Le jumelage institutionnel entre l’Inspection générale des Finances (IGF) et l’Institut d’Etudes fiscales espagnol (IEF) permettra à l’IGF d’assurer un meilleur contrôle des fonds publics, selon les conclusions avancées lors du séminaire de clôture de ce projet, tenu hier à Alger.
Présent au séminaire, le ministre des Finances Abderrahmane Raouya a indique que ce jumelage, conclu dans le cadre du Programme d’appui à la mise en œuvre de l’accord d’association avec l’Union européenne (P3a), a notamment facilité la mise en ouvre d’une programmation pluriannuelle des missions de l’IGF. Grâce à ce jumelage, l’Inspection s’est dotée d’une cartographie des risques dans l’objectif d’adopter une approche par les risques et une évaluation systématique et plus approfondie du contrôle interne, selon lui. Le contrôle de l’IGF sera ainsi « un contrôle axé sur la performance », a-t-il ajouté en invitant l’Inspection à fructifier les nouvelles compétences acquises dans le cadre du jumelage afin de mettre ses interventions en conformité aux normes et standards internationaux et d’adapter les outils techniques au contexte national pour une meilleure efficacité des opérations de contrôle. Ces performances vont surtout conforter l’Inspection dans son rôle de force de proposition en ce qui concerne la gestion des finances publiques, selon le ministre. « Ce jumelage a permis un bond qualitatif en matière de méthodologie de préparation, de conduite et de suivi des missions de contrôle de l’IGF, ce qui va la conforter dans son rôle de force de propositions, de conseil et d’aide à la prise de décision », a-t-il dit. « Notre ambition est d’impulser une dynamique nouvelle aux opérations d’accompagnement de l’administration et des acteurs économiques afin d’arriver à une prise en charge efficiente des défis qui se posent à l’économie algérienne en termes de croissance et de diversification », a poursuivi M. Raouya. Financé à hauteur de 1,4 million d`euros par l`UE, ce jumelage de 27 mois a mobilisé une quarantaine d’experts espagnols pour plus de 80 missions d’expertise. De son côté, le Chef de la délégation de l’Union Européenne en Algérie John O’Rourke, a d’abord salué « l’excellente coopération » avec le ministère des Finances en assurant que ce jumelage permettra d’améliorer la qualité du contrôle des dépenses publiques en Algérie par l’IGF. « Le jumelage aura permis d’étudier les meilleures pratiques de l’UE pour contribuer à la performance de l’IGF dans une vision de passage à un contrôle de gestion et de performance », a-t-il dit. C’est-à-dire que l’IGF « a désormais vocation de devenir un organe de contrôle capable d’examiner de manière indépendante, objective et fiable le fonctionnement des entités relevant de son champ d’intervention », a avancé l’ambassadeur de l’UE en assurant que tous les objectifs fixés au début du jumelage ont été atteints. Le projet aura ainsi permis d’aboutir au renforcement du rôle de l’IGF dans la vérification de l’utilisation des fonds publics en permettant à ses inspecteurs l’acquisition de l’expertise nécessaire et la modernisation de leurs méthodologies d’intervention y compris en matière d’identification et d’analyse des risques, selon lui. « Les contrôles de l’Inspection seront mieux ciblés et effectués sur la base de l’analyse des risques et évolueront progressivement d’un contrôle de conformité vers un contrôle de performance, les délais des procédures étant également raccourcis », a-t-il affirmé. En plus de ce jumelage, quatre autres jumelages financés par l’UE dans le cadre du P3a ont été destinés au ministère des Finances dont deux au profit de la DGI étant déjà arrivé à leur terme et deux en cours, à savoir un projet au profit de l’Agence nationale du cadastre et un autre au bénéfice de la Direction générale de la prospective. A son tour, Le chef de l’IGF, Ali Terrak, s’est félicité des résultats de ce jumelage et notamment en ce qui concerne l’élaboration de la cartographie des risque qui permettra à l’Inspection d’axer ses interventions sur la base de risques potentiels préalablement identifiés. Pour rappel, une ordonnance promulguée en 2008 a renforcé les structures de l`IGF, qui est une institution de contrôle financier relevant du ministère des Finances, et a élargi ses missions aux Entreprises publiques économiques (EPE) alors qu’elles étaient auparavant limitées aux administrations et institutions financières. L`IGF est habilitée à contrôler la gestion des caisses et vérifie les fonds, valeurs, titres et matières de toute nature, détenus par les gestionnaires ou les comptables, et se fait présenter tout document ou pièce justificative nécessaire aux vérifications. L’inspection n’intervient cependant pas par auto-saisine mais sur demande des autorités publiques. Seuls le Président de la République, les présidents des deux chambres du Parlement et les membres du Gouvernement sont habilités à ce genre de saisine. Les rapports de l’Inspection peuvent déboucher sur des actions ou des expertises judiciaires, des aménagements aux conditions de travail et de gestion ou simplement sur des conseils et des recommandations. L’IGF avait notifié en 2017 quelque 330 rapports qu’elle a transmis aux autorités habilitées.