ifrikya FM- ENRS – la stratégie gazière mondiale et son impact sur l’Afrique – interview Pr Abderrahmane Mebtoul 06/01/2023 Radio Algérie Internationale en langue arabe Le sommet des pays exportateurs de gaz à Alger du 29 février au 02 mars 2024 : quelle stratégie pour l’Algérie ? – interview El Watanweb Le Point VIP spéciale transition énergétique réalisée par Asma Bersali rédactrice en chef El Watan). .Car une très forte baisse des carburants qui parfois ne couvrent pas les coûts ( exemple Sonelgaz pour l’électricité),mais devant être réaliste, le revenu moyen de l’Algérien étant environ 20% de celui de l’européen, encourage le gaspillage et une consommation non optimale , d’où la nécessité d’un système des subventions directes au profit des catégories sociales et ménages à faible et moyen revenus ainsi que transitoirement pour des segments inducteur de valeur ajoutée. L’on devra également réduire davantage les émissions de méthane et le torchage, ce qui rendrait plus de gaz disponible pour le commerce. Cette politique des carburants doit s’insérer dans le cadre de l’efficacité énergétique, renvoyant à une nouvelle politique des prix afin d’éviter un gaspillage des ressources renvoyant au dossier des subventions ciblées que j’ai dirigé celui des carburants , avec le bureau d’études américain Ernest Young et avec les cadres du Ministère de l’Energie et de Sonatrach que j’ai présenté personnellement à la commission économique de l’APN en 2008, ( prix de cession du gaz sur le marché intérieur environ un dixième du prix international occasionnant un gaspille des ressources qui sont gelées transitoirement pour des raisons sociales). C’est la plus grande réserve pour l’Algérie, ce qui implique une révision des politiques de l’habitat, du transport et une sensibilisation de la population. L’on doit durant une période transitoire ne pas pénaliser les couches les plus défavorisées. A cet effet, une réflexion doit être engagée pour la création d’une chambre nationale de compensation, que toute subvention devra avoir l’aval du parlement pour plus de transparence. Une chambre devant réaliser un système de péréquation, tant interrégionale que socioprofessionnelle, segmentant les activités afin d’encourager les secteurs structurants et tenant compte du revenu par couches sociales, donc une nouvelle politique salariale.
A.M