L’opinion publique est très déçue de la participation algérienne aux Jeux de Paris, jusque-là. Mais est-ce vraiment une surprise ? Ceux qui suivent l’activité sportive chez nous ne sont pas vraiment étonnés des piètres résultats obtenus par nos représentants, conscients de la difficulté de la tâche qui les attend dans la capitale française.
On ne se transforme pas en champion du jour en lendemain. C’est un long processus jalonné de dur labeur, de sacrifices et de renonciation que nos athlètes ne sont pas prêts à accomplir. D’autant que les moyens ne suivent pas systématiquement, malgré les efforts de l’Etat de mettre les sportifs dans les meilleures conditions. Dans de nombreux sports, le fossé se creuse irrémédiablement, il est pratiquement difficile voire impossible à combler. On a eu la preuve encore hier, après l’élimination des athlètes algériens que ce soit en natation, en aviron, en tennis de table ou en judo. Encore qu’en judo, Amina Belkadi a fait bonne figure en atteignant les huitièmes de finale, s’inclinant in extremis en quarts face à la vice-championne du monde slovène Leski. Il faut savoir qu’elle menait par waza-ari jusqu’à la dernière minute du combat avant de se faire surprendre en ne-waza, suite à une erreur qu’elle aurait pu éviter. Belkadi peut nourrir quelques regrets, en témoignent ses larmes à la sortie du tatami. Les JO réservent souvent quelques surprises, mais les athlètes algériens ne sont pas à ce niveau de performance pour pourvoir les créer. Ils restent en retrait de ce genre d’exploits pour le moment. Faut-il alors désespérer et se faire une raison ? Pas du tout. Si on est revenu bredouille de Tokyo, il y a trois ans, cette fois il y a de réelles chances de médailles à Paris. Comme nous l’avions évoqué dans nos dernières éditions, Kaylia Nemour (gymnastique), Sedjati (800 m), Khelif (boxe), Moula (800 m) ou encore Triki (triple-saut), sont en mesure d’aller ramener des médailles au vu de leurs compétences et de leur classement mondial. Pour le reste des athlètes de la délégation, il ne faut pas se faire trop d’illusions ou s’étonner qu’ils ne soient pas vraiment performants. C’est la loi implacable du haut niveau. Comme dans d’autres secteurs de la vie, si on ne maitrise pas l’outil de la performance, on ne peut pas obtenir les résultats escomptés. Du coup, on ne sait pas qu’est-ce qui est plus étonnant, les piètres résultats obtenus par nos athlètes aux JO jusque-là, ou bien la réaction surprenante de l’opinion publique qui semble complètement en déphasage avec la réalité du terrain. Visiblement, le réveil est brutal. Cela dit, c’est à la fin du bal qu’on paie les musiciens. Patience…