Les 8 Mars de chaque année, le monde célèbre la Journée internationale de la femme. Au 01 janvier 2023, la population mondiale a dépassé la barre des 8 milliards, étant prévu en 2050 plus 9 milliards et sur 1000 personnes, 504 sont des hommes (50,4 %) et 496, des femmes (49,6 %). Cependant , il arrive un âge où les hommes et les femmes sont en nombre égal entre 50 et 54 ans et au delà, les femmes sont plus nombreuses, l’écart se creusant avec l’âge, ayant en moyenne huit centenaires femmes sur dix. Rappelons que le 17 décembre 1999, par sa résolution 54/134, l’Assemblée générale de l’ONU a proclamé le 25 novembre «Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes» et a invité les gouvernements, les organisations internationales et les organisations non gouvernementales à sensibiliser l’opinion afin de dynamiser la place de la femme dans la société afin qu’elle puisse exercer différentes fonctions tant dans la sphère économique, sociale, culturelle que dans différentes responsabilités politiques.
1.- Le fondement de toute politique socio-économique, dans un monde globalisé où l’image joue un rôle déterminant à travers les influences politiques, économiques et socioculturelles, doit reposer sur la structure de la population dont la population féminine pour satisfaire une demande sociale en croissance. L’analyse de d’entrepreneuriat féminin est intiment liée à l’analyse du marché du travail et du salariat d’une manière générale et de la place de la femme au sein de la société. Si le travail est au cœur de la construction de la société, il est particulièrement au centre de la consolidation de l’autonomie de l’individu, notamment de la promotion de la situation de la femme en tant que personne et en tant que citoyen. Intégrer la femme dans le monde du travail, implique en Algérie un cadre adapté également aux traditions surtout au niveau des zones semi-urbaines et rurales. Les différentes recherches en sciences sociales affirment souvent que le développement d’une société se mesure au degré d’implication de ses femmes. L’émergence des femmes dans l’espace social et politique, la question de d’entrepreneuriat féminin devrait être posée dans le cadre de la problématique du développement et de la transformation générale de la société, étant au sein du carrefour de la pluridisciplinarité entre la psychologie et la sociologie du travail. Nous avons plusieurs thèses. La première thèse , qui a eu cours dans les années 1970 , largement dépassée me semble t-il , à partir d’enquêtes au niveau des entreprises, est que le «travail libérateur» de la femme serait un mythe, ne relevant pas d’une décision individuelle, mais d’un projet de groupe et que l’enfermement à l’usine est le strict équivalent de l’enfermement à la maison. Cette vision conteste que le travail puisse être un facteur de libération, ni même de changement, du fait que la fonction proprement socio -économique du salaire féminin est subvertie et réintégrée dans une logique symbolique propre à la société traditionnelle, la possibilité d’indépendance économique étant neutralisée par la logique de la domination. La seconde thèse liée à la précédente conteste la progression du travail féminin, remettant en cause dans ses travaux la thèse du travail émancipateur à partir d’une analyse théorique globale des rapports entre travail salarié et procès de travail domestique. Selon cette approche, le projet de développement et de mobilisation de la société des années 70 a exclu les femmes en les affectant en priorité à un procès de travail domestique issu de la destruction des anciennes formes de production et de la séparation entre l’espace de production et de reproduction. Ainsi, l’emploi féminin, «marginal», a introduit une scission entre la minorité qui travaille et la majorité des femmes au foyer vouées aux rôles traditionnels dont les normes patriarcales se trouveraient renforcées La troisième thèse, liée à la problématique du développement i considère que l’arrivée dans le monde du travail des premiers contingents de femmes est le point de départ d’un mouvement évolutif et irréversible qui ne peut que changer la conscience qu’ont les femmes d’elles-mêmes, celles qui travaillent comme celles qui ne travaillent pas, et constitue un atout majeur dans la conquête de l’espace social et politique. Selon cette thèse, ce sont les femmes qui travaillent, quelle que soit la nature de l’activité exercée, qui s’intéressent le plus à la vie sociale et politique, qui votent davantage et de manière plus autonome. C’est parmi elles aussi que l’on trouve le pourcentage le plus élevé de femmes satisfaites, le revenu, essentiellement salarial des femmes, la scolarisation massive des filles constituant des facteurs de changement dans les rapports de sexe dans une société qui n’avait connu La quatrième thèse , plus récente plus réaliste, essaie de réaliser une synthèse entre ces différentes approches intégrant les analyses psychosociologiques et la dualité de la société algérienne formel/informel. L’arrivée des femmes dans le monde du travail, limitée, mais non marginale, a produit un mouvement irréversible d’aspiration au travail, à l’activité rémunérée et à ce qu’elle implique, c’est-à-dire une forme ou une autre d’autonomie, encore qu’existent des résistances au changement. Ce mouvement, du fait des nouvelles orientations économiques et du désengagement de l’Etat, a donné naissance à un développement sans précédent du travail informel qui prend des formes très variées, concernant un nombre de femmes beaucoup plus important que celui des travailleuses déclarées. Toutes sortes d’activités, exercées en auto-emploi, sont appelées à se développer. Dans cette perspective, le travail salarié a produit des effets sociaux et culturels profonds et irréversibles. Ils remettent en cause la problématique d’une sorte d’inertie des pratiques et des représentations dans le monde des femmes dans son ensemble, mettant en valeur qu’avec la scolarisation massive des filles, le travail est le paramètre essentiel du changement et ce changement a des retombées sur celles qui ne travaillent pas. Encore que cette approche met en relief que le savoir social que ces femmes acquièrent et les multiples manières dont elles l’utilisent en le combinant à des matériaux puisés dans le patrimoine culturel pour construire une image de soi valorisante à la fois comme femme et comme travailleuse, peuvent se trouver en butte à des manifestations de réprobation du fait de résistances socioculturelles. Selon cette approche, avec l’évolution de la famille algérienne qui ne vit pas en vase clos, mais influencée par des facteurs d’environnement local et international (télévision, Internet), il faille éviter le stéréotype, selon lequel la famille, lieu de la tradition, emprisonne les individus et constitue toujours un frein à l’autonomie et au changement, une famille pouvant pousser ses membres féminins au changement parce qu’elle en tire des profits matériels et symboliques. A l’inverse, une femme qui fait des choix individuels en affrontant sa famille, ne s’en détache pas pour autant, ce qui signifie bien entendu qu’il ne peut y avoir d’un côté tradition et de l’autre innovation. Ces recherches mettent aussi en valeur la connivence mères-filles pour contrer une décision ou en faire valoir une autre, tout un ensemble de stratégies qui relèvent de ce que certains sociologues qualifient de «féminisme informel».
2.- Les obstacles au développement de l’entrepreneuriat féminin sont nombreux . Différentes enquêtes ont été réalisées sur ce sujet ou j’émets cinq constats. Le premier constat est la violence contre les femmes a pris des proportions alarmantes ces dernières années. Le phénomène touche de plus en plus de femmes qui, souvent, sont victimes de violences commises par le mari, le père, le frère ou même l’enfant.. Par ailleurs, les difficultés qui entravent l’évolution des carrières professionnelles des femmes sont en relation avec la discrimination dans l’attribution des promotions, certaines enquêtes montrant que leur niveau de formation et de perfectionnement entrave leur évolution, d’autres enquêtes estimant que les difficultés sont orientées vers la conciliation entre la vie de famille, la maternité et la société. Outre, les difficultés citées ci-dessus, il existe plusieurs types de discriminations , les enquêtes montrant femmes estiment que lors de leur recherche d’emploi , elles ont été confrontées à des discriminations d’ordre physique , dans l’attribution des promotions, la faiblesse aux postes de responsabilités, et dans le secteur privé une différence dans l’attribution des salaires entre les hommes et les femmes Le deuxième constat , la majorité des femmes souhaiteraient travailler dans des entreprises multinationales pour les conditions de travail et le salaire avantageux, un niveau intermédiaire préfèrent travailler dans les grandes entreprises algériennes et dans des entreprises et administrations publiques, et seulement une minorité s’intéressent aux offres d’emploi au niveau des petites et moyennes entreprises. Le troisième constat, concernant les métiers qui intéressent les femmes ou de plus en plus de femmes diplômées et expérimentées souhaiteraient occuper des postes à responsabilité : La majorité des es femmes souhaiteraient occuper des postes de gestion et de management, d’autres préfèrent des postes de création et de marketing, faire carrière dans le domaine des finances et la comptabilité et une minorité des femmes s’intéressent aux métiers du BTP, de techniciens supérieurs métiers dédiés en général aux hommes. Le quatrième constat est que bon nombre de femmes lors de l’élaboration d’un projet affirment que l’idée est venue de la spécialité de leur formation et l’expérience acquise au cours de leur vie professionnelle, d’autres que le montage financier de l’entreprise est une affaire de famille, dans la mesure où elles n’ont utilisé que leurs fonds personnels et de famille, alors que d’autres ont bénéficié d’un crédit bancaire en plus de leurs fonds propres. Cinquième constat est que la majorité des enquêtes montrent que le nombre de femmes qui optent pour l’entreprenariat sont confrontées à de nombreux obstacles, notamment les impôts, le problème de l’accès aux crédits en plus des responsabilités familiales qui limitent leur initiative .
En conclusion l’objectif stratégique pour le développement de tout pays est de faire de l’égalité hommes-femmes une priorité en matière d’emploi, de formation et d’accès aux postes de responsabilités. Je considère que la promotion de la femme, et notamment du travail dans son ensemble et de l’entrepreneuriat féminin en particulier, comme le ciment et la vitalité de toute société. La femme a besoin de la plus grande considération car n’oublions jamais que , la Matrice de la Vie, la base, la mère des matrices, la racine de l’Arbre de la Vie, c’ est notre mère.
A.M