Le peuple et les magistrats  rejettent l’option: Oulach el vote oulach !

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La 8e manifestation du vendredi à Alger.

Le peuple et les magistrats assènent un  coup dur  au pouvoir  sur le plan politique, juridique et moral. En effet l’élection présidentielle pour le 4 juillet prochain  comme annoncé par le chef d’Etat intérimaire, Abdelkader Bensalah, est sérieusement  compromise.

L’option a en tout cas du plomb dans l’aile, tant elle essuie un discrédit populaire massif couplé à un refus ferme des magistrats de la superviser. En effet, le peuple algérien qui était sorti vendredi par centaines de milliers, dans les quatre coins du pays, a clairement déconstruit cette perspective politique et a réclamé plus que jamais son exigence phare de dégager les Bensalah, Bedoui et Belaiz communément appelés «les trois B». Du coup, on  voit mal comment le nouveau pouvoir pourrait-il organiser un scrutin contre la volonté du peuple. Ceci d’autant plus que le chef d’état-major de l’armée ne cesse de promettre que l’institution se mettra toujours aux côtés du peuple «quoiqu’il arrive jusqu’à satisfaction de toutes ses revendications». Il se trouve désormais que ce peuple rejette globalement et dans le détail la «solution» proposée qui vise d’après lui, à assurer la pérennité du système avec les mêmes têtes, la même administration et le même arsenal juridique. Le commandement de l’armée va-t-il se permettre d’aller à contre-sens de la volonté populaire au risque d’attiser la tension aux conséquences dangereuses pour la stabilité du pays ? Difficile de penser que l’ANP qui fait de la sécurité et la stabilité du pays son crédo puisse tourner le dos à son peuple. Ceci d’autant plus que, d’un point de vue juridique, elle dispose d’un soutien très fort des avocats et des magistrats qui ont rejoint le choix du peuple en décrétant hors la loi le maintien des trois «B». Le club des Magistrats a annoncé hier sa décision de ne pas superviser l’élection présidentielle annoncée par  Bensalah.  C’est là un coup très dur au processus au triple plan politique, juridique et moral. Qui va donc en effet encadrer un scrutin rejeté par tout le monde ? Il semble que ce soit le dernier clou enfoncé dans le cercueil de la présidentielle décidément problématique. Les nouvelles autorités qui s’accrochent obstinément à une voie constitutionnelle qui mène tout droit à l’impasse, ne peuvent ignorer cette réalité. La stabilité du pays et le bon sens commande d’écouter ces voix de la raison  émanant des hommes de loi qui proposent d’autres voies de recours plus conformes aux attentes du peuple et sans porter atteinte aux lois de la République. Précisément, la télévision nationale a étonné ses téléspectateurs vendredi soir  en invitant sur son plateau des experts du droit et des constitutionnalistes qui proposaient le renvoi des trois «B» et leur remplacement par des personnalités consensuelles pour mener la transition politique. Ces derniers expliquaient, articles de la Constitution à l’appui, qu’il existe encore des arguties juridiques pouvant offrir une solution à cette impasse  sans violer l’esprit de la Loi fondamentale. En creux, cet exercice décliné sur la télévision publique s’apparente à un service après-vente d’un changement de cap dans les prochains jours. Le commandement de l’armée a sans doute compris vendredi que le peuple ne reculera pas sur ses exigences. Et plutôt que de s’entêter à imposer une solution-passage en force, il serait mieux inspiré de valider l’option la moins couteuse et surement aussi la plus prometteuse en terme de transition démocratique. Cette semaine sera à coup sûr décisive.

H.M