L’Algérie doit tirer la leçon des violences urbaines en France: Pour une politique d’aménagement du territoire favorisant un espace équilibré et solidaire

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L’Algérie doit tirer les leçons des violence urbaines en France surtout dans les banlieues dont l’essence résulte d’une urbanisation anarchique, de véritables ghettos, où de larges franges de la population souvent des immigrés sont abandonnées à leur propre sort avec un chômage croissant et une jeunesse sans perspectives d’avenir, la bévue policière étant la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

Cela pose toute la problématique d’une nouvelle politique de l’aménagement du territoire devant synchroniser la gouvernance centrale et locale favorisant le développement devant placer l’homme créateur de richesses avec un triple objectif : une société plus solidaire pour une prospérité partagée; la croissance au service de l’emploi et favoriser des sous- intégration régionales au sein de l’Afrique espace naturel de l’Algérie, n’existant pas une Afrique, mais des Afriques. Aussi, après le tout-État, l’heure est au partenariat entre les différents acteurs de la vie économique et sociale, afin de favoriser toute forme de synergie et d’ingénierie territoriale.

1- Pour l’Algérie tenant compte des spécificités territoriales, il s’agira d’éviter les constructions anarchiques avec le manque d’homogénéisation dans le mode architectural, un taux accéléré d’urbanisation avec des bidonvilles autour des grandes villes, avec le risque de l’extension de de la sphère informelle, de nouvelles formes de violence à travers le banditisme et des maux sociaux comme la drogue et la prostitution. Il s’agit de procéder à une autre organisation institutionnelle, qui ne sera efficace que sous réserve d’objectifs précis, d’opérer un nécessaire changement qui passe par une approche basée sur une identification claire des missions et responsabilités et une restructuration des fonctions et des services chargés de la conduite de toutes les activités administratives, financières, techniques et économiques. Les règles d’organisation et d’administration du territoire doivent inclure la protection de l’environnement et être souple dans son organisation, en évitant le centralisme administratif, afin de construire un socle productif sur plus d’individus et davantage d’espace. Il convient de prendre le soin de ne pas confondre espace géographique avec espace économique qui intègre le temps, l’espace étant conçu comme surface, distance et un ensemble de lieux.

La recomposition du territoire s’inscrit dans un vaste projet inséparable des réformes structurelles à tous les niveaux. L’aménagement du territoire ne peut être conçu d’une manière interventionniste, mais doit être basé sur la concertation et la participation effective de tous les acteurs sociaux. L’aménagement du territoire devra répondre aux besoins des populations en quelque lieu qu’elles se trouvent et assurer la mise en valeur de chaque portion de l’espace où elles sont installées. Il ne s’agira pas d’opposer le rural à l’urbain, les métropoles aux provinces, les grandes villes aux petites, mais d’organiser leur solidarité. Pour cela, s’impose la refonte des finances locales sans laquelle la politique d’aménagement du territoire aurait une portée limitée devant s’appuyer sur le système de péréquation entre les régions pauvres et riches afin de favoriser une armature urbaine souple à travers les réseaux, la fluidité des échanges, la circulation des hommes et des biens, les infrastructures, impliquant une nouvelle architecture des villes, des sous-systèmes de réseaux mieux articulés, plus interdépendants bien que autonomes dans leurs décisions.

2 – La décentralisation économique peut être définie comme un mode d’organisation de l’État qui confère à la région un rôle et un statut économique propre, caractérisé par une autonomie relative mais non indépendant de l’État régulateur central pour les grandes orientations stratégiques tant politiques qu’économiques, cette autonomie étant donc encadrée par l’autorité nationale. Toute décentralisation appelle les questions fondamentales suivantes : compétences du pouvoir local; règles de composition et de fonctionnement des assemblées et exécutifs locaux; ressources locales; relations avec le pouvoir central ; modalités de transfert aux pouvoirs locaux et, enfin, concertation entre les différentes wilayas avec pour objectif une meilleure efficacité ressentie comme telle par la population, l’argument de base résidant dans la proximité géographique. Cela signifie qu’il existe une solution locale aux problèmes locaux et que celle-ci est nécessairement meilleure qu’une solution nationale et que la diversité des situations locales impose une diversité de solutions pour s’adapter aux conditions locales spécifiques. Une réelle décentralisation suppose une clarté dans l’orientation de la politique socioéconomique évitant des tensions et conflits entre le pouvoir local et central, permettant un nouveau cadre de pouvoir avec des nouveaux acteurs et des nouvelles stratégies élaborées, favorisant un nouveau contrat social national afin d’optimaliser l’effet de la dépense publique et rendre moins coûteux et plus flexible le service public. La création de ce nouvel espace public générerait une nouvelle opinion publique, voire une nouvelle société civile, permettant l’émergence de thématiques communes, des modes de proposition communs et donc déterminerait des choix collectifs optimaux. Car une centralisation à outrance favorise un mode opératoire de gestion autoritaire des affaires publiques, une gouvernance par décrets, c’est-à-dire une gouvernance qui s’impose par la force et l’autorité, loin des besoins réels des populations, et produit le blocage de la société. Après le tout-État, l’heure est au partenariat entre les différents acteurs de la vie économique et sociale, à la solidarité, à la recherche de toute forme de synergie et à l’ingénierie territoriale. C’est dans ce contexte que les collectivités locales de certaines doivent apparaître comme un élément fédérateur de toutes les initiatives qui participent à l’amélioration du cadre de vie du citoyen, à la valorisation et au marketing de l espace, favorisant du fait de leur parfaite connaissance du terrain l’accueil des entreprises et de l’investissement devant se constituer en centre d’apprentissage de la démocratie de proximité, l’objectif stratégique, passer du stade de collectivités locales providences à celui de collectivités locales entreprises et citoyennes responsables de l’aménagement du développement et du marketing de son territoire.

3 – Comme je l’avais noté dans différents contributions (voir nos ouvrages, et contributions , www.google.com 2000/2022 ), la structure qui me semble la plus appropriée pour créer le dynamisme local et rapprocher l’Etat du citoyen, ce sont cinq à six chambres de commerce régionales qui regrouperaient l’État, les entreprises publiques/privées, les banques, la formation professionnelle et les universités/centres de recherche, le responsable politique au niveau local servant de régulateur afin de favoriser la création de richesses (voir notre contribution l’expérience du pôle régional de Greenville USA www.google – Mebtoul 1995 suite à une longue tournée que j’ai effectuée aux USA). L’action des grandes chambres de commerce régionales, lieu de concertation mais surtout d’impulsion pour la concrétisation de projets serait quadruple : premièrement, dynamiser les infrastructures de base et préparer des sites confiés à des agences de promotions immobilières publiques et privées ; deuxièmement, l’avenir appartenant au savoir, et ce, dans tous les domaines économiques et militaires, sans laquelle aucun développement n’est possible en ce XXIe siècle, mettre à la disposition des sociétés une main-d’œuvre qualifiée grâce à un système de formation performant et évolutif allant des ingénieurs, aux gestionnaires, aux techniciens spécialisés et ce, grâce aux pôles universitaires et des centres de recherche, évitant ce mythe d’une université par wilaya. Par exemple, la chambre de commerce offrira un poste pour 10 candidats en formation, les 90% non retenus ne constituant pas une perte pour la région. L’apprentissage en dynamique est un capital humain pour de futures sociétés qui s’installent dans la région, une société installée payant des impôts qui couvriront largement les avances en capital de la formation avancée. Cette formation devra être adaptée pour tenir compte de la norme qualité standard, le label qualité étant exigé pour tout exportateur. Ainsi, nous assisterons à une symbiose entre l’université et les entreprises. Car les sociétés ont besoin de l’accès aux chercheurs, aux laboratoires pour les tests d’expérimentation et l’université a besoin des sociétés comme support financier et surtout d’améliorer la recherche. Les étudiants vivent ainsi la dialectique entre la théorie et la pratique; la troisième action est de favoriser des entreprises souples reposant sur la mobilité et les initiatives individuelles. Des tests ont montré que l’initiative personnelle et collective, ce qu’on qualifie d’équipes auto-dirigées pour certains produits, permet d’économiser certains équipements (donc d’avoir un amortissement moindre dans la structure des coûts ; la quatrième action, la chambre de commerce intensifient les courants d’échange à travers différentes expériences entre les régions du pays et l’extérieur et l’élaboration de tableaux de prospectifs régionaux, horizon 2023/2025/2030. La mise à la disposition des futurs investisseurs de toutes les commodités nécessaires ainsi que des prestations de services divers (réseau commercial, loisirs) est fondamentale. Cette symbiose entre ces différentes structures et certains segments de la société civile doit aboutir à des analyses prospectives fondamentales, à un tableau de bord d’orientation des futures activités de la région, afin de faciliter la venue des investisseurs.

En conclusion, construire des milliers de logements, regroupant des dizaines de milliers d’habitants dans un espace restreint, sans synchroniser cette politique avec un véritable développement conduit à terme à vives tensions sociales et à l’insécurité avec des bandes organisées qui échappent à tout-Etat de droit. Au vu des événements tant actuels que futurs, à savoir les tensions géostratégiques aux frontières de l’Algérie, les impacts du réchauffement climatique avec les inondations et les incendies, la décentralisation, processus complexe éminemment politique, implique de poser le rôle de l’État et son articulation avec le marché dans la future stratégie de l’aménagement du territoire permettant de favoriser tenant compte de notre riche anthropologie culturelle, ne devant pas copier les modèles importés, une démocratie participative et le développement.

A. M.