Journée parlementaire sur l’amazighité en Algérie au Sénat: Les acquis actuels représentent le couronnement d’un long combat

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Les intervenants lors de la Journée parlementaire organisée, hier, au Sénat portant sur le thème : «L’amazighité en Algérie, enracinement dans le passé, acquis du présent et défis de l’avenir», ont salué «les décisions du président de la République, Abdelaziz Bouteflika concernant la promotion de tamazight langue nationale et officielle, les qualifiant de «courageuses et d’historiques». Selon eux, ces acquis sont le couronnement d’un combat de plusieurs générations de militants et de décennies de lutte.

D’emblée le secrétaire général du Haut commissariat à l’amazighité (HCA) Si El Hachemi Assad a salué la décision du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, consacrant la fête de l’an amazigh, Yennayer, journée chômée et payée dès le 12 janvier 2018 tout en précisant que cette décision «historique» découlant d’une «vision prospective» contribue à la consolidation de «la cohésion nationale». Selon lui, cette journée parlementaire est une occasion pour revenir sur les acquis et monter les moyens permettant de promouvoir tamazight. «C’est une rencontre très intéressante pour faire face à certaines déviations prononcées au nom de tamazight. Il est temps de sortir cette question des conflits et œuvrer pour l’apaisement», a-t-il dit en marge de cette rencontre durant laquelle, il a présenté les acquis de l’amazighité en Algérie en donnant des statistiques sur le développement de l’enseignement de tamazight dans l’école, les perspectives, les partenariats établis avec les autres ministères et la feuille de route du HCA.

En effet, l’enseignement de tamazight est passé de 11 wilayas en 2014 à 38 durant l’année scolaire 2017-2018, qui a vu le nombre d’élèves étudiant la langue amazighe augmenter à près de 350 000, encadrés par 2757 enseignants. Quelque 300 enseignants supplémentaires de la langue amazighe seront recrutés pour l’année 2018-2019, avait annoncé le ministère, qui se fixe comme objectif la généralisation de son enseignement aux 48 wilayas du pays. A propos de la création de l’Académie algérienne de la langue amazighe, Assad a indiqué que le projet est en cours de discussion et enregistre une avancée notable. «Le projet est en cours et figure dans l’agenda de travail du gouvernement et du Conseil de l’Etat», a déclaré le secrétaire général du HCA ajoutant que cette Académie travaillera en complémentarité entre les différentes institutions ayant un rapport avec tamazight.

Le gouvernement a finalisé l’avant-projet de loi organique relatif à l’Académie algé- rienne de la langue amazighe, indique, ce mercredi, un communiqué publié sur le site des services du Premier ministre. «Ce texte fixe les missions, la composition, l’organisation et le fonctionnement de cette Académie instituée par l’article 4 de la Constitution qui déclare que tamazight est également langue nationale et officielle», précise-t-on de même source. «Le contenu de cet avant-projet de loi sera rendu public après son examen par le Conseil des ministres dans les prochaines semaines, avant sa présentation au Parlement durant ce premier semestre, comme décidé par le Président Abdelaziz Bouteflika», ajoute le communiqué. Un groupe de travail interministériel avait été installé auprès des services du Premier ministre pour préparer l’avant-projet.

Par ailleurs, Si El Hachemi Assad a souligné que les sorties sur terrain ont permis de recueillir des données sur cette langue et son développement, appelant ainsi a éviter «la précipitation» et laisser la question aux spécialistes. Lors de son intervention, l’enseignant universitaire Mohamed Djellaoui est revenu sur le débat relatif au caractère de la transcription de tamazight qui anime la scène politique nationale. A rappeler trois courants existent : une demande la transcription en usant de l’alphabet tifinagh, l’autre, le caractère latin et un troisième courant préférant l’utilisation des caractères arabes. Dans ce sens, l’enseignant universitaire a souligné que les linguistes voient qu’en utilisant la langue «du laboratoire», la langue sera loin de la langue maternelle. A cet effet, ils proposent une autre voie pouvant enrichir le commun et le fond de la langue. Il s’agit selon lui, «concilier les divergences et arriver à une langue amazighe commune non loin de la langue maternelle».

Pour sa part, le député à l’Assemblée populaire nationale, membre de la Commission des affaires juridiques, administratives et des libertés, Fetta Sadat, a souligné que l’aspect technique a dominé durant cette rencontre alors qu’il y a des soubassements politiques à caractères politiques et identitaires oubliés. «La consécration de tamazight comme langue nationale et officielle n’est pas le fait du hasard ou un cas fortuit, c’est la résultante des luttes du peuple algérien pour recouvrer son identité», a-t-elle dit. D’autre part, le député a mis en garde contre «l’instrumentalisation de cette question à des fins politiciennes», car, selon elle, «nous assistons aujourd’hui à une sorte d’un travail de récupération de l’identité, de la question amazighe à des fins politiques.

Il faudrait faire en sorte que l’Académie puisse accomplir un travail d’académiciens indé- pendamment de toute influence ou interférence à caractère politique». Pour Fetta Sadat, s’il y a vraiment une réelle volonté politique de donner la place qui lui convient dans la société algérienne et au niveau des institutions, il faudrait commencer à compléter et modifier certain nombre de lois à l’exemple le code des procédures civiles et administratives dont le traitement s’effectue dans la langue arabe. «Les deux langues officielles doivent être admises dans les tribunaux et cours et permettre aux citoyens de s’exprimer dans la langue maternelle».