La rue revendique, persiste et signe: Non à la prolongation du 4e mandat !

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Des milliers de personnes se sont rassemblées dans les 48 wilayas que compte le pays pour demander le départ du Président Abdelaziz Bouteflika, pour la quatrième semaine de mobilisation en Algérie. Il s’agit du premier vendredi de protestation depuis le report, par Abdelaziz Bouteflika, de l’élection.

«On veut une Algérie illuminée par sa jeunesse, pas assombrie par sa vieillesse», proclame une pancarte en référence à l’âge des dirigeants algériens, notamment du Président Bouteflika, 82 ans, au pouvoir depuis vingt ans, et affaibli par les séquelles d’un AVC depuis 2013. «Vous faites semblant de nous comprendre, on fait semblant de vous écouter», peut-on lire sur une autre pancarte, en référence aux efforts déployés toute la semaine par le pouvoir pour tenter de convaincre la rue qu’elle a été entendue. De nombreux manifestants ont expliqué être venus de province et avoir passé la nuit chez des parents ou amis, de crainte de ne pouvoir rejoindre la capitale, théâtre des plus importants rassemblements depuis le début de la contestation le 22 février. Les Algériens ont manifesté, hier, pour le 4e vendredi consécutif depuis le 22 février, pour réclamer le départ du système et dire non au prolongement du mandat de Bouteflika. Lundi, le Président Bouteflika a décidé de prolonger son mandat, en reportant les élections présidentielles. Dans la foulée, il a annoncé la tenue d’une conférence nationale, suivie d’une élection présidentielle. Des offres rejetées par les Algériens. Des manifestations se sont déroulées, depuis lundi, partout dans le pays pour dire non au prolongement du mandat de Bouteflika. Les enseignants, le personnel médical, des lycéens, les avocats et, fait inédit dans les mouvements de contestation en Algérie, les magistrats sont descendus en nombre dans la rue, partout dans le pays, pour exprimer leur opposition aux annonces de Bouteflika. Le pouvoir connaît donc déjà la réponse de la rue. Le mouvement populaire de rejet du pouvoir est en pleine phase de recrutement des élites algériennes et il ratisse large. Toutes les corporations, les travailleurs de toutes les entreprises, de toutes les institutions, en dehors de l’armée et de la police, affichent de façon publique et officielle leur adhésion au mouvement dont les rangs se voient renforcés un peu plus chaque jour.

Le mouvement ne montre aucun signe d’essoufflement

L’annonce du prolongement du quatrième mandat, puis la désignation du duo Bedoui-Lamamra à la tête du nouveau gouvernement ainsi que leurs interventions largement médiatisées depuis mercredi n’ont, ni affaibli la mobilisation ni même provoqué de division au sein des citoyens et activistes. C’est le contraire qui s’est produit. Sur les réseaux sociaux, les réactions des Algériens aux annonces de Bouteflika et aux déclarations de Bedoui et Lamamra sont souvent ironiques, railleuse et toutes expriment de façon unanime le rejet de tout ce qui est proposé par le pouvoir. «Tarahlou, c’est-à-dire tarahlou ! (Vous partez, c’est-à-dire vous partez !», ont écrit des militants associatifs sur des banderoles préparées pour la marche d’hier, dans toutes les wilayas du pays. Les appels à la marche d’hier ont été tout aussi nombreux que ceux ayant appelé à marcher pour le 8 mars.

La mobilisation ne semble pas s’essouffler mais plutôt prendre encore plus d’ampleur et devenir plus organisée. L’apport des nombreux syndicats et associations au mouvement a été visible, hier, dans les banderoles et pancartes brandies et dans l’organisation et le comportement des cortèges de manifestants. Alors qu’il était attendu que les décisions de Bouteflika et les interventions médiatiques de Bedoui, Lamamra et Brahimi affaiblissent le mouvement ou divisent l’opinion, c’est le contraire qui semble se passer. L’ampleur des marches que connaitra l’Algérie lors de ce quatrième vendredi de mobilisation contre le pouvoir sera décisive. Une diminution de celle-ci sera forcément interprétée comme étant un début de satisfaction des revendications populaires alors que son maintien ou son augmentation, sera un camouflet au pouvoir, déjà mis en difficulté par les trois dernières semaines de manifestations pacifiques. Le nombre de manifestants qu’il y a eu ,hier, dans les rues des villes algériennes, constituera une nouvelle réponse aux propositions du pouvoir, et surtout une réaffirmation du désir de changement, déjà exprimé dans la rue par des millions d’Algériens. Le pouvoir a perdu la bataille de l’opinion La conférence de presse de jeudi, organisée par «le pouvoir» censé expliquer les «sept engagements» du Président Bouteflika, n’a pas eu «l’effet escompté». Le pouvoir, qui a «définitivement» perdu la bataille de l’opinion, s’entête à «garder» les mêmes méthodes de communication «désuètes». Quel que soit le camp, «la conquête de l’opinion est une priorité». Souvent, c’est elle qui détermine le vainqueur. Le gouvernement, qui a toujours fonctionné en «mode décalé» de la société, n’a jamais eu une «communication ambitieuse». Pour remporter une «bataille politique», il faut d’abord une «vaste offensive» de com’ pour rallier la population à sa cause.

Ce qu’ont réussi avec brio les «anti-cinquième mandat».

Face à certains arguments «fallacieux» des gouvernants, les «déclencheurs» de cette inédite mobilisation citoyenne, «ont mené une campagne efficace et ambitieuse» sur les réseaux sociaux. Car, derrière l’outil, il y a surtout une stratégie, pour montrer que ce mouvement «concerne tout le monde». Le pouvoir doit «impérativement» transformer dans les plus brefs délais, «le fond et la forme» de sa communication pour essayer de «convaincre», ce qui était attendu aujourd’hui de la part du Premier ministre et du vice-Premier ministre..