Klotho: L’hormone rénale qui pourrait freiner le vieillissement

0
75

Pourquoi certaines personnes vieillissent-elles plus lentement que d’autres ? Depuis quelques années, une hormone produite par les reins attire l’attention des chercheurs.

Elle pourrait non seulement prédire notre vitesse de vieillissement, mais aussi l’influencer. Son nom : Klotho, une protéine qui pourrait devenir un véritable indicateur de l’âge biologique, bien plus révélateur que l’âge inscrit sur nos papiers.

Une découverte née d’un accident scientifique

L’histoire de Klotho commence en 1997 dans un laboratoire japonais. En privant accidentellement des souris d’une hormone, des chercheurs observent un phénomène troublant : les animaux vieillissent prématurément, développent des atteintes vasculaires et cérébrales, puis meurent plus tôt que leurs congénères. Les souris restées intactes, elles, vieillissent normalement.
De cette erreur surgit une hypothèse audacieuse : une hormone fabriquée majoritairement par les reins pourrait réguler la vitesse du vieillissement.

Une protéine liée à la longévité

Baptisée Klotho en référence à la déesse grecque qui file le fil de la vie, cette hormone est produite dans les reins, mais aussi dans le cerveau, certains tissus vasculaires et des cellules sanguines. Elle circule dans le sang, l’urine et le liquide cérébrospinal.
Les études convergent : un taux élevé de Klotho est associé à une meilleure protection cellulaire et à une espérance de vie prolongée. Certains travaux évoquent même un gain potentiel de 17 années de vie en bonne santé, soit près de 20 % de longévité supplémentaire. Selon le néphrologue Dr Borja Quiroga, « c’est une découverte majeure qui pourrait changer notre manière de comprendre le vieillissement ».

Un marqueur précieux de l’âge biologique

Les travaux menés par l’équipe du Dr Jean-Sébastien Paquette (Université Laval) confirment que Klotho diminue avec l’âge, mais pas au même rythme chez tout le monde. Certains conservent des niveaux élevés et vieillissent plus lentement ; d’autres voient leurs taux chuter rapidement, augmentant leur risque de maladies cardiovasculaires, pulmonaires, métaboliques, neurodégénératives ou cancéreuses. Klotho permettrait de déterminer un âge biologique, parfois très éloigné de l’âge chronologique. Un simple prélèvement sanguin suffit pour mesurer cette protéine. Chez la souris, une mutation réduisant la production de Klotho accélère le vieillissement : peau qui s’affine, déclin musculaire, troubles métaboliques et cognitifs. Pour les médecins, Klotho pourrait devenir un biomarqueur central du vieillissement, utile pour repérer les personnes à risque et suivre l’efficacité des interventions de prévention.

Comment « activer » Klotho ?

L’un des points les plus prometteurs : le taux de Klotho ne dépend pas uniquement de la génétique. Il peut évoluer grâce au mode de vie. L’équipe Laval identifie six piliers capables d’augmenter ou de maintenir un taux optimal : Nutrition : alimentation variée, riche en végétaux, peu transformée ; bénéfices constatés avec l’alimentation méditerranéenne. Activité physique : les niveaux de Klotho augmentent systématiquement après un effort, qu’il s’agisse d’endurance ou de renforcement musculaire. Gestion du stress : relaxation, respiration, yoga. Sommeil récupérateur : régularité et qualité. Connexions sociales : liens familiaux, amitié, activités collectives protectrices. Évitement des substances à risque : arrêt du tabac, réduction ou sevrage de l’alcool, absence de drogues. Le Dr Quiroga recommande 1 h 30 d’activité cardio par semaine (marche rapide, vélo, natation, course…) et 10 minutes de renforcement musculaire (gainage, chaise, pompes) pour stimuler cette hormone.

Les reins au cœur de la prévention

Les personnes à risque de maladies rénales — diabétiques, hypertendues, personnes âgées de plus de 60 ans, en surpoids ou avec antécédents familiaux — sont encouragées à un dépistage précoce. Des reins fragiles produisent moins de Klotho, accélérant le vieillissement et la fragilité. À terme, mesurer régulièrement cette hormone pourrait permettre aux médecins d’évaluer le potentiel de longévité en bonne santé et d’adapter les interventions de prévention.

Neila M

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici