Iran : La CIJ appelée à se prononcer sur les sanctions américaines

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Members of the International Court of Justice attend a hearing for alleged violations of the 1955 Treaty of Amity between Iran and the U.S., at the International Court in The Hague, Netherlands August 27, 2018. REUTERS/Piroschka van de Wouw

 L’Iran a réclamé lundi devant la Cour internationale de justice (CIJ) la levée des sanctions américaines, que l’administration Trump a entrepris de rétablir après avoir dénoncé l’accord international de 2015 qui encadrait le programme nucléaire de Téhéran.

La République islamique fait valoir que le rétablissement des sanctions américaines, qui sont de nature à affaiblir encore son économie, est une violation d’un traité peu connu signé en 1955 entre les deux pays, le « traité d’amitié, de commerce et de droits consulaires ». « Les Etats-Unis défendent publiquement une politique visant à nuire aussi gravement que possible à l’économie iranienne et aux entreprises nationales iraniennes, et donc inévitablement aux ressortissants iraniens », a déclaré Mohsen Mohebi, le représentant de la République islamique. « Cette politique est totalement en violation du traité d’amitié de 1955. » Il a ajouté que l’Iran avait cherché une solution diplomatique directement avec les Etats-Unis, option rejetée par Washington. Les Etats-Unis n’ont pas réagi officiellement à cette plainte, mais leurs avocats, qui seront entendus mardi, répondront probablement que la Cour n’est pas compétente, que le traité est caduc et que, même s’il ne l’était pas, les sanctions n’y portent pas atteinte. La CIJ, organe judiciaire des Nations unies, a jusqu’ici estimé que le traité de 1955 était toujours valide, bien qu’il ait été signé 24 ans avant la Révolution islamique, qui a changé les relations entre les deux pays. Cependant, la CIJ a estimé en 2003 que ni les actions américaines contre les plateformes de pétrole iraniennes ni les attaques iraniennes contre des navires américaines ne violaient pas le traité. Ces audiences, organisées à la demande de Téhéran, qui réclame des mesures conservatoires, doivent s’étaler sur quatre jours. La décision de la CIJ devrait être rendue dans le mois qui suivra. Les décisions des quinze juges de la CIJ, qui est chargée de la résolution des différends internationaux, sont contraignantes, mais la cour n’a pas le pouvoir de les faire appliquer. De fait, dans certains cas, rares, certains pays, dont les Etats-Unis, les ont ignorées. En 1980, l’Iran avait de son côté ignoré la décision de la CIJ jugeant illégale la prise en otage de diplomates américains à Téhéran.Les signataires européens de l’accord de Vienne de juillet 2015 sur le programme nucléaire iranien se disent décidés à le sauver en compensant financièrement les sanctions, mais la plupart des groupes occidentaux jugent préférable de renoncer à leurs activités en Iran plutôt que de prendre le risque d’être à leur tour sanctionnés par Washington.