Législatives: Le peuple entretient l’espoir d’un nouveau visage de l’Algérie

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L’espoir d’une «Algérie nouvelle» qui offre de «meilleures» perspectives à ses enfants, tout en mettant fin à la corruption endémique ayant caractérisé les dernières décennies est la principale motivation de ceux qui, notamment parmi la jeunesse, ont voté, ce samedi, pour la première fois, à l’occasion des législatives.

Fatma-Zohra. M., la quarantaine et fonctionnaire de son état, s’est déplacée, en milieu de matinée, au centre de vote du lycée Frantz-Fanon à Bab El Oued, afin d’accomplir son «devoir de citoyenne en contribuant au choix des représentants du peuple au Parlement», affirme-t-elle en précisant qu’il s’agit pour elle d’«une première». Mère de deux enfants, dont elle était accompagnée ainsi que de son époux, elle arbore sa pièce d’identité et sa carte d’électrice. L’expression de son visage, qu’entoure un foulard, semble trahir la portée du pas qu’elle s’apprête à franchir : elle explique que, si «par le passé, la pratique politique l’avait dissuadée de se rendre aux urnes, les choses semblent bouger depuis l’avènement du Hirak  auquel elle a pris part. Tout en soulignant qu’elle vote «également et surtout pour l’avenir de ses enfants», elle révèle sa préférence, parmi les candidatures en lice, pour une candidate indépendante, diplômée universitaire. Particulièrement sensible aux questions des droits humains, des femmes en particulier, Fatma-Zohra est de ceux qui croient que «seule l’instruction peut émanciper ces dernières», avant d’interpeller les futurs députés pour «œuvrer en faveur de lois renforçant davantage la condition féminine». Samir Belkacemi fait partie des jeunes ayant également opté pour une première participation à cette échéance électorale, car espérant une «Algérie meilleure à travers, entre autres, une Assemblée plus représentative et plus rajeunie», précise-t-il, peu avant de glisser dans l’urne l’enveloppe contenant le candidat de son choix, parmi ceux proposés par le parti de son choix. «J’ai 22 ans et c’est la première fois que je vote. Ce qui m’a fait décider, c’est la volonté de contribuer au changement et le rêve d’une nouvelle Algérie, en espérant que celui à qui j’ai donné ma voix ainsi que tous les futurs députés soient à la hauteur des attentes de la jeunesse algérienne», souligne-t-il. Accompagné d’un ami, il s’est présenté en milieu de matinée au centre de vote du lycée l’Emir Abdelkader, dans la même circonscription administrative.

Il affirme «aspirer à vivre dans une Algérie qui reconnaisse les compétences des jeunes et les encourage à participer à son développement», les promesses non tenues du passé l’ayant fortement découragé. Arborant une tenue sportive et affichant un air vif, cet étudiant en droit est natif du quartier des  Trois- Horloges, à Bab El Oued, et y vit avec ses parents et 6 frères et sœurs, dont il est le benjamin, dans un appartement exigu. Depuis qu’il a commencé à s’intéresser à la politique, il a fini, au fil du temps, par «ne plus faire confiance à la classe dirigeante en raison de l’injustice et de la corruption régnantes», explique-t-il, avant de soutenir: «Je vote pour qu’une fois licencié, je trouve facilement un emploi et que je puisse construire mon avenir, améliorer mes conditions de vie et acquérir, plus tard, mon indépendance». Son ami, Hamid. S., du même âge, va dans ce sens : «Je viens voter pour que je n’aie pas à partir sous d’autres cieux comme l’ont fait des milliers d’autres jeunes. Je suis sans emploi car n’ayant pas poursuivi mes études, mais je reste optimiste pour l’avenir !». «J’avoue que j’ai toujours été hostile aux rendez-vous électoraux, tant je n’ai jamais été convaincu par la nécessité du vote depuis que j’ai compris que les dés étaient jetés en avance.

Cette fois-ci, j’ai opté pour la participation car, depuis le Hirak en 2019 où j’ai pris part, j’entretiens l’espoir d’un nouveau visage de l’Algérie», soutient Madjid Guettouche, la trentaine bien entamée. Ingénieur d’Etat dans une entreprise publique, il s’est déplacé au même centre de vote, muni des pièces nécessaires mais surtout du «rêve que la nouvelle Algérie soit celle de l’intégrité, de la valorisation de l’effort ainsi que de la justice sociale».

Dans une tenue sobre et présentable, il reflète la jeunesse algérienne instruite et consciente des réalités du pays, dont celle qui a failli, il y a une dizaine d’années, le lui faire quitter, à la recherche d’horizons meilleurs. «Je suis issu d’une famille modeste mais très attachée aux principes et valeurs morales. Mes parents m’ont appris à ne compter que sur mes propres compétences et sueur, et ne jamais céder à un bien ou fonction mal acquis. Ce pourquoi, il m’a fallu passer par des longues années de chômage et de petits boulots avant de trouver enfin un emploi digne de mon salaire», confie-t-il. Et de poursuivre : «J’ai décidé d’aller voter même à travers un bulletin blanc, n’ayant été convaincu par aucune liste ou candidat, car je considère que le plus important est que j’exprime ma voix car il est temps que l’Algérie soit portée par les plus méritants de ses enfants et que cesse le règne des passe-droits et des impostures !». En compagnie de sa voisine, Linda Moussaoui,  28 ans, s’est rendue au centre de vote du lycée El-Idrissi au 1er- Mai pour les mêmes motivations de «changement pour l’Algérie et son peuple», indique-t-elle, précisant avoir opté pour un des candidats présentés par le parti de son choix. Cette étudiante en sciences politiques affirme accomplir son devoir électoral par «amour du pays et par espoir d’un lendemain meilleur pour tous», tout en souhaitant que «le départ de l’ancien système et l’emprisonnement de ses figures soient suivis d’autres pas qui rétablissent définitivement la confiance entre citoyens et gouvernants». Le deuxième jalon dans l’édification d’une Algérie nouvelle et démocratique, souligne Tebboune Après avoir accompli son devoir électoral, et au sortir du bureau de vote, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, s’est félicité de l’accomplissement du deuxième jalon dans la construction de l’Algérie nouvelle. «J’ai accompli, en tant que citoyen mon devoir électoral, dans ces élections qui constituent la deuxième pierre angulaire dans le processus de changement et le fondement d’une Algérie nouvelle», a déclaré d’emblée le président de la République et de souligner :«Une Algérie démocratique et plus proche que jamais du citoyen» avant de se féliciter de cette réalisation, donnant rendez-vous lors de «la dernière étape» du changement à l’occasion des prochaines élections communales et de wilayas. Le président de la République a tenu à remercier la presse nationale et internationale venue couvrir l’évènement qui, à leur tour, ont profité par là même à l’interroger à ce propos. A la demande de savoir son sentiment envers cette étape dans le processus du changement des institutions, le président de la République a estimé que «nous sommes sur la bonne voie, preuve en est, les attaques et critiques ciblant l’Algérie qui, aujourd’hui, accède à la démocratie par les grandes portes en donnant réellement la décision souveraine au peuple». «Personnellement, en tant que président et citoyen, je crois résolument en l’article 7 de la Constitution qui donne le pouvoir au peuple qui l’exerce via ses représentants élus», a-t-il poursuivi. Le président de la République a indiqué, dans ce contexte, que «la démocratie veut que la majorité respecte la minorité, mais la décision demeure entre ses mains». Après avoir rappelé que voter se veut «un devoir national», le président de la République a évoqué les prévisions concernant les résultats de ces échéances, indiquant à ce propos: «J’ai déjà déclaré que le taux de participation ne m’intéressait pas. Ce qui m’importe est que ceux qui sortiront de l’urne détiennent la légitimité populaire qui leur permettra, demain, d’exercer le pouvoir législatif». À la question relative aux «boycotteurs», le président de la République s’est dit «respectueux de leurs choix libre» à la seule condition que «le boycott ne soit imposé aux autres citoyens». «Tout un chacun est libre de s’exprimer comme bon lui semble, dans le respect de l’autre, et sans enfreindre la liberté d’autrui», a-t-il souligné précisant que «la démocratie suggère que la majorité se doit de respecter la minorité mais elle détient le pouvoir de décider».

A l’interrogation de savoir quelle forme de gouvernement (technocrate ou de politiques) va émerger de cette compétition, le président de la République dira que «c’est les résultats des législatives qui en décident conformément à l’esprit de la Constitution de novembre 2020». La Constitution stipule, explique-t-il, les deux cas de figure selon que la majorité parlementaire émergera de l’opposition ou des fidèles du programme présidentiel. Et dans les deux cas de figure, dit-il, nous avons une décision à prendre. Laquelle décision «sera prise conformément à la vraie démocratie», a-t-il fait savoir.

  1. T. / Ag.