Du gaz lacrymogène a été jeté au Parlement du Kosovo empêchant la ratification d’une nouvelle délimitation de la frontière avec le Monténégro, violemment contestée depuis des mois par l’opposition de gauche nationaliste. Une canette de gaz lacrymogène a été jetée au moment où les députés s’apprêtaient à voter la ratification de ce nouveau tracé, a constaté un journaliste de l’AFP.
Le ou les auteurs de ce jet n’ont pu être identifiés, mais le projectile a été lancé depuis les bancs occupés par les élus de Vetevendosje (« Autodétermination », gauche nationaliste). La séance a alors été brièvement suspendue mais à sa reprise, vers 12H15 GMT, une autre canette a été jetée, forçant les députés à quitter la salle en hâte. Des policiers équipés de masques à gaz ont alors entrepris de fouiller les rangs des élus Vetevendosje. Des députés d’opposition, notamment de Vetevendosje, avaient déjà jeté du gaz lacrymogène au Parlement à d’autres occasions en 2015 et 2016: pour empêcher l’élection du président Hashim Thaçi ou encore pour s’opposer à des accords avec la Serbie. Le Kosovo et le Monténégro avaient conclu en 2015 un accord délimitant leur frontière qui fut interne à l’ex-Yougoslavie. Les opposants à cet accord affirment que 8.000 hectares de pins, de ruisseaux et de pâturages de montagne devaient être cédés par le Kosovo. L’Union européenne a fait de la ratification de cet accord avec le Monténégro un passage obligé pour accorder une libéralisation des visas aux citoyens kosovars, une attente forte pour une grande partie des 1,8 million d’habitants.
« C’est un des sujets les plus importants pour le pays. Voter pour la ratification ne met pas en danger le territoire du Kosovo », a affirmé mardi devant les députés le Premier ministre Ramush Haradinaj qui, avant son arrivée au pouvoir, s’opposait à ce traité. Le Parlement monténégrin l’a ratifié dès décembre 2015, mais au Kosovo les gouvernements successifs ne sont jamais parvenus à réunir une majorité. Le leader de Vetevendosje, Albin Kurti, a proposé lors du débat de faire savoir au Monténégro que le « Kosovo n’accepte pas l’accord » et de demander la tenue d' »une conférence internationale pour une nouvelle délimitation » de la frontière.