Le rapport de la Coface de mars 2025 sur la situation et les perspectives de l’économie algérienne: Forte dépendance aux hydrocarbures avec un profil contrasté

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Par le Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane MEBTOUL

Cette présente contribution  est une synthèse sur   la situation 2024/2025  et les perspectives  de l’économie algérienne  à partir  du  rapport de la COFACE  de mars 2025 qui classe l’Algérie en catégorie D  pour les risques d’impayés . Ce classement a un impact à la fois sur l’attrait des IDE mais surtout sur le coût du projet augmentant le coût des assurances supporté par le pays client .

1.-La Coface  note  reprenant les données du FMI que l’Algérie a connu une  croissance, de 3,6 % en 2024, contre 4,1 % en 2023, avec une prévision de 3,5 % pour 2025    la plaçant en 3ème position des plus grandes économies africaines en 2025, derrière l’Afrique du Sud et l’Égypte, avec un PIB nominal  de 268  milliards de dollars , donc  loin  ,  mais loin des prévisions du gouvernement  qui tablait sur un taux de croissance de 4,5%   et 278,7  milliards de dollars de PIB  pour 2025.  Pour la Coface,  même données que celles de la commission de Bruxelles,  la  balance commerciale  est déséquilibrée en défaveur de l’Europe  puisque les exportations algériennes dominées par les hydrocarbures , les plus grands clients étant l’Italie et l’Espagne représentent  68%   (donc de ses entrées en devises) alors que ses importations  en provenance de l’Europe représentent 28%, expliquant le recours à l’arbitrage international, espérant un consensus du fait des relations stratégiques pour la stabilité régionale. Plus  précis le rapport note que les   exportations de l’Algérie pour les autres  pays  sont de 6% pour la Turquie, 5% pour les USA, 4% pour la Grande Bretagne, 4% pour la Chine  alors que ses importations sont de 2O% pour la chine, 6% du Brésil, 6% pour la Turquie et 3% pour la Fédération de Russie  hors importation miliaire Le rapport met en relief que la croissance de l’Algérie  en 2024 a ralenti sous l’effet des restrictions imposée à l’activité pétrolière par le quota de l’OPEP+ (-99 000 barils par jour), la réduction volontaire de 51 000 b/j, décidée par le pays en janvier 2024, sera progressivement supprimée entre avril 2025 et septembre 2026, faisant passer la production nationale de 907 000 b/j en moyenne en 2024 à 934 000 b/j en décembre 2025.mais avec un impact  faible puisque , cette hausse de production sera contrebalancée par l’érosion des cours du pétrole. Cependant, après une contraction de 6,5% en 2024 , il est prévu   une augmentation  de la production dans les années à venir du fait de nouveaux  contrats, à ne pas confondre avec lettres d’intention qui n’engage nullement le partenaire   avec  notamment Baker Hughes et Tecnimont.  Cependant, l’Algérie étant avant tout un pays gazier et non pétrolier ( entre 10/12 milliards de barils de pétrole alors  que pour le gaz  les réserves dépassent les 25OO milliards de mètres cubes gazeux ( donnes officielles lors du dernier forum de gaz tenu à Alger) les exportations de gaz seront limitées, la moitié de la production étant consommée localement. Par ailleurs , contrainte majeure , outre les décisions de décarbonatation imposées par l’Europe,  l’Union européenne privilégiant le gaz américain pour 75O milliards de dollars sur trois années, pour réduire sa dépendance au gaz russe, ce qui impactera entre 2026-2029 la part de  marché de l’Algérie qui a atteint en 2025  entre 19/2O%. Mais l’Algérie a d’autres créneaux en matière de coopération énergétique avec l’Europe où elle poursuivra sa coopération  dans le domaine du gaz et des énergies renouvelables. En janvier 2025, elle a officiellement rejoint le projet d’envergure SouthH2 Corridor, destiné à fournir 4 millions de tonnes d’hydrogène vert par an à l’Europe via la Tunisie. Elle a également réaffirmé son engagement à mener à bien le projet Medlink, une interconnexion électrique sous-marine visant à exporter de l’électricité verte algérienne vers le continent européen

2 ;-Concernant  les projets sectoriels,  la COFACE note que l’investissement et  la consommation privée via la rente des hydrocarbures continuera d’être fortement soutenue par la dépense publique.  Cela concerne  le secteur des services (45% du PIB, 60% de l’emploi) avec des investissements publics dans la construction de logements sociaux,  dans les infrastructures publiques (eau, assainissement, transport, électricité, notamment).  avec un accent particulier sur l’agriculture, deuxième contributeur au PIB (13% du PIB, 10% de l’emploi) où  2024, l’Etat a déployé des mesures incitatives, notamment le relèvement du prix d’achat des céréales et légumineuses auprès des agriculteurs et une subvention des engrais portée à 50% de leur prix de référence. Afin de dynamiser le tourisme en en deçà des potentialités , la carence de transports, d’infrastructures hôtelières et de restauration et la difficulté d’obtention du visa en sont largement la cause. 90 projets touristiques  devraient entrer en exploitation en 2025  Enfin, le pays dispose d’un potentiel minier considérable, avec des sites majeurs tels que Gara-Djebilet (fer) et Tala Hamza-Amizour (zinc, plomb), en cours d’exploitation par des acteurs étrangers. Toutefois, avec une contribution actuelle du secteur minier de seulement 1% au PIB, afin de  renforcer son attractivité, le gouvernement algérien a adopté  une nouvelle loi minière.  excluant  l’activité minière de la liste des secteurs soumis à la règle 49/51 – qui limite la participation étrangère à 49% – et permettrait aux investisseurs étrangers de détenir jusqu’à 80% du capital d’un projet. Pour  le cadre macro-économique et macro social, pour la COFACE, l’inflation a nettement ralenti en 2024 en raison d’une baisse de l’inflation importée (notamment alimentaire), soutenue par les mesures gouvernementales de stabilisation de la monnaie nationale et un contrôle renforcé des prix. Toutefois, la politique budgétaire  expansionniste, associée à une consommation privée dynamique, exercera une légère pression à la hausse sur l’inflation. La banque centrale maintiendra une politique monétaire inchangée avec un taux directeur stable à 3% depuis mai 2020, sans guère d’effet, compte tenu de l’excès de liquidité sur le marché. En 2025, la politique budgétaire est resté  expansionniste pour soutenir le pouvoir d’achat et l’investissement avec  un budget record de près de 17 000 milliards de dinars (128 milliards de dollars, +10% par rapport à 2024) où les  dépenses resteront dominées par les salaires, les transferts sociaux et la défense, les transferts étant  renforcés, notamment par l’augmentation des subventions alimentaires.  Cependant ,l’érosion des recettes pétrolières  incitera l’Etat à limiter les prélèvements sur le Fonds de régulation des recettes (FRR) destinés à financer le déficit (environ 1/3 de ce dernier)  et s’appuiera  davantage sur l’émission de dette intérieure avec une augmentation de  l’encours de la dette publique, l’endettement externe, pouvant être une possibilité , le pays ayant une marge de manœuvre puisque l’endettement extérieur est inférieur  à 3% du PIB.

En conclusion, au niveau international , selon la Coface,  le pays continuera d’entretenir ses liens avec les BRICS, en particulier la Chine, qui investit massivement dans les infrastructures, les hydrocarbures et les projets miniers, ainsi qu’avec la Russie, son principal fournisseur d’armes et allié stratégique. Toutefois, soucieuse d’éviter une trop forte dépendance à Moscou, Alger a signé un protocole d’accord avec Washington en janvier 2025, afin de renforcer leur coopération militaire. Dans le domaine des perspectives économiques, gouverner c’est prévoir, devant d’ores et déjà élaborer des stratégies d’adaptation, après lecture du rapport de la Coface, rejoignant le rapport de novembre 2025 de la Banque mondiale, l ‘Algérie présente un profil économique contrasté et l’enjeu majeur est l’accroissement de la production et productivité interne impossible sans l de profondes réformes  : une économie dynamique tirée par les investissements publics, mais confrontée à des défis structurels importants ,chômage élevé notamment, et entraves bureaucratiques et dépendance aux hydrocarbures. Après la réapparition d’un déficit courant modeste en 2024, celui-ci devrait se creuser entre 2025/2026. Les revenus des hydrocarbures qui représentent l’essentiel des exportations totales, reculeront  sous l’effet de la baisse des prix de l’énergie;En effet,  selon  l’administration américaine d’information sur l’énergie (EIA) : le baril de Brent devrait s’échanger en moyenne à 55,08 dollars en 2026  soit une baisse de plus de 20% par rapport à 2025 ce qui donnerait des recettes de Sonatrach   entre 35 /37 milliards de dollars en cas de non accroissement de la production en volume contre 6O en 2O22, 5O en 2O23 , 45 en 2O24 et 41/42 en 2025 impactant, sans compter la concurrence des USA  en Europe,  à la baisse la section hors hydrocarbures qui n’ont pas dépassé les 5 milliards de dollars entre 2024/2025  où les dérivées représentent plus de 65% .  Comme impact nous aurons en 2026, le cumul du déficit commercial et du déficit budgétaire,  une baisse des réserves de change  et l’écart entre le cours officiel du dinar et celui du marché parallèle  .

AM

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