Cette présente contribution est le prolongement de mes trois interventions suite aux invitations, l’une de Radio Algérie Internationale-RAI, le 8 avril 2023 de 10 à 11h et de la télévision AL 24 News, le 8 avril 2023 de 17h20 / 18h, et la dernière à la radio chaîne 3 ( diffusion le 10 avril 2023) sur les impacts la réduction de la production de certains pays de l’OPEP+ sur le cours du pétrole et par ricochet sur l’économie algérienne (1).
1- Pour stabiliser le marché et du fait de l’incertitude de l’économie mondiale, plusieurs pays producteurs de pétrole ont décidé de réduire leur production, une décision volontaire n’engageant pas toute l’organisation et ce, de mai à fin 2013. L’Algérie réduira sa production de 48 000 barils/jour, l’Arabie saoudite de 500 000 barils/jour, les Emirats arabes unis de 144 000 barils/jour, le Koweït de 128 000 barils/jour, l’Irak, de 211 000 bpj, le Sultanat d’Oman de 40 000 barils/jour et le Kazakhstan de 78 000 barils/jour. Nous aurons au total une réduction de 1 649 000 barils avec la Russie dont la décision a été prise le 9 février 2023 de réduire sa production de 500 000 barils/j par jour, le tout représentant par rapport à la consommation mondiale estimée en 2022 à 101,17 millions de barils par jour, un pourcentage de 1,62%. Cette décision s’ajoute à la réduction de la production convenue lors de la 33e réunion ministérielle du 5 octobre 2022, où l’OPEP+ a décidé d’ajuster à la baisse la production globale de 2 mb/j, par rapport aux niveaux de production requis d’août 2022, jusqu’en 2023. Les réductions décidées résultent de décisions individuelles qui n’engagent pas l’organisation OPEP+ puisque actuellement, l’OPEP+ regroupe 23 pays dont 13 membres de l’ OPEP qui sont par ordre décroissant de production de pétrole: Arabie saoudite, Irak, Émirats arabes unis, Iran, Koweït, Nigeria, Libye, Algérie, Angola, Venezuela, République du Congo, Gabon et la Guinée équatoriale. Les dix autres pays dans le cadre de l’OPEP+ sont la Russie, le Mexique, le Kazakhstan, Oman, Azerbaïdjan, la Malaisie, le Bahreïn, Brunei, le Soudan et le Soudan du Sud. Cette décision a eu un impact puisque le cours du pétrole est coté le 8 avril 2023 à 84,94 dollars et le Wi 80,47 dollars pour un cours euro/dollar en date du 08 avril 2023 de 1,10, après avoir frôlé il y a quelques semaines 70 dollars. Devant les incertitudes de l’économie mondiale, loin de tout euphorie, de certains soi-disant experts qui annonçaient au lendemain de ces décisions, dans la précipitation sans analyses sérieuses un cour prochain de 100 dollars et rappelons-nous également au lendemain du conflit en Ukraine un baril à plus de 200 dollars. qui ont induit en erreur par le passé les autorités du pays, nous assistons à une stabilisation. Le facteur déterminant est la croissance de l’économie mondiale, où selon le rapport du FMI de janvier 2023, la croissance de l’économie mondiale devrait ralentir passant de 3,4% en 2022 à 2,9% en 2023 et selon le FMI. La majorité des pays qui tirent la croissance est en ralentissement dues aux effets d’une plus grande rigueur budgétaire et de la hausse des taux d’intérêts pour juguler l’inflation : les USA aurait un taux de croissance seulement de 1,4% en 2023 contre 2,,6% en 2022, la zone euro 0,9% en 2023 contre 3,5% en 2022 , l’inde 7% contre 9% en 2022, et seule la Chine échappe à ce scénario 4,8 % en 2023 contre 3,2 % en 2022, mais loin des taux de croissance de 7/8% du passé pour absorber la demande d’emploi du fait de la forte croissance démographique. Les bourses seront attentif donc à l’évolution de l’économie chinoise le plus gros importateur de pétrole où selon le Consensus Bloomberg de décembre 2022, l’économie chinoise ferait en effet face à quatre défis majeurs en 2023 : premièrement , malgré l’annonce de l’abandon de la stratégie «zéro Covid», la nouvelle vague de contaminations constitue une réelle menace, et devrait retarder la reprise de la consommation privée ; deuxièmement, la crise immobilière, qui a éclaté fin 2021, s’est amplifiée en 2022 et continuerait de peser sur l’activité en 2023 ; troisièmement, après un important soutien public en 2022, les marges de manœuvres des autorités budgétaires et monétaires ne semblent pas aussi larges qu’il n’y paraît et quatrièmement les incertitudes au niveau local interrogent sur les chiffres de croissance en Chine, le contexte international ne s’avère guère plus favorable et pourrait se traduire par un fort ralentissement de la demande externe.
2 – Mais existent d’autres facteurs interdépendants dont les facteurs géostratégiques où dans cette conjoncture courant mars et début avril 2023, les tensions entre l’Irak et la Turquie, où Ankara a cessé depuis le 25 mars 2023 de pomper environ 450 000 barils par jour de brut irakien mais qui sont parvenus à un protocole d’accord en vue de la reprise des exportations de pétrole vers la Turquie, le 02 avril 2023, ainsi que de la crise en Ukraine qui a bouleversé toute la carte alimentaire et énergétique. Qu’en sera-t-il seraaura-t-il des impacts sur le cours futur de la décision du G7 plus l’Australie de plafonner prix du pétrole par voie maritime à 60 dollars le baril et les dérivées à compter de février 2023, ainsi que la décision de la commission européenne de plafonner le prix du gaz à 180 dollars le mégawattheure ? Nous avons des facteurs imprévisibles comme les récents scandales financiers qui ont contribué temporairement à la baisse du cours du pétrole notamment avec la faillite de banques américaines spécialisées dans les crypto-monnaies dont la Silicon Valley Bank (SVB), la «banque de la tech» et de Signature Bank, également proche du monde des cryptos, la faillite du Crédit Suisse, qui compte parmi les 30 plus importantes banques du monde afin d’éviter un impact systémique, la Banque nationale suisse (BNS), ayant accepté de débloquer des liquidités pour 100 milliards de dollars en faveur de Crédit Suisse dans le cadre de l’accord et fin mars 2023 et récemment de nouveaux scandales financiers touchant cinq établissements bancaires français : la Société générale, BNP Paribas, Natixis, HSBC et Exane, une filière de la BNP Paribas spécialiste des investissements financiers avec une fraude fiscale estimée provisoirement à plus de 150 milliards d’euros dont 30 milliards en France, se de la croissance mondiale. Nous avons également d’autres facteurs qui entrent dans les fondamentaux comme la production du pétrole et gaz de schiste américain hors OPEP+ devenu le plus grand prducteur mondial plus de 11 millions de barils jour et le respect ou non des quotas de l’OPEP+ plus surtout des deux plus grands producteurs Arabie saoudite et Russie plus de 10 millions de barils jour; la Libye bien que non concerné par la limitation des quotas, avec 42 milliards de barils de pétrole et plus de 1500 milliards de mètres cubes gazeux, pour une population ne dépassant pas 6,5 millions d’habitants, pouvant facilement produire plus de 2 millions de barils/jour; l’Irak, pouvant aller vers plus de 7 millions/jour et l’Iran, non concerné par la limitation des quotas, s’il y a accord sur le nucléaire ayant des réserves de 160 milliards de barils de pétrole lui permettant d’exporter entre 4/5 millions de barils jour, sans oublier la plus grande réserve de pétrole du monde avant l’Arabie saoudite le Venezuela également non concerné par la limitation des quotas qui possède les premières réserves de pétrole du monde avec 298,353 milliards de barils, sans oublier le Mozambique en Afrique ainsi que les importantes découvertes en méditerranée et en océan Arctique qui contiendrait 13 % du pétrole et 30 % du gaz naturel. mondial, Mais le facteur essentiel à moyen et long terme entre 2023/2030 sera la transition énergétique l’Europe prévoyant 50% de sa cosommation en 2030, en énergies renouvelables et hydrogène vert. D’ici à 2030/2035, les investissements prévus dans le cadre de la transition énergétique USA/ Chine/Europe/Inde devraient dépasser les 4000 milliards de dollars et les grandes compagnies devraient réorienter progressivement leurs investissements dans des segments écologiques rentables à terme.
3- Quels sont les impacts sur l’économie algérienne fortement connectés à l’économie mondiale via la rente des hydrocarbures, avec les dérivés, 98% des entrées en devises et de l’investissement via la dépense publique et 85% de ses importations de matières premières dont le taux d’intégration des entreprises publiques et privées en 2022 ne dépasse pas 15%. Pour l’Algérie selon le rapport du FMI de janvier 2023, je cite le rapport : «La croissance devrait ralentir en 2023 à 2,6 % contre 3,7% en 2022, en raison d’une production pétrolière limitée mais avec des effets positifs concernant les balances budgétaire et courante, une tendance à la hausse à court terme (0,9 % et 0,2 % du PIB en 2022, mais avec une inflation globale qui s’est accélérée pour atteindre 7,2 % en 2021 et est estimée à 9,3 % en 2022, son plus haut niveau depuis 26 ans, l’inflation devant s’atténuer légèrement à 8,1 % en 2023, les perspectives dépendant essentiellement de la trajectoire de prix des hydrocarbures». Ainsi, le cours élevé des hydrocarbures en 2022 a permis une relative aisance financière , selon le dernier rapport de la banque d’Algérie ayant atteint, pour le pétrole, un prix moyen de 109 dollars pendant la même période contre 72,7 dollars en 2021, tandis que ceux du gaz ont plus que doublé, passant de 5,2 à 11,5 dollars le million de BTU, le gaz représentant plus de 35% des recettes de Sonatrach. Cela a permis un investissement de 5,5 milliards de dollars , une production primaire d’hydrocarbures une évolution de 2%, montrant que ce sont les effets externes qui ont contribué à ces résultats entre 80/ 90%. De ce fait, les recettes de Sonatrach ont été en 2022 de 60 milliards de dollars, mais ce sont les recettes devant soustraire les parts des étrangers et les différents coûts internes, pour avoir le profit net et ce montant inclut les dérivés d’hydrocarbures commercialisés par Sonatrach et inclus également dans la rubrique hors hydrocarbures, ne devant pas faire un double emploi. Sonatrach sous réservé d’une plus grande efficacité énergétique devant revoir la politique des subventions appliquées aux carburants (environ 20% du prix international) d’un attrait de l’investissement en amont, du développement des énergies renouvelables, solaire et hydrogène vert (prévision de 40% de la consommation intérieure horizon 2030/2035) peut doubler ses capacités d’exportation de gaz notamment vers l’Europe son principal client, 80% environ, passant de 12% en 2022 à 25% entre 2025/2027. D’où la nécessité afin de comprendre les déterminants du cours du pétrole, étant souhaitable que Sonatrach dresse un bilan physico-financier pour déterminer ses résultats, ce qui est imputable à des facteurs externes et ce qui est imputable à une bonne gestion interne. Comme effets positifs, l’Algérie a eu une balance commerciale excédentaire d’environ 20 milliards de dollars fin 2022, à ne pas confondre avec la balance des paiements, beaucoup plus significative, qui inclut les importations des services (environ 6/7 milliards de dollars en 2022) et les mouvements de capitaux, et un niveau de réserves de change fin 2022 de 60 milliards de dollars et fin février 2023 de 63 milliards de dollars.
En conclusion, j’ai tenu à rappeler dans les trois émissions, qu’une Nation (voir mes ouvrages et conférences nationales et internationales repris dans www.google –mebtoul 1980-2022) n’est forte et respectée que par son économie reposant sur le facteur numéro 1 du développement, la ressource humaine. J’ai tenu à souligner, l’importance de l’Algérie, grâce à un discours de vérité, réaliste, loin de tout populisme, auquel plus aucun Algérien ne croit, et de surcroît acteur de démobilisation, comme acteur stratégique au sein de l’espace euro-méditerranéen et africain, du point de vue sécuritaire grâce au efforts de l’ANP et de nos forces de sécurité , également énergétique et économiques fortes du fait de ses importantes potentialités, expliquant d’ailleurs sa candidature au sein des Brics, devant doubler tripler son PIB, avec une part croissante hors hydrocarbures, estimé à 190 milliards de dollars en 2022, largement irrigué par les hydrocarbures, pour avoir une réelle influence. Ce qui explique la position responsable et réaliste de ‘l’Algérie de postuler en tant qu’observateur dans une première phase et pas comme membre à part entière lors de la prochaine réunion du BRICS ( interview du président de la république à Al Jazeera) L’Algérie peut devenir un acteur stratégique au niveau de la région. Mais sous réserve de plusieurs conditions : une vision stratégique tenant compte de la transformation du monde; mettre fin aux entraves bureaucratiques et à l’instabilité monétaire et juridique ; encourager ‘l’investissement national et étranger qui ont un cadre juridique favorable, à travers les lois sur les hydrocarbures et de l‘investissement ; une plus grande rigueur par la lutte contre la corruption, à ne pas confondre avec la gestion, devant dépénaliser l’acte de gestion pour ne pas freiner les énergies créatrices dont les initiatives des managers. Ces actions coordonnées doivent s’inscrire dans le cadre d’une planification stratégique qui fait cruellement défaut, évitant des actions conjoncturelles sous la pression de la conjoncture qui amplifient la crise à terme, favorisant la transition vers une économie de marché productive dé-bureaucratisée finalité sociale, reposant sur une réelle décentralisation autour de grands pôles économiques régionaux, favorisant une participation citoyenne.
- M.