L’épidémie de choléra continue de se propager en Algérie, avec l’annonce d’un deuxième décès confirmé à l’hôpital de Boufarik. 139 cas suspectés de choléra ont été recensés depuis jeudi dans plusieurs wilayas dont 90 à Blida, 22 à Alger, 19 à Tipaza, 6 cas à Bouira, un à Médéa et un autre à Aïn Defla.
Pendant ce temps, les autorités tâtonnent à repérer l’origine de l’épidémie. Le ministère de la Santé a annoncé ce samedi que les cas de choléra dans la wilaya de Tipaza étaient dus à une source d’eau contaminée située à Sidi Lekbir. Bien que l’origine de la maladie dans les autres wilayas soit pour l’heure inconnue ou du moins pas annoncé, les autorités étudient la piste de fruits et légumes contaminés. Si l’origine de l’épidémie provient bien de fruits et légumes, la réelle difficulté pour les autorités sera de repérer avec exactitude les aliments contaminés par le choléra. Le secteur agricole et plus précisément la vente de fruits et légumes est en effet gangréné par l’informel, rendant la traçabilité des aliments très compliquée. Si le ministère de la Santé parvient à repérer le fruit ou légume ayant affecté les différents malades, la difficulté résidera à retrouver le ou les vendeurs communs et l’origine de l’aliment mis en cause. La plupart des vendeurs de fruits et légumes, notamment les vendeurs ambulants, n’ont aucune existence légale et sont donc susceptibles de disparaître sans laisser de traces. De même que ces vendeurs ne se soucient guère de l’origine des aliments mis en vente, privilégiant le gain rapide et informel. Pour les autorités, la tâche pourrait donc être potentiellement très difficile. Alors que l’épidémie de choléra révèle les nombreuses carences dans le système de lutte sanitaire des autorités algériennes, le choléra remet également sur le devant de la scène la situation de flou total qui existe dans le secteur crucial que représente l’agriculture. Le choléra représente ainsi une sérieuse alerte afin que les autorités accordent toute l’attention et le sérieux au souci de traçabilité des aliments que consomment les citoyens. Le problème de traçabilité pourrait prendre une toute autre dimension si une maladie venait à affecter la viande ou le poisson, où seule la parole du vendeur fait foi sur l’origine de l’aliment. Les autorités doivent donc reprendre les choses en main.
M.O