C’était dans l’air depuis de nombreuses semaines, voire des mois c’est désormais officiel : l’organisation de la CAN 2019 (15 juin-13 juillet) a été officiellement retirée au Cameroun. Ainsi en a décidé le Comité exécutif de la CAF, réunie hier vendredi, à Accra (Ghana).
Les dernières missions de la commission d’organisation effectuées sur les sites devant abriter l’événement, ne sont pas favorables au Cameroun, malgré les assurances du président de la République, Paul Biya. Les retards accumulés dans la réalisation des infrastructures et une situation sécuritaire précaire ne permettent pas à ce pays d’organiser la prochaine CAN, selon le rapport de ladite commission. Par cette décision, la nouvelle équipe dirigeante de la CAF voulait-elle régler ses comptes avec l’ancien président, le Camerounais Issa Hayatou ? Certains n’hésiteront pas à le penser. En tout cas, c’est une grosse désillusion au Cameroun qui a même lancé un emprunt obligataire pour tenter de terminer les travaux en temps voulu. C’est un coup terrible pour le pays en termes d’image et de crédibilité. Maintenant la grande question est de savoir quel le pays remplacera le Cameroun pour organiser la première CAN à 24 équipes. La CAF a lancé officiellement un appel à candidatures. Toutefois, les prétendants ne seront pas nombreux. Le Maroc peut tirer les marrons du feu, même si les dirigeants de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), se sont avancés déguisés, pour probablement ne pas froisser leurs « amis » camerounais. D’ailleurs, le président de la FRMF, Fouzi Lekjaâ a déclaré il y a quelques jours seulement à Rabat que « le Maroc était toujours aux côtés du Cameroun compte tenu des relations politiques et sportives entre [les] deux pays et il sera toujours à ses côtés pour organiser une Coupe d’Afrique d’envergure ».Au même moment, l’Union Nord-Africaine de Football (UNAF) réuni dans la même ville marocaine, a écrit à la CAF pour exiger le respect de « tous les critères cités dans le cahier de charge pour l’organisation de la CAN 2019 ». Une manière indirecte de mettre la pression sur la CAF pour favoriser la réattribution de l’organisation de la CAN au Maroc. Un double jeu qui n’échappera pas aux observateurs. Si la CAF a pris une décision aussi importante à quelques mois seulement de la tenue de la compétition, c’est certainement parce qu’elle a obtenu des garanties pour que la CAN se tienne ailleurs, sans aucun problème, aux dates fixées au préalable. Les pays en mesure d’organiser ces joutes dans un délai aussi court ne sont pas légion. Il s’agit du Maroc, l’Afrique du Sud et un degré moindre l’Egypte. Mais tout porte à croire que le Royaume chérifien sera l’heureux élu. Du moins, c’est la tendance générale qui se dégage chez les suiveurs.Il faut rappeler aussi qu’onze jours seulement après son élection, le président de la CAF a effectué une visite de courtoisie au Maroc. Ahmad Ahmad est allé remercier ses « camarades marocains » qui l’ont soutenu au cours de sa campagne. Pour service rendu, il sera ravi de leur rendre la pareille en leur confiant l’organisation de la prochaine CAN.
Ali Nezlioui