Le président Hassan Rohani a rejeté mercredi toute idée de renégociation de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, en réaction aux discussions de la veille entre Emmanuel Macron et Donald Trump, en qualifiant au passage ce dernier de « commerçant » incapable de négocier des traités internationaux.
Au deuxième jour de sa visite d’Etat à Washington, Emmanuel Macron a fait état mardi d’une « avancée » sur l’Iran avec son homologue américain, évoquant la perspective d’un « nouvel accord plus large » que l’accord de Vienne de juillet 2015, permettant de répondre aux préoccupations de Washington mais dont les contours restent flous. « Ils disent, avec un certain dirigeant d’un pays européen, qu’ils veulent prendre une décision sur un accord conclu à sept », a déclaré le chef de l’Etat iranien dans un discours retransmis en direct à la télévision publique. « Pour quoi faire ? De quel droit ? » Hassan Rohani a poursuivi en lançant des piques à Donald Trump, qui menace de dénoncer l’accord signé entre l’Iran, les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Union européenne. « Vous n’avez aucune expérience en politique. Vous n’avez aucune expérience en droit.
Vous n’avez aucune expérience en matière de traités internationaux », a martelé le président iranien. « Comment un commerçant, un marchand, un constructeur d’immeubles, un constructeur de tours peut-il émettre des jugements sur les affaires internationales ? » Donald Trump, qui n’a pas mâché ses mots depuis son élection sur l’accord de Vienne, a donné aux signataires européens jusqu’au 12 mai pour « réparer les affreuses erreurs » de ce texte, faute de quoi il refuserait de prolonger l’assouplissement des sanctions américaines contre Téhéran. Lors de sa visite à Washington, Emmanuel Macron a proposé qu’un « nouvel accord » sur le nucléaire iranien permette de bloquer toute activité nucléaire iranienne jusqu’en 2025 et au-delà, de stopper les activités balistiques de l’Iran et de créer les conditions d’une solution politique pour contenir l’influence de l’Iran au Yémen, en Syrie, en Irak et au Liban. De hauts responsables iraniens ont déjà dit à plusieurs reprises que le programme de développement de missiles balistiques de Téhéran n’était pas négociable. Hassan Rohani a dit n’avoir entendu que des bribes des propositions d’Emmanuel Macron mais avoir déjà discuté à plusieurs reprises du dossier nucléaire avec le président français. « J’ai personnellement parlé avec M. Macron plusieurs fois au téléphone et une fois longuement en personne », a dit le chef de l’Etat iranien. « Je lui ai dit franchement que pas une seule ligne ne sera ajoutée ou soustraite de l’accord nucléaire. Un accord est un accord. » « Si l’Europe veut apaiser Trump, qu’elle le fasse à ses frais. Pas aux frais du peuple iranien », a-t-il ajouté. Après Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel doit être reçue à son tour vendredi par Donald Trump.