INTERVIEW DU PROFESSEUR ABDERRAHMANE MEBTOUL EXPERT INTERNATIONAL A LA TÉLÉVISION RUSSE RT 25 AVRIL 2O25: SITUATION ÉCONOMIQUE ALGÉRIENNE 2O24 SUITE AU RAPPORT DE L’INSTITUTION GOUVERNEMENTALE ONS

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1 –RT- Quelle est la situation de la balance commerciale en 2O24  selon le dernier rapport d’avril  2O25 de l’ONS  où on assiste à une baisse des exportations e tune augmentation des importations ?

 L’Organe national de la Statistique ONS sous le numéro 1052  d’avril 2O25 du gouvernement algérien vient de publier les  résultats de la balance commerciale  pour 2O24  . Or, le document le plus significatif n’est pas la balance commerciale mais la balance de paiement qui inclut outre le mouvement des marchandises , le mouvement des capitaux et le mouvement des services dont les importations en devises pour ‘l’Algérie ont fluctué entre 5/6 milliards de dollars par an ces dernières années.   Pour un cours de 134 dinars un dollar, nous avons l’évolution suivante de la balance commerciale.  Importation en  2O22 – 41,34 milliards de dollars – 2O23 : 43,23 milliards de dollars – 2O24 : 47,4O milliards de dollars. Les prix à l’importation ont connu une diminution de 3,1% en 2024 mais ayant progressé de 13,1% en volume par rapport à l’année 2023 cette  variation en volume des importations de marchandises connaissant  des hausses pour toutes les catégories de produits suivants : « Boissons et tabac » avec 76,8%, « Articles manufacturés divers » avec 20,3%, « Machines et Matériel de transport » avec 19,1%, les « Produits alimentaires et animaux vivants » avec 16,7%, les « Articles manufacturés » avec 14%, les « Matières brutes non comestibles, sauf carburants » avec 2% et les « Produits chimiques » avec 1,7%. En revanche, les « Combustibles minéraux, lubrifiants et produits connexes » et les « Huiles et graisses », affichent des diminutions respectives de leur volume de 13,4% et 1,2%.

Pour les  exportation biens y compris les hydrocarbures nous avons :  en  2O22 : 68,72 milliards de dollars ; en   2O23 ,  55,73 milliards de dollars  et en   2O24 , 49,29 milliards de dollars , ayant connu en 2O24 une baisse de 4,5% par rapport à l’année 2O23 résultante principalement de la diminution de 7,4% des prix des hydrocarbures en 2024, mais également par une baisse au niveau des prix des produits hors hydrocarbures de 6,7% sur la même période. Cela  a conduit  à un  recul de l’excédent commercial qui passe de 12,49 milliards de dollars en 2023 à 18,93 milliards de dollars en 2O24.. Le taux de couverture des importations par les exportations est en baisse, passant de 128,9% en 2023 à 104% en 2024. Ainsi les termes de l’échange se détériorent, passant de 100,4% en 2023 à 95,9% en 2024. La part des hydrocarbures brut et semi brut est passée de 91,1% en 2O22, 91,3% en 2O23 et 92,8% en 2O24. Ainsi si on prend les libellés des groupes de la CTCI retenus par l’ONS, l’année 2024 enregistre une diminution des prix à l’exportation de marchandises, avec des variations négatives pour toutes les catégories de produits hors hydrocarbures : -CTCI 2+4 (Matières brutes non comestibles, Huiles graisses et cires d’origine animale ou végétale) de 10,6% ; -CTCI 6+8 (Articles manufacturés et Articles manufacturés divers) de 9,7% ; – CTCI 1 (Boissons et tabacs) de 8,8% ; – CTCI 0 (Produits alimentaires et animaux vivants) de 7,3% ; – CTCI7 (Machines et Matériel de transport) de 5,9% ; – CTCI 5 (Produits chimiques et produits connexes, de 2,2%.

2.- RT- Qu’en  est-il des exportations hors hydrocarbures entre 2O22 2O24 ?

Selon les statistiques officielles dont l’ONS les  prévisions sans analyses objectives, de certains politiques et experts, de 3O milliards de dollars hors hydrocarbures seront t elles atteintes entre 2O28/2O3O ? Car , un projet après sa mise en exploitation réelle , son seuil de rentabilité, sous réserve qu’il s ‘insère dans la logique des valeurs internationales et de la levée des contraintes bureaucratiques, n’est atteint qu’au bout de 3 ans pour les PMI/PME et 5/7 ans pour les grands projets. Certains ne maitrisant pas les données et les fondamentaux de l’économie ayant induit en erreur le président de la république, selon  les données officielles du gouvernement , pour les exportations hors hydrocarbures nous avons selon les statistiques douanières ( APS) : près de 6,9 milliards de dollars en 2O22 , 5,O1 en 2O23 selon la banque d’Algérie et selon les dernières données de l’ONS, une diminution de 6,7% par rapport à 2O23 ce qui donnerait pour 2O24 environ 4,7 milliards de dollars d’exportation hors hydrocarbures dont 65/7O% de dérivées d’hydrocarbures.  Dès lors comment atteindre 3O milliards de dollars horizon 2O3O ? C’est que selon l’organe officiel du gouvernement ONS pour année 2024, nous assistons à une diminution des prix à l’exportation de marchandises, avec des variations négatives pour toutes les catégories de produits hors hydrocarbures.  Pour une analyse objective selon les statistiques douanières sur les 7,2% hors hydrocarbures 65/7O% sont des dérivées d’hydrocarbures et si on ajoute les produits ferreux brut et semi brut, nous arrivons à plus de 85% ce qui laisse aux produits nobles à forte valeur ajoutée concurrentiel au niveau international environ 15% soit moins d’un milliard de dollars

3.-RT- Comment l’Algérie en 2O25 compte t-elle lever les contraintes budgétaires notamment    face à l’important déficit budgétaire ? 

Ni dénigrement gratuit facteur de déstabilisation notamment à travers les  réseaux sociaux, ni autosatisfaction contraire à la réalité source de névrose collective,  seulement un langage de vérité car l’Algérie a  d’importantes potentialités  pour devenir un acteur déterminant au niveau régional. Sur le plan économique, elle a des marges de manouvre  avec des réserves de change  dépassant  7O milliards de dollars, une dette extérieure  faible, moins de 1,5% du PIB   et une dette publique   brute maitrisable d’  environ 45/47% du PIB.  Mais, devant être réaliste, les hydrocarbures constitueront  entre 2O25/2O3O  les principales  recettes en devises , comme facteur indirect de la croissance économique  via la dépense publique, contribuant à  la cohésion sociale à travers les transferts sociaux  et donc  comme garantie de l’attrait de ‘investissement direct étranger.  Certains responsables   ont annoncé qu’ils   ambitionnent   d’avoir un PIB de 4OO milliards de dollars  dans  deux ou trois années  et selon Sonatrach    de produire 2OO milliards de mètres cubes  gazeux, horizon 2O28 étant la sommation  de  la  consommation intérieure et  de  100 milliards de mètres cubes gazeux  d’exportation, soit le doublement de la production actuelle. Or, officiellement, (source agence APS),  pour 2O24, certains experts contestant ces données qui seraient surestimées , le  taux de chômage  pour l’année 2024 ayant été  de 9,7% et le taux d’inflation 5,3% après avoir atteint la barre entre 8/1O% entre 2O22/2O23.  Le  gouvernement algérien a réévalué le PIB  en 2O23  en intégrant environ 33% de la sphère informelle , données reprises PAR  l’agence officielle APS et  la télévision algérienne  citant   le ministre des Finances lors de sa présentation au  parlement de la loi de finances 2O25,  de 239,9 milliards de dollars en 2O23 ,  de 266,78 milliards de dollars  en 2O24  et avec un taux De croissance de 4,5% en 2O24  donnant une valeur nominale de 278, 71 milliards de dollars  en 2O25, 3OO,71 milliards de dollars en 2O26  , 3O8, 13 milliards de dollars en 2O27 alors que d’autres sources internationales  donnent  pour l’’Algérie 256,49 milliards de dollars en 2O25 et 262,9O milliards de dollars en 2O26.

Au delà des données contradictoires, montrant l’effritement du système d’information, ces    prévisions   ne sont   réalisables, selon les institutions internationales et  la majorité des experts internationaux crédibles , non ceux s’adonnant aux louanges en contrepartie d’une rente, mais n’ayant aucun impact , que  sous certaines conditions : en levant les contraintes à l’investissement étranger ,  en revoyant la   politique  des subventions généralisées source de gaspillage et d’injustice sociale, les plus riches bénéficiant  de subventions comme les  pauvres,   devant aller  vers le ciblage où entre 2O23/2O24   la consommation intérieure  approchant les 50% notamment pour le gaz naturel .  Les  prévisions de Sonelgaz prévoient 80 milliards de mètres cubes gazeux  pour la consommation intérieure du fait de la forte pression démographique avec plus de 50 millions d’habitants  en 2030 et bon nombre de secteurs  nouveaux consommateur d’énergie , et 100  entre 2035/2040. Il s’agit d’entrevoir   une politique, plus    d’efficacité énergétique  et revoir le modèle de consommation touchant tant les ménages que les secteurs énergivores. Les  objectifs de 4OO milliards de dollars de PIB sont tributaires d’ une gouvernance centrale et locale réelle décentralisation,  de la lutte cotre le cancer du blocage, la bureaucratie qui enfante la sphère informelle contrôlant plus de 33% de la masse monétaire en circulation ,  d’entreprises compétitifs ( cout/prix/ qualité )dans le cadre des valeurs internationales, plus de 9O% du tissu économique en 2O23/2O24 étant constitué d’unités  unipersonnelles et  de petites  SARL familiales  selon les données du registre du commerce, d’un sacrifice partagé  par la lutte contre la corruption, la valorisation savoir et de profondes réformes au sein d ‘une planifications stratégique qui fait cruellement.

4. RT- Et la guerre commerciale déclenchées par les Etats-Unis qui risque d’aggraver la chute des cours du dollar et du pétrole, pesant sur les économies dépendantes des hydrocarbures  comme l’Algérie ?

Depuis l’annonce des taxes américaines sur les produits importés, les marchés financiers sont très fluctuants . Pour les produits algériens, les taxes douanières envisagées par Donald Trump passeraient de 18,9 % à 30 % ; elles auraient, à ce niveau, un impact direct faible et indirect important avec  la baisse  des prix des hydrocarbures fonction de la  croissance de l’économie mondiale à travers le duel des deux plus grandes puissances économiques mondiales USA-Chine  représentent  à eux deux plus de  4O% du PIB mondial  et donc sur l’économie algérienne dont on sait qu’elle est fortement dépendante de la rente des hydrocarbures.   Les échanges USA/ Algérie ont atteint 3,5 milliards de dollars, les importations en provenance des USA en 2O24 ayant été de 1 milliard de dollars et l’Algérie a exporté vers les États-Unis pour 2,5 milliards de dollars de biens composé essentiellement d’hydrocarbures- produits pétroliers raffinés ou bruts, des engrais azotés, très accessoirement le ciment, certains produits sidérurgiques et agricoles. Avec ces surtaxes, à moins d’un accroissement proportionnel de la productivité interne, ces produits peuvent n’être plus compétitifs par rapport aux autres pays qui ont eu un taux largement inférieur. En attendant de plus amples précisions, cependant, selon le Figaro fr du 05 avril 2O25 , certains biens sont toutefois exemptés de cette surtaxe douanière, à savoir le pétrole, le gaz, le cuivre, l’or, l’argent, le palladium, le bois de construction, les semi-conducteurs, les produits pharmaceutiques et les minéraux introuvables sur le sol américain. L’acier, l’aluminium et les voitures importées ne sont pas non plus concernés, car ils sont déjà visés par un taux de 25% de taxes douanières.

Aussi  l’impact est limité sur les exportations d’hydrocarbures en direction des USA environ 2 milliards de dollars pour 2O24 soit entre 4/ 5% du volume total de Sonatrach, mais impactant les exportations hors hydrocarbures, mais  qui sont très marginaux ne dépassant pas  5OO-6OO millions de dollars.

Aussi, le plus grand impact pour l’Algérie et la majorité des pays mono exportateurs d’hydrocarbures brut et semi brut de ces taxes douanières est sur la détermination du cours des hydrocarbures et l’impact d’une baisse de la valeur du dollar, les produits hydrocarbures étant majoritairement libellées en dollars , diminuant le pouvoir d’achat de la partie réserves de change libellée en dollars), qui est la décroissance de l’économie mondiale.

Car pour l’Algérie,   au cours de 134 dinars un dollar le déficit budgétaire pour 2025 sera de 63,60 milliards de dollars contre 46,04 milliards de dollars en 2024 et 30,50 milliards de dollars en 2022, étant du principalement à la baisse des recettes de Sonatrach représentants avec les  dérivées inclus pour 65- 7O%  dans la rubrique hors hydrocarbures, environ 97/98% des recettes en devises  6O milliards de dollars en 2O22, 5O en 2O23 et une première estimation d’environ 43/44 milliards de dollars en 2O24. Avec un cours du Brent de 5O et 6O dollars les recettes de l’Algérie pour 2O25 devraient s’établir entre 3O et 35 milliards de dollars , donc presque la moitié de celles de 2O22. Le déficit budgétaire prévu pour 2O25 est estimé par la loi de finances à plus de 60 milliards de dollars au cours actuel.  Il faudrait soit puiser dans les réserves de change ,  réduire les importations ce qui serait suicidaire, la  majorité des entreprises privées et publiques, pour plus de 85% , le taux  d’intégration ne dépassant pas 15% ,  que ce soit pour leur investissement ou leur exploitation courante, étant  entièrement dépendantes de la rente des  hydrocarbures et la solution idéale une meilleure gestion avec  plus de rigueur budgétaire.  C’est que , selon le FMI ,entre budget de fonctionnement et d’équipement, pour l’Algérie  l’équilibre budgétaire des lois de finances 2O24-2O25 , le niveau du baril devrait se situer à  un niveau supérieur à 13O dollars , le prix fiscal 6O dollars et le prix du marché 7O dollars étant un artifice comptable Qu’en sera-t-il en 2O25 en cas d’un cours du gaz représentant un tiers des recettes de Sonatrach de 3O/35 dollars le mégawatt heure d’un baril  entre s 6O/65 dollars.  La  cotation du 25 avril 2O25 est  de 65,66 dollars le Brent et pour un cours de 1 dollar un euro, le cours du Brent serait de 57/58 dollars. Une baisse du dollar US lui donne moins de pouvoir d’achat vis à vis des autres monnaies ,cotation qui varie entre 22/25 avril 2O25 entre 1,13-1,14 dollar un euro et donc renchérit les prix  de importations  hors USA à moins que les autres pays pratiquent des dévaluations proportionnelles..

5.-R T – Quelles conclusion pour RT?

Le monde actuel connait un profond bouleversement géostratégique avec les impacts du réchauffement climatique  d’où la nécessité de  la  transition énergétique et la transition numérique  dont l’intelligence artificielle qui aura un impact sur nos comportements, sur la gestion des instituions étatiques, des entreprises  et sur la sécurité mondiale et la sécurité des nations. En plus  des problèmes économiques et sociaux,  sur le plan sécuritaire  l’Algérie est attentive aux tensions à ses frontières partageant  plus de 6OOOkm de frontières avec des pays  instables. En bref, avec le devenir d’un monde  multipolaire auquel l’Algérie milite depuis de longues décennies  et dont je tiens à saluer le rôle actif de la Russie  mais également des grandes puissances comme la Chine et  l’Inde, notamment lors  de la réunion des BRICS+ à Kaza en Russie où l’Algérie est devenue membre observateur et ayant participé au financement de  la Banque des BRICS, il y a urgence d’une profonde refonte des relations internationales pour un monde plus harmonieux, l’objectif , une prospérité partagée au profit des peuples.

En espérant la consolidation dans tous les domaines de la coopération entre l’Algérie et la Russie, je tiens à vous remercier pour votre aimable invitation.

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