La visite des présidents turc et russe, Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine à Téhéran, mardi, officiellement pour un sommet sur la Syrie, a été l’occasion de renforcer les relations entre Téhéran, Ankara et Moscou.
Ce sommet a été l’occasion d’un net rapprochement entre l’Iran et la Russie, rapporte notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi. Le président russe et le guide suprême iranien ont insisté sur le renforcement des relations économique et militaire entre les deux pays. La question syrienne sur la table. L’Iran et la Russie, qui soutiennent le régime du Président Assad, ont également affirmé que les Américains devaient quitter les régions du nord-est de la Syrie contrôlées par les forces kurdes. Ce qui peut satisfaire également la Turquie qui voulait lancer une opération militaire contre les Kurdes. Mais les trois pays ont tout de même des divergences à propos d’une éventuelle opération turque dans le nord-est de la Syrie contre des milices kurdes, affiliées à un mouvement considéré comme terroriste par Ankara. Car le guide suprême iranien Ali Khamenei a réitéré l’opposition de son pays à une telle intervention, la jugeant «préjudiciable pour la Syrie, la Turquie et la région». Moscou et Téhéran ont apporté à Recep Tayip Erdogan un seul soutien dans la question kurde : le sommet a rejeté «toutes les initiatives d’auto-détermination illégitimes». Les trois pays s’opposent donc à un Kurdistan indépendant et s’engagent à continuer leur coopération pour «éliminer les terroristes». Ce n’est pas un feu vert franc à une intervention unilatérale de la Turquie. Recep Tayip Erdogan a d’ailleurs regretté, mardi, que les actes de ses partenaires ne suivent pas leurs engagements. Le guide suprême iranien a également affirmé que le dollar devait être progressivement supprimé dans les échanges internationaux. L’Iran et la Russie sont frappés par les sanctions américaines et occidentales.Téhéran et Moscou ont également renforcé leurs relations militaires, puisque la Russie a acheté des drones d’attaques à l’Iran.
Les enjeux énergétiques en discussion À l’occasion de cette visite, les deux pays ont signé un accord de principe pour 40 milliards de dollars d’investissements russes dans les secteurs pétrolier et gazier de l’Iran. «La coopération à long terme entre l’Iran et la Russie est très profitable aux deux pays (…). Il y a des accords et des contrats entre les deux pays, y compris dans les secteurs du pétrole et du gaz qui doivent être poursuivis et mis en œuvre totalement», rapporte un communiqué du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei.
Poutine a aussi répondu aux critiques sur Gazprom en Allemagne Le géant gazier russe Gazprom a invoqué la «force majeure» pour s’exonérer de sa responsabilité vis-à-vis des baisses massives de ses livraisons de gaz à l’Europe. Une situation qui met de nombreux pays européens en porte-à-faux : ils doivent chercher des sources d’approvisionnement alternatives, c’est notamment le cas en Allemagne qui dépend à 40% du gaz russe. Uniper, le plus gros importateur de gaz en Allemagne, a confirmé avoir reçu une lettre de Gazprom dans laquelle l’entreprise russe invoque rétroactivement ce motif de «force majeure» pour justifier la baisse des livraisons de gaz. Le groupe RWE, un autre client de Gazprom en Allemagne, a également confirmé avoir reçu cet avis de «force majeure» qui permet de libérer Gazprom de ses obligations contractuelles en l’exonérant de toute responsabilité juridique. Uniper estime que cela n’est pas justifié. Gazprom a réduit ces dernières semaines de 60% les livraisons de gaz via Nord Stream 1, arguant de l’absence d’une turbine en maintenance au Canada. À Téhéran, Vladimir Poutine a affirmé que Gazprom n’avait pas encore reçu «les documents officiels» pour faire venir cette turbine du Canada. «Gazprom a rempli, continue de remplir et remplira pleinement ses obligations, si quelqu’un en a besoin», a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse après des pourparlers à Téhéran. «Gazprom est prêt à pomper autant que nécessaire», a poursuivi le président russe, indiquant que les Occidentaux étaient en difficulté, car ils avaient pris des sanctions contre Moscou et «fermé» des canaux de livraison d’hydrocarbures.